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dimanche, 22 novembre 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (74)

 

 

Introduction.

 

  

Livres divers

 

Sous cet intitulé se trouvent quatre livres bien mystérieux : sans titre, anonymes, ils n’apparaissent dans l’inventaire que sous une forme laconique, au point qu’on se demande si Jean Le Bourne lui-même, l'auteur de cet inventaire (rappelons-nous), savait au juste la nature de ces ouvrages.

 

 

 « 159. Un grand livre ancien, escript en grec, fermant à plusieurs fermoers de cuivre, couvert de vieil cuivre empraint de plusieurs escriptures, et dessus les ais a gros boullons de cuivre d'estrange façon et une manière d'astralade [astrolabe ?] de cuivre sur l’un des ais._15 liv. »

 

On peut rêver : la Géographie, en grec, de Ptolémée ?

 

« 160. Un livre qui se commance : Hic est liber in quo census et luta (?) victorie, et se finist au commencement du derrenier fueillet : Arrin son frain._25 s. »

 

Seul un véritable rat de bibliothèque serait capable de découvrir ce qui se cache derrière cette notice ; je ne suis guère qu'une petite fourmi...

  

« 161. Un petit livre en papier, escript de lettre de Gascongnes. »

 

Cette écriture en « lettre de Gascogne » se rapproche-t-elle de la rotunda, écriture arrondie dérivée de la minuscule caroline et utilisée davantage dans le sud de l’Europe médiévale ?

 

 « 162. Un petit livre en françois du seamne (?) de printamt, non couvert, lyé entre deux ais._5 s. »

 

« Seamne » n’est pas un mot connu en moyen français. Peut-être s’agit-il du mot sanne, « médicament », et en ce cas ce livre serait une sorte de prescription médicinale pour la saison printanière ; ou du mot senne, « concile, synode », par extension « réunion, assemblée », et le livre serait le compte-rendu d’une réunion. Tout cela reste, bien entendu, très hasardeux.

 

 

Fin de l’inventaire de la Librairie de Jean, duc de Berry,

au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416.

________

 

 

 

lundi, 16 novembre 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (73)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 157. Un livre de Jehan Boccace, Des nobles hommes et femmes, translaté de latin en françois, par Laurent de Premier Fait, clerc [sans doute un secrétaire de Jean de Berry], et escript de lettre de fourme, bien enluminé et historié ; et au commencement du second fueillet y a escript : Ils ont plaisir ; couvert de drap de damas noir, à deux fermoers d'argent doré, esquels est escript le nom dudit livre ; lequel M. l’évesque de Chartres donna à Mons. aux estraines le 1er janvier 1410._100 liv. »

 

Il s’agit du De casibus virorum illustrium (vers 1353-vers 1374) de Boccace (1313-1375), qui, dans une suite de récits évoquant des personnages historiques et légendaires (qui vont de Adam jusqu’aux contemporains de l’auteur), illustre le caractère éphémère de la fortune en ce monde. Boccace s’inspire ici de Pétrarque et de son De viris illustribus. À cet ouvrage était sans doute joint, dans ce manuscrit, l'ouvrage suivant :

 

 

« 158. Un livre des Femmes nobles et renommées, que fit Jean Bocace, escript en françois de lettre de fourme ; et au commencement du second fueillet a escript : La Rubrique LXIII ; couvert de veluyau ouvré de plusieurs couleurs, fermant à deux fermoers d'argent doré, esmailliés l'un d'un roy et l'autre d'une royne, et sur chascun ais a cinq boullons de cuivre doré ; lequel livre Jean de la Barre donna à Mons. au mois de février 1403._40 liv. »

 

Toujours de Boccace, cet ouvrage, De mulieribus claris, composé en 1361-1362, est une série de biographies de femmes illustres. On y trouve aussi bien Ève que Jocaste, et Cléopâtre, Hélène de Troie, Sémiramis, Junon, Hécube, Sappho que Julia, la fille de Jules César, Cornificia, une poètesse romaine du 1er siècle avant Jésus-Christ, ou encore Zénobie, la "reine" de Palmyre. 

 

 (à suivre.)

 

 

 

lundi, 09 novembre 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (72)

 

 

Introduction.

 

 

 

« 154. Un livre appellé les Croniques d'Angleterre, escript en mauvais françois de lettre de court, couvert de cuir fauve, à deux fermoers de laiton._1 liv. 17 s. 6 d. »

 

« Probablement la traduction française de l'ouvrage intitulé : Chronicum saxonicum, seu Annales rerum in Anglia gestarum a Christo nato ad annum 1154 », écrit Hiver de Beauvoir, c’est-à-dire la chronique aujourd’hui connue sous le nom de Chronique anglo-saxone, un ensemble d’annales, datant de la fin du IXe siècle, décrivant l’histoire des Anglo-Saxons de 60 avant Jésus-Christ jusqu'au IXe siècle. Quelques ajouts furent effectués jusqu'en 1154.

 

 

« 155. Un livre de la Prise et mort du roi Richard d'Angleterre, escript en françois rimé, de lettre de court, historié en plusieurs lieux ; et au commencement du second fueillet a escript : Qu’il n'est ; couvert de drap de soye noire, à deux fermoers ronds d'argent doré, esmailliés des armes de France, que feu vidame de Laonnois [Jean de Montaigu (vers 1349-1409, décapité sur l’ordre de Jean sans Peur)], de son vivant grand maistre de l'hostel du roi, donna à Mons._6 liv. 15 s. »

 

C’est l’histoire de Richard II, roi d'Angleterre, détrôné par Henri Bolingbroke qui régna sous le nom d'Henri IV, et assassiné dans sa prison en 1400. Il est difficile d’identifier l'auteur de cet ouvrage.

 

  

« 156. Un livre appelé le Brut d'Angleterre, escript en françois rymé, de lettre de court ; et se commance au second fueillet : Un fils avait ; couvert de cuir vermeil, à deux petis fermoers de cuivre et cinq boullons de mesmes sur chascun ais._5 liv. »

 

Il s’agit probablement du même ouvrage que le précédent.

 

 

(à suivre.)

 

 

 

lundi, 02 novembre 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (71)

 

 

 

Introduction.

 

 

 Histoire

 Histoire des autres peuples
et biographie

 

 

« 152. Un gros livre appellé les Croniques de Burgues, escript en françois de lettre de court ; et au commencement du second fueillet est escript : N'ont mie ; et est couvert de veluyau vermeil, à quatre fermoers et cinq boullons sur chascun ais de cuivre doré ; lequel fut acheté par Mons. le [au] duc de Hennequin de Virelay, demeurant en la rue Neuve de Notre Dame, à Paris, au mois de février 1402, la somme de deux cens escus d'or._100 liv. »

 

« 153. Un livre appellé les Croniques de Burgues, escript en françois de lettre de court, bien historié et enluminé ; et au commencement du second fueillet, après la table et le prologue d'icelui, a escript : Car elles furent composées ; couvert d'un drap de soye ouvré à feuillages rouges et blancs sur un fond bleu, et fermant à deux fermoers de laiton et cinq boullons de mesmes sur chascun ais ; lequel livre Mons. acheta le 24 octobre 1407 cent soixante escus d'or comptant._100 liv. »

 

Il s’agirait d’une histoire de l’Espagne, en deux volumes, écrite par un évêque dont nous ne connaissons pas le nom, mais qui était originaire de Burgos (Burgues), en Espagne. Hiver de Beauvoir pense que ces Chroniques ont été traduites par Jean Golein pour Charles V, sous le titre Les Chroniques d'Espaigne que fist l’évesque de Bars.

 

 

(à suivre.)

 

 

mardi, 29 septembre 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (70)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 150. Un livre des Croniques de France, fait par maistre Jehan Froissart, depuis le temps du roi Charles le quart, des guerres de France et d'Angleterre et autres royaulmes, escript en françois de lettre de court ; et au commencement du second fueillet a escript : Entre les aultres ; couvert de cuir rouge houssé, et fermant à quatre fermoers de laiton en façon de crochets ; lequel fut donné à Monseigneur le viije [8e] jour de novembre l'an 1407 par messire Guillaume Boisratier, à présent archevêque de Bourges._40 liv. »

 

Il s’agit des fameuses Chroniques de Jean Froissart (1337-après 1404), narrant les événements relatifs à la première moitié de la Guerre de Cent Ans, soit entre 1322 et 1400. L’auteur, qui fréquente étroitement les cercles royaux et princiers de France, d’Écosse et d’Angleterre, livre des témoignages de première main.

  

 

« 151. Un livre en françois des Faits et bonnes moeurs du sage roy Charles quint, roy d'icel nom, où il a écrit au commencement du ije [2efueillet : Ses Escuyers ; couvert de cuir vermeil empraint, à deux fermoers et clous de cuivre ; lequel Christine de Pisan donna à mondit seigneur à estraines le premier jour de janvier l’an 1404._75 liv. »

 

Christine de Pisan (1364-vers 1430) fut chargée, d’abord par Philippe le Hardi, d’écrire ce livre consacré à Charles V, son frère. Philippe étant mort en 1404, c’est Jean de Berry qui prit Christine sous sa protection : son Livre des fais et bonnes meurs du sage roi Charles V (achevé en 1403) lui est dédié.

 

  

(à suivre.)

 

 

 

jeudi, 24 septembre 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (69)

 

 

Introduction.

 

 

 

« 148. Un livre de l’Histoire de Lezignen, escript en latin de lettre de fourme, bien historié ; et au commencement du second fueillet, après la première histoire, a escript : Sola sed tantum ; couvert de drap de damas rouge, fermant à deux fermoers de laiton et tixus de soye._10 liv. »

 

« 149. Un livre de l’Istoire [sic] de Lezignen, en latin de lettre courant ; et au commencement du second fueillet, après la première histoire du livre, a escript : Ornatus stans super equum ; couvert de cuir vermeil empraint, à deux fermoers de laiton et cinq bouillons de mesme sur chascun ais._10 liv. »

 

« Lezignen est l’ancien nom de la maison de Lusignan. Cette chronique latine nous paraît l'histoire des princes de cette maison, qui régnèrent à Jérusalem, en Arménie et en Chypre », écrit Hiver de Beauvoir. Il s’agirait donc d’un ouvrage retraçant l’histoire de ces Lusignans, originaires du Poitou, qui comptèrent des comtes d’Angoulême et des comtes de la Marche, puis des rois de Jérusalem, de Chypre et d’Arménie.

 

Une autre hypothèse, plus fragile, est néanmoins séduisante : selon moi, il pourrait s’agir de l’Histoire de Mélusine, intitulée également l’Histoire de Lusignan (ou La Noble Histoire de Lusignan), un très beau livre de Jean d’Arras (né probablement dans la première partie du XIVe siècle et mort probablement à la fin de ce même siècle), écrivain de l’entourage de Jean de Berry. Que l’on trouve ce livre parmi les livres d’histoire de cet inventaire s’expliquerait par le fait que ce roman évoque la légende de Mélusine, une fée qui serait la fondatrice de la maison de Lusignan (Mère Lusigne (la mère des Lusignans), d'où Mélusine, est une étymologie possible de son nom) ; une partie du roman est consacrée à la généalogie de cette famille, une généalogie mêlant personnages mythiques ou légendaires et personnages historiques prestigieux. J'ai dit que cette hypothèse était fragile : peut-être en effet me suis-je ici laissé enchanter par la femme-serpent.

 

 

(à suivre.)

 

 

vendredi, 11 septembre 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (68)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 147. Un livre appellé le Livre de Godefroy de Billon, qui parle du passage d'outre-mer et du conquest de la terre sainte, en françois de vieille lettre de fourme ; et au commencement du second fueillet a escript : Peut et fist ; couvert de cuir vermeil empraint, à deux fermoers de cuivre, et sur chascun ais a cinq boulions de mesmes ; lequel livre avec plusieurs autres Mons. acheta à Paris le xxvij [27e] jour d'aoust 1405 de Bureau de Dammartin, tout ensemble pour le prix de 2,035 liv._20 liv. »

 

« Ce livre, nous dit Hiver de Beauvoir, fut, ou refait, ou publié plus tard par Sébastien Mamerot [prêtre, érudit et traducteur (1418-après 1478)] sous le titre des Passages d'outre-mer. Quinze volumes relatifs aux hauts faits de Godefroy existaient d'ailleurs dans la bibliothèque de Charles V ; mais c’est que cette conquête de Jérusalem avait été la grande épopée du moyen âge, que Godefroy était l'Achille chrétien, qu'il était célébré à l'égal des paladins fabuleux de la Table ronde ou de Charlemagne, et le Tasse, en chantant sa gloire, comme Homère n'avait fait que traduire le sentiment populaire. »

 

La geste de Godefroy de Bouillon (1058-1100) fut narrée par de nombreux chroniqueurs, si bien qu’il est difficile d’établir quelles sources sont à l’origine de l’élaboration de ce livre.

 

 

 (à suivre.)

 

 

vendredi, 04 septembre 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (67)

 

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 146. Un petit livre en latin, qui se adresse à Mons. le duc, compilé par Aymery, abbé de Moissac, des Lamentations de la mort du roy Charlemagne, escript de lettre de fourme et historié en plusieurs lieux ; couvert de cuir vermeil houssié [doublé de tissu], et pardessus une chemise de drap de damas noir doublé de tiercelin vermeil, garni de deux fermoers d'or, où il a en l’un un ours et en l’autre un cigne [sur l'un des fermoirs figure l'image d'un ours, sur l'autre, celle d'un cygne ; l'ourson et le cygne blessé sont les emblèmes de Jean de Berry], tenans chascun un escusson esmaillié aux armes de Mons. ; lequel livre l’évesque de Saint-Flour [Gérard du Puy, mort en 1389, cardinal-prêtre, neveu du pape Grégoire XI] donna à estraines à mondit seigneur le premier jour de janvier 1405._20 liv. »

 

Aimericus de Peyraco (13??-1406), ou Aymeric de Peyrac, ou encore Aymericus de Peyraco, bénédictin, prieur de Saint-Luperce dans le Gers, puis abbé de Moissac de 1377 à sa mort, est l’auteur d’une Chronique mi-historique mi-légendaire écrite en latin. Les quatre parties de cette Chronique sont consacrées respectivement à l'histoire des papes jusqu'à Benoît XIII, à l'histoire des rois de France depuis Clovis, à une histoire de l'abbaye de Moissac depuis sa fondation jusqu'en 1402, enfin à une chronique des comtes de Toulouse dans leurs fonctions d'abbés séculiers de Moissac. L’ouvrage en possession du duc de Berry est-il un extrait de la deuxième partie de cette œuvre ? Je n'en suis pas certain.

 

(à suivre.)

 

 

 

mardi, 14 juillet 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (66)

 

 

 

Introduction.

 

 

Histoire

Histoire de France

 

 

« 143. Un autre livre des Croniques de France, en latin de lettre de fourme, qui se commance au second fueillet : Tis et vocatum est nomen ejus Adam ; couvert de cuir rouge empraint, à quatre fermoers de cuivre sur tixus vers [tissus verts] ; lequel livre mondit seigneur de Berry fit prendre en l’église Saint-Denis pour montrer à l’empereur et aussi pour le faire copier ; et voulut à ses derreniers jours, comme il est relaté par Robinet [Robinet d’Étampes, garde des joyaux du duc], et aussi par le confesseur dudit seigneur, qui dit que Mons. lui dit qu'il fut restitué à ladite église. »

 

Il s’agit de l’original latin des Grandes Chroniques de France ou Annales de Saint-Denis que compilèrent les religieux de l’abbaye de Saint-Denis aux XIIe, XIIIe et XIVe siècles. Ces Chroniques retracent l’histoire des règnes de tous les rois des dynasties mérovingienne, carolingienne et capétienne. Les ouvrages suivants sont une traduction en français de ces Chroniques, qui se continuèrent jusqu’au XVe siècle.

 

 

« 144. Un livre, escript en françois, très-notablement historié en plusieurs lieux, des Croniques de France ; au premier fueillet aux armes de feu messire Eymery de Rochechouart [Aymeric XV, vicomte de Rochechouart, mort en 1302], couvert de cuir empraint, et fermant à quatre fermoers de cuivre._100 liv. »

 

« 145. Un livre des Croniques de France, escript en françois de lettre de court, très-bien historié en plusieurs lieux ; et au commencement du second fueillet de la table a escript : Comment Childeric, etc. ; couvert de veluyau noir, à deux fermoers de laiton et cinq boulions de mesmes sur chascun ais ; lequel livre Jean de la Barre, receveur de toutes finances en Languedoc et duché de Guyenne, donna à Mons. au mois d'avril après Pasques, l’an 1408._100 liv. »

 

 

(à suivre.)

 

 

 

 

mercredi, 08 juillet 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (65)

 

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 141. Un autre livre en latin, de la Vie de saint Gildas et de la translacion de son corps et du saint calice de la cène Notre Seigneur, mauvaisement relié, sans couverture._2 liv. 10 s. »

 

Trois manuscrits (le premier datant du XIe siècle par un moine anonyme breton, le deuxième du XIIe siècle par l’historien gallois Caradog de Llancarfan, le troisième du XIIIe siècle, anonyme encore) relatent la vie de ce saint gallois du VIe siècle, si bien que je ne saurais préciser de quel ouvrage il s’agit ici.

