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vendredi, 19 avril 2024

16 avril 2024 - Hommage à Frédéric, par Paul Fareller

Hommage à Frédéric Tison

 

Allocution prononcée par Paul Farellier à l’occasion de la remise du Prix Louis Guillaume, le 16 avril 2024.

 

N’attendez de moi, ce soir, ni les soins attentifs de l’étude, ni la
consonance de l’éloge. Je vous propose simplement de partager
quelques pensées en mémoire de Frédéric Tison, qui, avec son livre
La Table d’attente, fut notre poète-lauréat pour l’année 2021.
Sa mort, tellement prématurée, à l’automne dernier, est venue marquer
d’un trait d’inachèvement une œuvre poétique qui se trouvait encore
dans la toute-puissance de sa phase ascendante. Mais, même aussi
tragiquement interrompue dans notre lecture, cette œuvre recèle pour
longtemps de considérables enjeux : quelque chose de profondément
mystérieux semble y brûler toujours dans le silence.
Les Ailes basses (2010), Les Effigies (2013), Le Dieu des portes
(2016), Aphélie, suivi de Noctifer (2018), La Table d’attente (2019),
Nuages rois (2021) : tels sont, parmi de multiples écrits, les titres des
principaux livres de poésie que publia Frédéric Tison.
Plus exercice de la pensée descendant en soi-même qu’approche
sensitive des choses ; entièrement vouée au discontinu, aux
métamorphoses, au mouvement, au passage ; aimantée par le mystère,
par les mythes et le sacré ; sensible aux richesses de la pénombre
approfondir ma pénombre est mon entier trésor », écrivait-il) ;
irrésistiblement orientée par la Beauté (c’est quasiment incongru dans
la poésie d’aujourd’hui !) ; cette poésie, dès ses débuts, sonna pour
nous, ses premiers lecteurs, en une harmonie dont l’époque semblait
avoir perdu jusqu’au souvenir. Ensemble, l’énigme et le sens y
brillaient pour nous.
Montant à l’horizon de notre temps, elle aura été, sans vaine rumeur,
sans profession de foi, sans manifeste, un authentique événement,
passé presque inaperçu. Quelque chose – quelque part dans notre
cycle évolutif – s’est rompu, s’est disjoint, mais en même temps, s’est
mué en promesse.

Tison a lui-même éclairé, au seuil de son livre, Aphélie, le sens
profond de son engagement poétique : il s’agit pour lui de laisser
parler le lointain qu’il regarde en lui-même, explorer donc son
« lointain intérieur » à l’instar d’un Michaux, mais bien sûr d’une tout
autre manière ; ce qu’il regarde ici, c’est son propre regard. Et voilà ce
que nous croyons être sa « découverte » capitale : son regard dans
l’intime « n’est peut-être qu’un immense Regard partagé, éparpillé ».

Le poète est allé suffisamment loin – en aphélie justement, c’est-à-
dire à la distance où mûrit son retour vers le monde, « chargé de

regards étonnés » – pour comprendre qu’il n’est pas à lui seul sa
propre origine, mais la soif d’un plus vaste regard. Dans ce regard, se
composera l’inaltérable visage, recherché de toute éternité et pour

lequel, dans la longue cohorte du logos, peut-être le poète s’abreuve-t-
il à son tour aux reflets d’une éternelle fontaine originaire, – on pense

à cette Castalie qui, pour lui aussi, coule encore dans le vallon de
Delphes.
Mais revenons enfin à la parole du poète en lisant cette page où se clôt
le livre Aphélie :

JE TOUCHE TES ÉPAULES, je laisse glisser mon ombre
sur la pierre d’angle de tes portiques. Je suis l’ombre qui
toujours t’a suivi. Comme toi j’ai demandé — à l’eau, à
l’arbre, aux villes et aux hommes — qui je suis.
J’ai travaillé — ainsi que l’air, la vague, le feu, ainsi que le
bois, la semence et l’ordure — à la vie.
J’accompagne ce qui passe, ce qui demeure et appelle ; je
suis ce qui se narre, s’oublie et s’invente après toutes les
pluies.
Je suis la fumée sur une veine de marbre — la brèche sur
l’écorce. Je suis quelque clef pour un millier de serrures. Je
me tiens près des havres ; je suis celui qui veille les phares.
Je suis le nom auquel tu n’as jamais pensé.

frédéric tison,paul farellier

Photographie de François Charmoille, le 16 avril 2024.

 

Note rédigée par sa maman, Catherine

lundi, 31 janvier 2022

Après une lecture de présentation

 

 

 

 

Où je prononçai quelques mots, après la lecture, par Paul Farellier, de sa présentation de La Table d'attente (Librairie-Galerie Racine, coll. Les Hommes sans Épaules, 2019), lors de la remise des Prix Louis-Guillaume du Poème en prose 2020 et 2021, le mercredi 22 décembre 2021, à l'Hôtel Blémont, Maison de Poésie, Paris IX. De gauche à droite : Frédéric Tison (lauréat du Prix 2021), Paul Farellier (poète et critique littéraire), Sylvestre Clancier (poète, écrivain, éditeur, directeur de la Maison de Poésie), Anne Lorho (lauréate du Prix 2020), Charles Gonzalès (écrivain, comédien et metteur en scène). Vidéo par C. T. 

 

 

 

mercredi, 29 décembre 2021

Une lecture par Charles Gonzalès et Frédéric Tison

 

 


 

 

Lors de la remise des Prix Louis-Guillaume du Poème en prose 2020 et 2021,
le mercredi 22 décembre 2021, à l'Hôtel Blémont, Maison de Poésie, Paris IX,
lecture,
par Charles Gonzalès (écrivain, comédien et metteur en scène), que je remercie vivement,
et Frédéric Tison (lauréat du Prix 2021 pour
La Table d'attente).
Vidéo par C. T., que je remercie également.

 

 

 

samedi, 25 décembre 2021

Dans la salle (3)

 

 

 

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Paul Farellier lisant son texte de présentation sur La Table d'attente
lors de la remise des Prix Louis-Guillaume du Poème en prose 2020 et 2021,
le mercredi 22 décembre 2021, à l'Hôtel Blémont, Maison de Poésie, Paris IX.

Photographie par Sylvestre Clancier, qui m'a autorisé à la reproduire ici.

 

 

 

vendredi, 24 décembre 2021

L'aréopage

 

 

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 Lors de la remise des Prix Louis-Guillaume du Poème en prose 2020 et 2021,
le mercredi 22 décembre 2021, à l'Hôtel Blémont, Maison de Poésie, Paris IX.
De gauche à droite : Frédéric Tison (lauréat du Prix 2021), Paul Farellier (poète et critique littéraire),
Sylvestre Clancier (poète, écrivain, éditeur, directeur de la Maison de Poésie),
Anne Lorho (lauréate du Prix 2020), Charles Gonzalès (écrivain, comédien et metteur en scène).
Photographie par C. T. 

 

 

 

De Paul Farellier

 

Le mercredi 22 décembre 2021 me fut remis le Prix Louis-Guillaume du Poème en prose 2021 pour mon livre La Table d'attente ; à cette occasion, Paul Farellier écrivit et lut ce texte de présentation qu'il m'a autorisé à reproduire ici. Je lui suis infiniment reconnaissant, pour tout.

 

___________

 

Quand on aborde ce livre pour la première fois, et que, bien évidemment, on ne connaît pas encore la richesse poétique que sa lecture va révéler, on se trouve sur un chemin d’apparence modeste. L’auteur nous y accueille d’abord par un titre d’aspect plutôt « tranquille » – La Table d’attente –. Puis la définition académique qui nous en est donnée, assure elle aussi une sérénité relative :

 

Table d’attente. Plaque, pierre, planche, panneau sur lequel il n’y a encore rien de gravé, de sculpté, de peint. Fig : C’est une table d’attente, ce n’est qu’une table d’attente, se dit d’un jeune homme dont l’esprit n’est pas entièrement formé, mais qui est propre à recevoir toutes les impressions qu’on voudra lui donner.

 

En réalité, dès le premier poème (Je suis ici le chemin dévorant – et cette offrande-là, unique soleil parmi les herbes, entre les pierres, c’est mon ardente éclipse), on découvre très vite que l’on va avoir affaire à des enjeux immenses. Et tout d’abord, le poète se posera la question fondamentale de sa propre existence et de sa présence au monde :

 

J’avais vingt-quatre ans, et je veillais près d’un château. Et je me disais : « Je suis sur une terrasse, à ne toujours pas savoir. Suis-je en ce monde un regard ? Suis-je une pensée ? Suis-je un monde d’os et de sang qui passe en écartant quelques voiles, ne suis-je que cette ombre, cette écume-là, vaine sur les dalles ?

 

Car la table d’attente n’a rien de la mythique page blanche qui, dans la légende littéraire, impatiente si souvent l’inspiration. Elle est le lieu d’une recherche héroïque de soi-même, lieu faste parfois, riche de découvertes revivifiantes, mais aussi lieu pouvant devenir hostile et désertique. Là, sur cet écran de voyance, se nourrit l’invincible mélancolie dont le poète évoquera les ombres multiples, les fera monter sur l’horizon de son histoire.

 

Que sont-elles, ces ombres ? Elles sont lui-même : regardées, rejointes à plusieurs âges de la vie, chacune témoignant d’une étape de la connaissance, d’une étape de la sensibilité, d’une étape aussi vers « l’autre ami », celui de cet autre visage ardemment recherché bien que le poète craigne qu’il « ne se rencontre peut-être pas ». Car ce livre est en quête perpétuelle d’un amour jamais rejoint, alors même que sa présence peut être si forte à travers les évanescences du rêve :

 

Une respiration, un baiser sur mes lèvres : est-ce toi qui viens jusqu’à mon corps troublé ?

Jadis je caressais tes oublis — J’attends le jour où je mettrai tes mains au creux des miennes : fuira-t-il assez cet oiseau qui est toi, loin de mes bras ?

(Il paraît que la haute mer connaîtra son corps épuisé — ses regards, ses saisons, ses années — dont les eaux feront des vents et des chansons.)

Un doigt sur tes lèvres et je viens m’y échouer.

 

Le poète lui-même se tient dans un espace d’ombre dont il dit qu’il lui est infiniment précieux (approfondir ma pénombre est mon entier trésor). Dans cet espace, sa ressouvenance est discontinue : non pas un flot de mémoire, mais un archipel d’étincelles où le passé regarde intensément le visage de l’avenir, et où se remémorer n’est qu’une suite de morts à l’éternel désir, à la beauté toujours mystérieuse, où chaque fois persévère malgré tout un espoir réenchanté.

 

Au terme, certainement provisoire, que constitue la dernière page de ce livre, le poète se trouve enseigné de son mode d’être au monde ; rien ne le fixe, rien ne l’arrime – se mouvoir, devenir, passer, mais tenir le monde par la mémoire et le regard :

 

Je suis ici le rythme et l’élan d’un autre vent, d’un autre chant, d’un autre temps.

Nuages ! Haltes incessantes, je suis ici le mouvant.

Je suis ici l’eau vivante — Mort ! Que je te peigne sur fond d’or ou d’océan… Soirs ! Que je vous baigne dans mes miroirs et mes rouges… Amour ! Que je t’invente…

Je serai là l’image qui manque, la ressouvenance, la pleine fenêtre et l’innombrable passant.

 

La vérité de ce très beau livre ne réside ni dans le caractère introspectif de sa démarche, ni dans le semblant d’autobiographie auquel on aurait grand tort de le réduire. Intemporelle, cette vérité n’a pu naître cependant que de la fluidité du temps et de la présence-absence du poète à chacune des étapes de son âge et dans leur entremêlement. De là dérive, pour ce livre, avec ces mots qui descendent vers nous dans leur tremblement et leur écho, la grâce de ce que Bonnefoy appelait « vérité de parole » et qui est seul garant de vraie poésie.

 

C’est à quoi nous avons été particulièrement sensibles. Il faut ajouter qu’en couronnant ce livre, notre jury s’est sans doute également souvenu qu’il avait à distinguer un ouvrage de poèmes en prose, c’est-à-dire un ouvrage composé d’authentiques poèmes, eux-mêmes écrits dans une véritable prose. La Table d’attente est, à cet égard, tout proche de ce qu’on pourrait appeler « notre idéal » : les quatre-vingt-dix-neuf pièces qui le composent sont indiscutablement d’admirables poèmes ; mais, de surcroît, la prose qui en forme le corps nous est apparue comme l’une des plus éblouissantes qui se puissent rencontrer dans la poésie de langue française d’aujourd’hui, en même temps que l’une des plus musicales. Lire ou écouter ce livre est un rare plaisir de l’esprit.

 

Paul Farellier

 

 

 

 

jeudi, 23 décembre 2021

Dans la salle (2)

 

 

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À l'occasion de la remise des Prix Louis-Guillaume du Poème en prose 2020 et 2021,
le mercredi 22 décembre 2021, à l'Hôtel Blémont, Maison de Poésie, Paris IX.
 Photographie par C. T. 

 

 

 

 

Dans la salle

 

 

 

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À l'occasion de la remise des Prix Louis-Guillaume du Poème en prose 2020 et 2021,
le mercredi 22 décembre 2021, à l'Hôtel Blémont, Maison de Poésie, Paris IX.

Avec Norbert Crochet. Photographie par C. T. 

 

 

 

mardi, 21 décembre 2021

Les Prix du Poème en prose Louis-Guillaume 2020 et 2021

 

 

 

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Les Prix du Poème en prose Louis-Guillaume 2020 et 2021

 

 

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vendredi, 10 décembre 2021

Le bandeau

 

 

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Bandeau élaboré par Alain Breton, l'éditeur de mes livres (éditions Librairie-Galerie Racine),
en vue de la remise du Prix du Poème en prose Louis-Guillaume 2021, pour La Table d'attente.

 

 

 

jeudi, 02 décembre 2021

Remise officielle des Prix Louis-Guillaume du Poème en prose 2020 & 2021

 
 
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La remise officielle des Prix Louis-Guillaume du Poème en prose 2020 & 2021

à Anne Lorho, pour Froissements (éd. La Rumeur libre, 2019)

à Frédéric Tison pour La Table d'attente (éd. Librairie-Galerie Racine,
coll. Les Hommes sans Épaules, 2019)

par, en partenariat,
la Maison de Poésie / Fondation Émile Blémont & les Amis de Louis Guillaume

aura lieu le mercredi 22 décembre 2021

à 18h

à la Maison de Poésie  /  Hôtel Émile Blémont 
11 bis, rue Ballu, 75009 Paris
Métro Blanche (Ligne 2)
 
 
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mercredi, 10 mars 2021

Louis Guillaume et un livre

 

 

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Plaque sur un mur de l'école élémentaire Moussy, 9, rue de Moussy, Paris IV, mars 2021.

 

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dimanche, 28 février 2021

Prix du Poème en prose Louis Guillaume 2021

 

 

La remise du Prix du Poème en prose Louis Guillaume 2021, prix dont je suis le lauréat avec mon livre La Table d'attente, a été reportée sine die. (Peut-être la séance aura-t-elle lieu en mai ou juin 2021.) En attendant, le Lecteur curieux peut commander cet ouvrage en cliquant sur ce lien.

 

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mardi, 02 février 2021

La Table d'attente, Prix 2021 du Poème en prose Louis Guillaume

 

 

 

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Frédéric Tison, La Table d'attente, éditions Librairie-Galerie Racine,
collection Les Hommes sans Épaules, 2019, Prix du Poème en prose Louis Guillaume 2021.

 

 

Page du site des Amis de Louis Guillaume
sur le Prix du Poème en prose.

 

Annonce sur le site ActuaLitté.

Annonce sur le site Fabula.