lundi, 29 novembre 2021
Des leçons
Je ne suis certes pas un grand photographe, chacun des visiteurs de ce blogue aura pu le constater. Cependant, je m'efforce d'en prendre d'assez belles, et c'est ainsi que je les publie ici. Pour cela, j'ai eu des maîtres : mon père, tout d'abord, dont j'ai toujours aimé les clichés, qui demeurent privés ; ensuite, tous les peintres que j'aime, dont je m'inspire des cadrages, si différents selon les époques.
18:16 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
vendredi, 02 juillet 2021
Autoportrait sépia
Autoportrait, Paris, 2020.
L'autoportrait complaisant et narcissique, dont quelques-uns m'accusent gentiment d'abuser, trouve ici l'un de ses achèvements. Quelque critique m'indiffère souverainement : ce sont là mes pages, et j'y publie ce que librement je souhaite faire figurer ; le visage du photographe en fait partie, ce me semble.
23:31 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie | Tags : frédéric tison, photographie, autoportrait | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
vendredi, 05 mars 2021
Le Clair du temps IV
(44 pages, 25 x 20 cm, 2021 ; prix : 25 euros, frais de port compris), a paru.
17:00 Écrit par Frédéric Tison dans Livres parus, Sur la photographie, Une petite bibliothèque | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
mardi, 25 décembre 2018
D'une mémoire
Les Anciens avaient conçu un Art de la mémoire qui consistait à se représenter un lieu à la fois simple et savant, palais, temple ou villa dans lesquels chaque escalier, les corridors, chacune des salles, et à l'intérieur de celles-ci chaque meuble, chaque étagère et chaque tiroir étaient l'occasion de ranger ses mots et ses images en associant chacun d'eux à ces lieux précis pour ensuite, lors d'un exercice de la pensée qui parcourait ces lieux à nouveau, retrouver à volonté sans effort mots et images. Cet art s'est perdu, et nous n'en avons qu'un aperçu, sans le secours du rappel des techniques précises alors nécessaires à son acquisition.
J'y songe, en feuilletant mes albums de photographies : ma mémoire contient et se représente à elle-même ad libitum certaines de mes images, celles que j'ai placées dans les corridors de mes pages.
06:20 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mercredi, 04 octobre 2017
De quelques images
Que dois-je photographier ? — Seulement ce que j'aime, seulement ce dont je suis curieux, répondrai-je, c'est-à-dire ce que j'ai retenu, et qu'il me semble que le monde devrait redoubler — Et tout le reste est journalisme moderne —, idolâtrie contemporaine, fausse actualité.
08:12 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mercredi, 19 avril 2017
Ombres dans la rue
Je dépose rarement dans ces pages virtuelles une photographie qui n'est pas de moi — une fois n'est pas coutume. Mais j'aime tant ce cliché du photographe américain Roy Pinney, il me parle tant, que je ne résiste pas au plaisir de le partager ici. Il y a dans cette image un vrai regard sur notre monde moderne — la solitude au sein de la multitude dont parla si bien Baudelaire, le vertige et le temps ; et aussi, comme me le dit si justement une amie à qui je la montrai, un peu d'inquiétude...
Roy Pinney (1911-2010), New York, 1950. (Source.)
06:23 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Marginalia, Sur la photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
lundi, 23 janvier 2017
Le voyageur en abyme
Plus je voyage et photographie les lieux qui m'ont retenu, plus j'aime être ce fantôme qui renouvelle quelques lumières pour ses propres regards — pour d'autres peut-être.
05:04 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
jeudi, 06 octobre 2016
Regard sur un regard passé
Je reste assez insatisfait de quelques-unes de mes photographies du Sri Lanka : certaines sont déséquilibrées, maladroitement cadrées. Tant pis ! J'en livre tout de même sur ces pages virtuelles.
Toute photographie dit beaucoup de son photographe (de son histoire, de ses goûts, de ses désirs), mais on néglige souvent d'envisager les moments de ces images, et le corps même du photographe : il faut m'imaginer, derrière chacune d'elles, les pieds nus sur ces dalles brûlantes dont j'ai parlé, ou bien accablé de chaleur, ou encore bousculé par la foule et la marche. Je n'oublie pas non plus que je fus parfois si ému devant ce que je voyais que je saisissais, presque sans le savoir, une image de façon fugitive, tout pressé que j'étais, non plus de photographier, mais de contempler.
17:25 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie, Voyage au Sri Lanka | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
mardi, 28 juin 2016
Pot aux roses
Il me semble souvent que, lorsqu'on écrit d'une photographie qu'elle est une photo, c'est comme si l'on disait d'un poème qu'il est un po.
(Il faut déplorer les abréviations inutiles, laides et paresseuses.)
17:10 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
lundi, 23 mai 2016
Suspension
L'arrêt, la suspension que constitue toute image photographique ne figurent-ils pas, même lointainement, ce moment où notre regard fut vertical, soudain, dans la pleine conscience de l'instant et du lieu ?
06:10 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
samedi, 28 novembre 2015
Les images antérieures
Les images que nous rapportons de nos voyages ne sont-elles à la fin que pour nous seuls ? Sont-elles, comme l'on dit d'un message auquel nul écho ne se manifesta, dont nulle réponse ne fut reçue, qui n'enclencha aucun échange, qu'il est resté lettre morte — sont-elles des images mortes ?
Les regards étrangers qui s'y poseront, sont-ils si lointains qu'ils se ferment devant elles, qu'ils ne peuvent que faire cela ? Leurs rêves seront-ils prolongés, ou bien ravivés ? Comment le savoir, quand à nous-mêmes ces images sont la fumée de notre séjour, quand elles semblent songer toutes seules, et quand, même, parfois, nous ne nous souvenons plus tout à fait que nous étions là, à cet instant dont elles témoignent, pour les saisir ?
Et encore, ces images témoignent-elles de notre présence, ou seulement d'elles-mêmes ? S'il s'agit là non de peintures que nos doigts et nos pinceaux auraient conçues, mais du résultat d'un objet, l'appareil photographique, dont nous n'avons pas, pour la plupart d'entre nous, la maîtrise de la fabrication ? Que s'est-il passé dans l’œil froid de l'objectif de cet appareil ? Celui-là redoubla le nôtre, croyions-nous, mais pour une part s'y est substitué, puisque sa matérialité technique nous échappe : n'avons-nous donc que la maîtrise d'un cadrage, et non la faculté du partage d'un sentiment, d'une émotion, d'une histoire, d'un amour ? Avons-nous été de véritables artisans, de véritables créateurs, ou bien sommes-nous de pauvres démiurges impuissants et seuls, égarés dans la trame des lignes et des couleurs ?
(L'image photographique comme expérience d'une dépossession sans lien...)
Qu'aurai-je aimé ? Qu'aimerais-je revoir ? Je n'ouvre jamais mes albums de photographies sans me le demander. Ce sont peut-être les questions que se posait Mélisande mourante, dans une chambre du château d'Allemonde dont elle demandait que soient ouvertes les fenêtres sur la mer. Ce sont aussi les questions que tout vivant se pose, et peut-être les questions qui surgissent, un soir ou un matin, sur le lit de maladie ou de mort.
19:57 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
lundi, 31 août 2015
L'heur
Le Vieux Bassin, à Honfleur,
photographie : mars 2015.
C'est ici la photographie d'une occasion de quelques secondes, lorsqu'un soleil violent, et soudain, illumine quelque scène devant notre regard en perçant les nuages d'un beau ciel sombre et lourd — et cette splendide lumière détachée sur l'obscur, comme j'aimerais toujours la rencontrer dans les plus beaux lieux, devant les plus merveilleux châteaux, dans les plus belles villes, ou face à la mer ! Elle ne dure que cet instant qui ressemble à l'acmé du désir demeuré désir.
06:23 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Normandie, Sur la photographie, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, honfleur, vieux bassin | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
jeudi, 21 mai 2015
D'un iconoclasme
Notre temps est peut-être celui d'un iconoclasme nouveau : la prolifération d'images de toute sorte, sans hiérarchie, vide et détruit à la fin toutes les images, et parmi elles les plus belles et les plus fécondes, entraînées dans une danse macabre où l'icône, où les visages, les paysages ne sont plus que les ombres d'eux-mêmes, ne sont plus que des moments vite remplacés, vite oubliés.