 

 

« 142. Un livre de papier, faisant mancion du proces de la canonisation de Charles de Blois, couvert de cuir, non prisé. »

 

Hiver de Beauvoir précise : « Charles de Blois, de la maison de Châtillon, duc de Bretagne, tué à la bataille d’Auray, le 29 septembre 1364, enterré aux Cordeliers de Guingamp, où il est vénéré comme un saint. »

Le Bienheureux Charles de Blois (né en 1319) s'illustra durant la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364) ; les Anglais en firent leur prisonnier en 1347 ; enfermé à la Tour de Londres, il fut libéré contre rançon en 1356, pour être vaincu par son rival Jean IV de Bretagne. Il fut béatifié en 1904, bien longtemps après que la demande de sa canonisation avait été refusée, en 1376, pour des motifs essentiellement politiques. Ce livre devait relater l'histoire et les raisons de cet échec. 

 

 

(à suivre.)

 

 

 

lundi, 29 juin 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (64)

 

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 139. Un petit livre des Miracles de saint Germain, intitulé au commancement du premier fueillet : En cette table sont contenus les miracles que saint Germain fist durant sa vie et après sa mort ; couvert de veluyau échiqueté [dessiné comme un jeu d'échecs, en damier, orné de carrés de diverses couleurs] de plusieurs couleurs, à deux fermoers d'argent doré, en l’un desquels est saint Germain et en l'autre les armes de Mons._100 s. »

 

Ce livre, Miracula sancti Germani (Miracles de saint Germain), est un ouvrage en prose du poète, érudit, maître de l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre et moine bénédictin Heiric d’Auxerre (841-vers 876), Heiricus Autissiodorensis (ou Altissiodorensis) pour les intimes, datant des alentours de 865. Il s'agit d'une hagiographie du saint, illustration et prétexte de la démonstration de l'excellence de l'abbaye Saint-Germain face à la cathédrale de la même ville. (Voir également ci-dessous.)

 

 

« 140. Un autre petit livre de la Vie de saint Germain d’Auxerre et de ses miracles, translaté en françois, couvert de cuir fauve, sans ais._15 s. »

 

Il s’agit de l’ouvrage précédent, augmenté d’une Vita sancti Germani (Vie de saint Germain), cette fois en vers, composée en 873-874 selon le vœu de Lothaire, fils de Charles le Chauve (qui fut abbé laïc de Saint-Germain d’Auxerre de 863 à 866). Heiric d'Auxerre reprend la Vie de saint Germain rédigée vers 480 (environ trente ans après la mort du saint) par un clerc de Lyon nommé Constance.

 

 

(à suivre.)

 

 

 

mercredi, 24 juin 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (63)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 138. Un petit livre bien ancien, de la Vie des Pères, escript en françois ; et au commencement du second fueillet a escript : Tôt à perfection ; couvert de cuir blanc, et sur chascun des ais a cinq boullons de laiton, fermant à deux fermoers de mesmes ; lequel mondit seigneur acheta de maistre Regnault du Montet au mois de mars l’an 1409 avant Pasques, pour le prix et somme de xij [12] escus d'or._5 liv. »

 

 

La Vie des Pères est un texte composé, selon les éditions, de l’ensemble ou d’une partie seulement des traductions, en langue romane, au XIIIe siècle, des Vitae Patrum, un texte composite comprenant des Vies d’ascètes attribuées à saint Jérôme (vers 347-420), de l’Historia monachorum in Aegypto (récit d’un voyage de sept pèlerins parmi des moines égyptiens) attribuée à Rufin d’Aquilée (vers 345-411), des Dialogues de saint Grégoire le Grand (vers 540-604, pape de 590 à sa mort), texte évoquant la sainteté de divers personnages, de l’Histoire de Josaphat et Barlaam (adaptation christianisée du Xe siècle, reprise dans la Légende dorée au XIIIe siècle, d’un texte en sanskrit du bouddhisme datant du IVe siècle, et relatant la vie d’un bodhisattva), de la Vie de saint Martin de l’historien et ecclésiastique Sulpice Sévère (vers 363-après 410), des Conférences (426) de Jean Cassien (vers 360-vers 435), sur la vie spirituelle des Pères du désert, ainsi que des extraits de livres du moine hérésiarque Pélage (vers 350-vers 420), du théologien Paschase Radbert (790-865), et de l’Histoire lausiaque (vers 418-419) de Palladios de Galatie (vers 363-vers 430), une histoire du monachisme égyptien.    

