mardi, 15 janvier 2019
Les livres voyageurs
Je n'aime au fond que les livres que j'ai plaisir à apporter en voyage. Des centaines de livres qui gisent sédentaires sur les rayonnages de ma bibliothèque personnelle, peu se distinguent ainsi que des ouvrages pouvant voyager. Je pourrais les compter : ils sont trente, peut-être quarante, peut-être cent.
Un livre de valise (un livre de train, un livre de voiture, un livre d'hôtel, de banc public ou de terrasse de café) est comme cet ami en compagnie duquel tout séjour sait être enchanteur, et grâce auquel toute ville offre ses plus belles couleurs, toute rue son plus beau soleil ou ses plus tendres et profondes brumes, tout palais ses plus hautes fenêtres, toute route sa splendeur. Il se doit d'être bienveillant, intelligent, sagace, point trop impérieux, exigeant cependant ; riche et discret ; élégant et simple ; partial, passionné, mais inquiet ; à la fois complet (de ceux qui "font le tour" des choses, qui n'en ignorent aucune ou plutôt qui donnent cette sensation de les savoir toutes) et inachevé ; rêveur et précis...
Ce peut être, toujours, un livre de poésie ; souvent, un livre de contes ou de nouvelles ; quelquefois, un livre d'aphorismes ; moins souvent, un livre d'histoire, un essai sur un sujet bizarre ; plus rarement, un roman.
À Angers, j'apportai Diadème, de Pierre Jean Jouve ; L'Homme approximatif, de Tristan Tzara ; Rodolphe II de Habsbourg (1552-1612) (« Il n'aima que l'extraordinaire et le miraculeux »), de Philippe Erlanger ; les Chroniques d'art d'Apollinaire ; et bien sûr, pour le feuilleter encore, le Livre du Cœur d'Amour épris, du bon roi René, dans une édition de poche illustrée, au sein d'un cahier central, par quelques-unes des plus délicates enluminures tirées des anciens manuscrits de l’œuvre.
(J'ai toujours eu le désir d'écrire un livre qui voyagerait dans d'autres mains que les miennes.)
18:09 Écrit par Frédéric Tison dans Autour du livre, Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
vendredi, 28 décembre 2018
L'hôtel particulier
[Promenade avec S.]
L'Hôtel Lambert (1640-1642), par Louis Le Vau,
sur l'Île Saint-Louis, à Paris IV, photographie : avril 2018.
Nos promenades prennent acte du morcellement du monde ; elles y prennent corps.
05:54 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Île-de-France, Minuscules, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, hôtel lambert, louis le vau | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
mardi, 25 décembre 2018
Revoir les étoiles !
Oh, revoir les étoiles, loin de Paris, de toute ville énorme, de tout tumulte, de toute brume et de tout nuage de lumière fausse ! C'est, pour l'homme contemporain des villes qui ont dérobé le ciel étoilé avec le silence et les petits chants des oiseaux de nuit, un véritable enchantement. Si Pascal avait su que le silence éternel de ces espaces infinis serait, un jour, moins un motif d'effroi qu'une beauté reconquise, un merveilleux noël, et presque une bienveillance retrouvée...
20:41 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
lundi, 24 décembre 2018
Écrire
Écrire, c'est, aussi, vouloir ajouter à la beauté du monde, ou, tout du moins, souhaiter la souligner.
06:14 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
jeudi, 20 décembre 2018
De silences
Les silences qui séparent la publication de l'un et l'autre de ses livres font partie de l'œuvre d'un auteur.
05:25 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
jeudi, 08 novembre 2018
Respiration
L'odieuse chaleur a cessé de se répandre dans Paris... J'ai su, encore, que beaucoup de la terreur d'être au monde lui appartient : la chaleur excessive est petitesse, étroitesse, puanteur, décomposition déjà. Tout vent frais balaye la laideur : il ouvre les fenêtres, il rêve et glisse sur les terrasses, il est air, santé, espace, immensité. Il est selon lui-même cette salle de dalles sonores où son esprit résonne.
17:02 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
L'amitié manuscrite
Il est si rare aujourd'hui de recevoir une lettre manuscrite que c'est une émotion d'ouvrir l'enveloppe et de découvrir des caractères qui semblent autant de signes d'amitié vive et de complicité.
16:34 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
mercredi, 07 novembre 2018
D'une ville
Nantes, m'a-t-il semblé, n'est pas, n'est plus devrais-je dire, une belle ville — J'y suis venu avec ma passion des villes d'histoire et de toute ville, et je fus déçu : l'harmonie qu'elle dut connaître n'est plus, il n'y subsiste seulement que des îlots de beauté, maisons, château, cathédrale et portes... Il en est ainsi, je crois, des villes qui ne s'aiment pas : leurs administrateurs ne savent plus la beauté d'une rue, d'une perspective, d'un angle, d'une fenêtre — d'une porte ; on circule là dans un lieu qui méprise son passé, qui ne regarde plus son ciel et ses couleurs, son air. Nantes est sans doute à l'image de notre époque : elle n'est qu'une addition d'îles ignorées, loin de tout archipel — celui qu'avait lentement construit des centaines d'années.
20:08 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
lundi, 05 novembre 2018
Le temps étonné
Je lis et j'aime quelqu'un qui écrivit solitaire en 1150. Comme je me souviens de lui ! Comme tu me manques, mon Lecteur, mon complice de l'an 2540 !
16:01 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
vendredi, 19 octobre 2018
Veille
Le poème est une veille supérieure.
06:35 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
D'un oubli partagé
On oublie quelques amis comme on ne pense plus, parfois, au temps qui passe.
05:27 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
dimanche, 07 octobre 2018
Départs
Les mots sont si libres que l'homme, généralement, ne voit pas leurs ailes.
06:41 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
samedi, 29 septembre 2018
D'un silence
On parle rarement sans sottise ou méprise de son époque — on en est bien souvent l'un des perroquets, ou l'une des ombres ensevelies. C'est qu'il est malaisé d'en écouter le silence, cet actuel silence (comme toujours caché) qui rejoint le silence profond et immémorial du monde.
06:29 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mercredi, 26 septembre 2018
Phares
Le guide et le gardien — ces deux figures à déceler, toujours, dans l’œuvre de poésie.
05:23 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
samedi, 01 septembre 2018
Voyager
Voyager me semble ouvrir des parenthèses qu'il est impossible de fermer.
19:04 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |