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samedi, 23 juillet 2022

Les beaux mots (8)

 

 

La langue française est belle, et en son sein sont particulièrement beaux certains mots. L'un des plus beaux est certainement celui-ci (lequel serait un résumé de tous les mots que j'ai pu écrire) :

 

espérer

 

 

(à suivre.)

 

 

11:45 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

vendredi, 22 juillet 2022

D'une quête

 

 

En hiver, en été, parmi les bourrasques glacées ou les plumes de chaleur, je recherche un arbre.

 

 

 

 

 

10:24 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

mercredi, 20 juillet 2022

Isnel le pas

 

(Remise en ligne d'un billet publié le 19 mai 2009 sur mon premier blogue.)

 

 

J’ai rencontré « isnel » à l’université. M’avait interpellé un « vol isnel » quelque part chez Ronsard, comme l’une des dernières occurrences du mot : car c’est bel et bien au XVIe siècle que l’adjectif fut peu à peu négligé, et qu’il tomba bientôt des lexiques, des glossaires et des dictionnaires (tandis que le siècle qui vit son déclin fut précisément le siècle de la naissance de la lexicographie moderne), ainsi que le nota Joachim Du Bellay au Chapitre VI de sa Défense et Illustration de la Langue française (1549) :
 

« (…) te faudrait voir tous ces vieux romans et poètes français, où tu trouveras un ajourner pour faire jour, que les praticiens se sont fait propre ; anuyter pour faire nuit ; assener pour frapper où on visait, et proprement d’un coup de main ; isnel pour léger, et mille autres bons mots, que nous avons perdus par notre négligence. »

 

Tantost lui souvint du prudhomme

Qu’elle vey encourir* isnel                        * se précipiter

 

décrivait le Perceforest (circa 1340) (1),
 

Chacun de vous estoit isnel

Comme aigles, comme lyons forts
 

comparait le Mistére du Viel Testament (circa 1450) (2) ;


L’adjectif à la riche signification fut ainsi utilisé couramment tout au long du Bas Moyen Âge, mais les Poètes de La Pléiade, ces héritiers directs, même s’ils s’en défendirent parfois, de ce que le Moyen Âge cultivé avait produit de plus raffiné, en usaient déjà comme d’un terme suranné.
 

« Isnel » ou « Ysnel » (que l’on rencontre aussi sous la forme moins belle « ignel ») dérive du haut vieux-allemand snel, qui donna schnell, « belliqueux, prompt, rapide » ; en moyen-français, il signifia à son tour « vigilant, prompt, agile, rapide, vif, léger »… Il donnera l’adverbe « isnellement » (« promptement, etc. ») et les locutions adverbiales « à cœur isnel » (« avec empressement » - « être isnel de faire quelque chose » signifie « s’empresser de le faire »), « isnel le cours » ou « isnel le pas », « rapidement, légèrement » : chez Christine de Pisan, 

Les messagers isnel le pas

S’en tournent et comptent* le fait           * content
 

L’adjectif tombé en disgrâce, le mot se retrouve nom propre. Il prend la majuscule dans le « Poème en quatre chants imité du scandinave » Isnel et Aslega (1802) d’Evariste-Désiré Desforges, chevalier de Parny (1753-1814) ; ce poème « à la manière d’Ossian » narre l’amour contrarié du guerrier Isnel et d’Aslega, promise à un autre ; Isnel mourra de douleur sur le corps de sa bien-aimée, qui s’étrangle avec sa chevelure (3).
 

Dans la « Dixième Vision » de La Chute d’un Ange (1838) de Lamartine, Isnel est l’amant d’Ichmé dont il a un enfant. Captifs des Titans, les amants sont séparés. Dans son cachot, Ichmé croit reconnaître son aimé : 

C’est Isnel, son amant, c’est son ombre ou c’est lui ;

 

Mais le couple et son enfant connaîtront également une fin tragique : à l’issue d’un horrible banquet, ils seront livrés aux bourreaux qui jetteront leurs corps aux lions.

Il n’est pas besoin d’attendre le monde de 1984 décrit par Orwell pour voir chaque jour des mots disparaître des dictionnaires. Le temps et l’oubli y pourvoient largement, relayés par les hommes qui retranchent plus qu’ils n’ajoutent au langage : qui sait si la prétendue évolution du langage perd plutôt qu’elle ne retient, avec ses mots nouveaux, pauvres pour la plupart d’entre eux, et néglige plutôt qu’elle ne découvre, des mots chargés de sens pour louer, inquiéter, désirer, interroger ou rêver les choses du monde ? La perte d’« isnel » laisse vacante une place. Pourquoi cette négligence dont parle Du Bellay, pourquoi cette perte, cet oubli qu’il déplore ? Lui-même n’en usa guère ; on trouve sous sa plume l’adjectif au féminin pluriel dans sa Musagnoeomachie :

 

Qui est celuy, qui l'air fend

Au balancer des aisselles ?

Porté sur le dos du vent,

Qu'il eperonne des aeles

De ses deux plantes isnelles ? (4)
 

« Isnel » signifiant « prompt, rapide, léger, etc. » à la fois, n’est pas exactement « prompt » ou « agile » ou « léger » : il est tout cela à la fois. L’adjectif était donc unique, et sa perte, inestimable, irréparable peut-être ; cette page virtuelle tout du moins le ranimerait un instant, peut-être un peu plus…
 

Mais… Et si, à la fin, « isnel » était, en français, l’adjectif de la poésie ? – et la poésie étant aujourd’hui dans les catacombes, selon une pente qui commença de s’incliner dès la « Renaissance », il est sans doute d’une évidence même que l’adjectif qui s’en approchait au plus près, que cet adjectif ailé fût négligé dès la fin du XVIe siècle. On sait qu’en France, la poésie ne compte plus depuis, au moins, Charles IX commandant La Franciade à Ronsard.

_______________________

(1) Perceforest. Troisième partie, T. 2. Édition critique par Gilles Roussineau. Genève : Droz, 1991 (Textes littéraires français ; 409), p. 358.

(2) Mistére du Viel Testament, T. 4. Introduction, notes et glossaire par James de Rothschild. Paris : chez Firmin Didot frères, 1878-1891, p. 165.

(3) Petits Poëtes français depuis Malherbe jusqu’à nos jours, T. 2. Edition de Prosper Poitevin. Paris : chez Firmin Didot frères, 1856, p. 494-505.

(4) L’Olive, édition de 1550 augmentée de la Musagnoeomachie (« c’est-à-dire la Guerre des Muses et de l’Ignorance » comme le précise le poète lui-même dans l’avertissement « Au Lecteur »).

 

 

13:19 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

lundi, 18 juillet 2022

D'un merle

 

 

Un merle noir, peut-être éreinté par la chaleur qui règne en France aujourd'hui et à Paris en particulier, s'est posé tout à l'heure sur la balustrade de la fenêtre de mon salon. Coïncidence amusante, j'étais précisément en train de relire La Folie de Suibhne (Buile Suibhne), récit autour d'un roi légendaire d'Irlande où il est question de l'une des métamorphoses de Merlin en merle. J'aurai aimé ces hasards objectifs.

 

 

 

18:14 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, J'aurai aimé | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

dimanche, 17 juillet 2022

Des fleurs

 

 

Il s'agit d'être seul avec plusieurs fleurs.

 

 

 

00:51 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

samedi, 16 juillet 2022

De la solitude

 

 

 

Dès que je ne suis pas à l'œuvre pour organiser, seul, quoi que ce soit, en général tout dysfonctionne : l'horloge devient folle, nul n'a plus de parole, aucun engagement n'est respecté, les mots n'ont plus aucun sens, rien n'est fait de ce qui a été promis, l'« esprit d'équipe » est une sottise incantatoire, le train n'est pas à l'heure, et il n'y a personne sur le quai.

 

 

 

 

17:10 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

jeudi, 14 juillet 2022

De la beauté

 

 

Il existe une fausse beauté, laquelle passe inaperçue et se fait passer pour elle.

 

 

 

19:44 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

Durant le Défilé du 14-Juillet

 

 

 

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Durant le Défilé du 14-Juillet 2022, photographie par ma fenêtre.

 

(Et toujours, dans l'air, ces oiseaux affolés par ces monstres d'acier après que ceux-ci ont passé.)

 

 

 

 

 

mercredi, 13 juillet 2022

Logis de pierre

 

 

De la fenêtre de mon salon, je puis observer le ciel. Au-dessous, un immeuble modeste se dresse, dont l'une des façades semble une côte rocheuse qu'on aurait taillée de telle sorte qu'elle fût parfaitement verticale. De petits oiseaux, je m'en suis avisé depuis longtemps, se nichent dans les interstices des pierres abîmées. Cela m'a toujours fait penser aux goélands qui se logent dans les anfractuosités des falaises de Normandie.

 

 

 

19:53 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

jeudi, 07 juillet 2022

Un extrait du Discours de Madame le Premier Ministre

 

 

"Mesdames, Messieurs, mes chers concitoyennes et concitoyens, je ne ferai pas de bla bla bla. C'est en tant que Première Ministre que je parle. Je sais que la situation est grave, mais je souhaite, non, j'exige que tout soit rassemblé. Blu blu. Pour cela, bli, j'ai proposé de nouvelles orientations fgahgkhaudio très urgentes fgajklogofva. Tout d'abord, comme je l'ai dit, soyons rassemblés akghsdeazszzo autour d'un projet commun ghdiiifdsf. Bli. Blu. Parlons de la retraite à cent ans, par exemple : c'est un horizon, mais n'ayez crainte, c'était simplement une plaisanterie, car je souris et j'ai beaucoup d'humour ! En revanche, je veux vous parler de la précarité : un seul mot, pour résumer les enjeux : wgeghjdkoaitieia. Voyez comme cela est difficile. Bleuh. (...) Ensuite, il s'agit de parler de la France, de sa place dans le monde : ohjsgdfffttcuivi, voilà l'essentiel. Iiiiijkiihgtsdferarararar : tout le monde sait cela, mais il fallait le redire. Blu blu blu. Il faut faire preuve de pragmatisme et de kiofgtsyuiodsvwxiokisme.  Blu. J'ajouterai : blo. Je sais que vous m'accorderez votre confiance. Vive la Francjslakajmjdghoduzuauahfjkp !"

 

 

 

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D'une boucle d'oreille

 

 

J'aime la boucle d'oreille de Chactas.

 

 

 

13:50 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

Du poisson rouge

 

 

« Les 7-25 ans passent un peu plus de trois heures à lire par semaine contre trois heures cinquante par jour sur un écran. Le résultat est que la durée d’attention s’effondre. Elle serait de neuf secondes aujourd’hui, soit une seconde de plus que celle du poisson rouge », relève, dans sa revue de presse, un chroniqueur de la "matinale" de Radio Classique. J'ignorais que l'on connût la durée d'attention du poisson rouge, et je me suis dit que j'aurais dû, pour mes séances de lecture, convier dans les bibliothèques dont je fus responsable davantage de poissons, qui ont l'avantage d'être calmes et silencieux. À l'attention de ces doux poissons, j'aurais bien trouvé quelques contes de huit secondes, du type « Connaissez-vous l'histoire de Plouf le poisson ? Non ? Eh bien, on mit de l'eau dans un bocal, et plouf le poisson ».

 

 

 

10:00 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

mercredi, 06 juillet 2022

De quelques tiroirs

 

 

Je tiens à avoir, chez moi, des tiroirs vides : ils contiennent ce que je m'apprête à écrire.

 

 

 

13:37 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |

dimanche, 03 juillet 2022

D'une rose

 

 

La rose ne peut pas être autre chose qu'une rose.

 

 

 

15:06 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

samedi, 02 juillet 2022

Le luxe français

 

 

 

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Tapis d'herbe, dans le parc du château de Courances (XVIIe-XIXe s.),
dans l'Essonne, photographie : mai 2012.

 

 

Le (véritable) luxe français s'incarne dans le grand vide des tapis d'herbe.