 

 

(à suivre.)

 

 

 

mercredi, 17 juin 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (62)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 137. Un petit livre de la Conversion de saint Pol, couvert de cuir rouge, à deux fermoers de laiton, non prisé [estimé]. »

 

Il s’agit sans doute de la traduction du chapitre XXVII (« La Conversion de saint Paul, apôtre (25 janvier) ») de la Légende dorée de Jacques de Voragine par l’érudit Jean de Vignay (vers 1283-après 1340), mais le livre devait contenir d’autres écrits, car le chapitre dont il est question est un texte fort court (que l'on peut lire ici).

 

 

(à suivre.)

 

 

 

 

 

lundi, 15 juin 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (61)

 

 

 

Introduction.

 

 

« 135. Un très-bel livre de la Légende dorée, historié au commencement, et en plusieurs lieux très-richement, couvert de drap de soye vermeil doublé de tiercelin, à deux fermoers d'argent doré esmailliés de saint Jean et saint Jacques._75 liv. »

 

C'est, naturellement, le livre de Jacques de Voragine, composé entre 1260 et 1266.

 

 

« 136. Un livre en françois, des Louanges de saint Jehan l’évangéliste, historié en plusieurs lieux ; et au commencement a un escu [ici, corps de blason en forme de bouclier, portant des armoiries] de feue Mme la duchesse [Jeanne d’Armagnac (1346-1388), la première épouse du duc] ; couvert d'un drap de soye fin bleu, garni à quatre fermoers d'argent doré esmailliés auxdites armes et tixus de soye bleue._100 s. »

 

Ce Livre des louanges de saint Jean l’évangéliste (Liber de laudibus Johannis Evangelistae) est l’œuvre de Vincent de Beauvais (vers 1184/94-1264), l’auteur de l’encyclopédie médiévale par excellence, le Speculum majus, contenant le Miroir de l’histoire ou Miroir historial (Speculum historiale) (cf. notice 119). 

 

 

 

(à suivre.)

 

 

 

 

mardi, 09 juin 2015

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (60)

 

 

 

Introduction.

 

 

Histoire

 Histoire ecclésiastique

 

 

 « 131. Un autre livre, qui commance au commencement du dit livre : Au commencement du monde, fermant à deux fermoers d'argent, couvert de toile, appellé Canoniques martiniennes, en françois._15 liv. »

 

Il s’agit de la « traduction de la Chronique des papes, par Martin le Polonois, mort en 1278, continuée par un chanoine de Bonn ou de Liège jusqu'en 1378 » (Hiver de Beauvoir). Ces Chroniques martiniennes (d’après le nom du premier auteur, plus connu aujourd'hui sous le nom de Martin d'Opava) retracent la vie de tous les papes depuis saint Pierre jusqu’à la fin du XIVe siècle, et évoquent les événements ayant marqué leurs règnes.

 

 

« 132. Un petit livre, couvert de cuir, où il a plusieurs figures de papes avecques aucunes [quelques] prophéties d'eux._1 liv. 5 s. »

 

Ce petit livre obscur était peut-être une compilation de diverses paroles de papes anciens.

 

 

« 133. Un livre du Songe du prince d'Assalon sur le fait du schisme de l’Église ; au premier fueillet a un escu des armes de Mons., couvert de cuir vermeil empraint, à deux fermoers d'argent doré et tixus de soye noire._2 liv. 10 s. »

 

« 134. Un livre en latin de plusieurs lettres closes envoyées par le roi sur le fait du schisme et de la relation du prince d'Assalon, couvert de cuir vermeil et fermant comme les dessus nommés._12 s. 6 d. »

 

Le Grand Schisme d'Occident commença en 1378 par la nomination de Robert de Genève (l’antipape Clément VII), en opposition à Urbain VI. Les deux ouvrages mentionnés ci-dessus sont des écrits relatifs à cette crise, qui ne prendra fin qu’en 1417, après la mort du duc.

 

  

(à suivre.)