(C'est de la même façon qu'est ensevelie la parole du poème.)
11:38 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mardi, 03 mars 2015
Miroir
Une photographie permet de contempler non seulement l'objet de son image mais, indirectement, son photographe.
20:38 Écrit par Frédéric Tison dans Sur la photographie | Tags : frédéric tison, note, photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
lundi, 16 février 2015
Miroirs
Qu'est-ce, pour moi, que la photographie ? J'ai beau avoir déjà écrit à ce propos quelques phrases, je ne cesse d'y revenir : chacun de mes clichés, a fortiori parmi les plus récents, me pose la question lorsque je le regarde... Comment m'approprier ma propre image, je veux dire : comment celle-ci peut-elle exprimer mon seul regard, et non n'importe quel regard, interchangeable, oubliable, innombrable ? J'ai écrit : « Les photographies de nos voyages redoublent nos souvenirs en les fixant dans un cadre qui est le regard de quelqu'un qui aima ». Certes, me dirais-je maintenant, mais quelle est la nature de ce regard fixé ? Il est des photographies qui sont belles en raison, surtout, de leur objet : c'est davantage celui-ci qui est beau, qui rend l'image belle — cela, bien sûr, même si l'on peut rater une photographie du château de Chenonceau... Je pourrais encore évoquer le cadrage, mais celui-ci est-il vraiment personnel, si bien souvent je m'inspire et me souviens de tableaux de paysages, de Patinir, de Ruysdael, du Lorrain, de Georges Michel encore ?
Cette image, qui n'est pas ratée, j'en conviens, est-elle vraiment belle ? N'a-t-elle plutôt qu'un intérêt anecdotique (ma visite en ce lieu), si elle n'est un souvenir que pour moi, si elle ne montre qu'un instant, certes particulier, mais qui pourrait être répété : ne changeraient que la lumière, les nuages, les ombres sur les jardins... Et dès lors, ce serait la lumière, ce seraient les nuages et les ombres qui créeraient véritablement la beauté, sur cette image, non le merveilleux château, ce sont eux qui rendraient belle mon image — et j'y prendrais alors peu de part...
Il m'arrive d'être plus ambitieux, peut-être, lorsque mes photographies tentent de s'émanciper du seul souvenir de voyages et de promenades. Alors, parallèlement au souvenir, j'essaie le détail, la lumière, l'ombre (le reflet). J'isole de minuscules paysages... Ainsi, par exemple, cette image.
(Je me suis toujours méfié des photographies trop clinquantes, trop contrastées, celles qui veulent en mettre "plein la vue", ces bonbons pour l'œil, bien trop sucrés ; autant que de ces images trop léchées, trop "belles", si travaillées et reprises qu'elles basculent, pour les meilleures d'entre elles, quand elles ne sont pas absolument truquées, du côté de la peinture sans que le photographe ait la main du peintre : dès lors, autant peindre, me dis-je, car ces photographes me semblent se payer de couleurs et de lignes, dirai-je, comme il arrive que certains poètes se payent de mots, et restent à la lisière du Poème.)
Derrière l'objectif du photographe il est quelqu'un qui aime avec la même timidité de regard que celle de l'image représentée. Quand dois-je m'interrompre, avant de me tromper ? Quand dois-je ne pas faire, ou plutôt ne pas montrer, avant de tromper les regards, tous les regards ?
Il est, me dis-je, deux sortes d'images "intéressantes", pour faire (très) vite (et pour parler comme Paul Veyne, à propos de l'Intéressant) : de belles images documentaires où resurgissent le voyage et la promenade, un lieu, un moment aimés ; des images plus profondes, ou qui tentent de saisir cette profondeur, de la forer. Après tout, pourquoi se priver des unes ou des autres ?
18:03 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur la photographie | Tags : frédéric tison, photographie, notes | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |