Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 27 décembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (30)

 

 

 

 

Introduction.

 

 

« 66. Un autre livre des Dis des philosophes, de la Vie de plusieurs Sains, avec le Bestiaire ; couvert de cuir vermeil empraint à quatre fermoers de cuivre et tixus de fil._8 liv. 15 s. »

 

Il s’agit des Dits des philosophes, ou Dits moraux des philosophes (vers 1401) de Guillaume de Tignonville (dont il a été question dans la notice 59). Un exemplaire du livre peut être consulté ici.

 

Le Bestiaire qui se trouve ici à la suite des Dits des philosophes, nous dit Hiver de Beauvoir, « est un bizarre traité érotique de Richard de Furnival [Fournival]». L’érudit et poète Richard de Fournival (1201-1260) écrivit ce Bestiaire d’Amours vers 1250. À travers la présentation d’une soixantaine d’animaux (dont le coq, le singe, le lion, la licorne ou l’hirondelle), l’auteur décrit les étapes, selon la tradition courtoise, de l’amour d’un amant pour sa dame. Lors d’une exposition sur Gaston Fébus au musée de Cluny, je pris la photographie d'une page de ce livre.

 

 

(à suivre.)

 

 

lundi, 22 décembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (29)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 61. Un livre d'Éthiques et politiques, en deux volumes, escript en françois de lettre de fourme ; et au commencement du second fueillet du premier volume des Estats et esthiques a escript : Ces si come, et au commencement du second fueillet de l'autre volume a escript : Et cette communite ; et sont couverts chascun de veluyau vermeil, à deux fermoers d'argent doré, esmaillés l’un aux armes de Mons., l’autre aux armes de feu Mgr d'Orléans, lequel donna les deux volumes à Mons._75 liv. »

 

Je pense qu'il s'agit de l’Éthique à Nicodème, de l’Éthique à Eudème et de la Politique d’Aristote.

 

 

« 62. Un livre d'Éthiques escript en françois, de lettre de fourme, et au commencement du second fueillet a escript : En peut l’en ; couvert de veluyau vermeil à deux fermoers d'argent doré, esmailliés l'un de saint Jehan, l'autre de la Magdelaine, et cinq boulions de mesmes sur chascun ais, lequel Bureau de Dammartin, bourgeois et marchand de Paris, a fait faire par le commandement de Monseigneur._30 liv. »

 

Il s’agit (toujours selon moi) de l’Éthique à Nicodème et de l’Éthique à Eudème d’Aristote.

 

« Cette traduction est celle de Nicolas Oresme, précepteur de Charles V, mort en 1382, qui fut en 1488 imprimée par Verard. Le duc avait chargé Bureau de Dammartin d'en faire faire une copie. Celui-ci, modestement qualifié de bourgeois et marchand de Paris, était le fils de Bureau de la Rivière, ministre favori de Charles V ; il s'appelait de Dammartin, ou comte de Dammartin, parce qu'il avait épousé l’héritière de cette maison », écrit Hiver de Beauvoir.

 

 

« 63. Un petit livre en françois, escript de lettre de court, du Gouvernement des roys et des princes, appellé le Secret des secres [sic], que fit Aristote, couvert de cuir vert à deux fermoers de laiton._10 s. »

  

Le Secret des Secrets est une encyclopédie, écrite sous la forme d’une vaste lettre, traduite d’un livre anonyme arabe du Xe siècle, le Kitâb sirr al-‘asrâr (Le Livre des secrets), et faussement attribuée à Aristote : ce dernier aurait là composé un « miroir du prince », conseils divers à destination d’Alexandre le Grand, dont le Stagirite avait été le percepteur, au moment de la conquête de la Perse. Le livre a été traduit en latin par un clerc nommé Philippe de Tripoli, dont nous ignorons tout, après 1227, sous le titre Liber qui dicitur Secreta secretorum, vel de regimine regum et principum. On y trouve des exposés de politique, de morale, d’alchimie, d’astrologie, de médecine, de magie… C’était en quelque sorte la référence encyclopédique du bas Moyen Âge. Je rappelle que cette œuvre se trouvait également dans la bibliothèque de Charles d'Orléans, à Blois.

 

« 64. Un autre semblable livre, et de semblable matière comme le précédent, qui fut de feu Mons. d'Estampes [Louis d’Évreux (1336-1400), pair de France, arrière-petit-fils du roi Philippe III de France, mort d’apoplexie le 6 mai 1400 à Paris alors qu’il dînait avec Jean de Berry], couvert de cuir vermeil empraint, et sont cinq cloux sur chascun ais._50 s. » 

 

 

(à suivre.)

 

 

 

 

 

vendredi, 19 décembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (28)

 

  

 

Introduction.

 

 

 Sciences & Arts (suite)

 Philosophie morale 

 

 

 

« 60. Un livre en françois, appellé le Livre des problèmes d'Aristote, translaté et exposé de latin en françois par maistre Evrart de Coussy, jadis physicien [médecin] du roi Charles quint [Charles V de France], escript de lettre courant, historié au commencement et en plusieurs lieux, et au commencement du second fueillet a escript : François ; couvert de cuir vermeil empraint, fermant à quatre fermoers de laiton, et sur chascun ais a cinq boullons de laiton ; lequel fut donné à Mons. au mois de septembre 1405 par messire Guillaume Boisratier, à présent archevêque de Bourges [depuis 1409]._75 liv. »

 

On sait aujourd’hui que ces Problèmes, une collection de questions et de réponses sur des sujets très divers (médecine, musique, sciences naturelles, mathématiques, etc.), ne sont pas l’œuvre d’Aristote, mais plutôt une compilation de son école, même si certains passages sont du philosophe.

 

Évrart de Coussy (ou de Couty, ou de Conty), écrivain, et membre de la faculté de médecine de Paris (il fut maître régent de 1353 à 1405, année de sa mort), fut l’un des médecins de Charles V et de Blanche de Navarre, veuve de Philippe VI. Il fut également l’un des traducteurs à la cour royale. Outre sa traduction de ces Problèmes pseudo-aristotéliciens, il est l’auteur des Eschés [Échecs] amoureux, poème allégorique de plus de 30000 vers récrivant le Roman de la Rose, et de leur commentaire en prose, le Livre des Eschez amoureux moralisés (vers 1400).

 

 

(à suivre.)

 

 

 

 

lundi, 15 décembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (27)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 58. Le tiers livre des loys en françois, qui est appellé l’Enforciade, escript de lettre de fourme, et au commencement du second fueillet est escript : Il a empirée ; couvert de cuir noir houssé, à deux fermoers de cuivre et cinq bouillons [boulons] de mesmes sur chascun ais ; lequel livre fut donné à Mons. par messire Guillaume de Tignonville, chevalier, au mois de mai l’an 1412._7 liv. 10 s. »

 

 

« 59. Un autre livre de droit en françois, appellé Digestis vielle, escript de lettre de fourme, et au commancement du second fueillet est escript : Livent si escrivent ; couvert de cuir blanc, à deux fermoers de cuivre et cinq bouillons de mesmes sur chacun ais ; lequel livre fut semblablement donné à mondit seigneur par ledit de Tignonville au mois de mai 1412._12 liv. 10 s. »

 

 

Guillaume de Tignonville, écrit Hiver de Beauvoir, « donateur de ces volumes, est ce prévôt de Paris qui, en 1407, malgré l'appui du roi Charles VI, fut obligé de faire amende honorable à l’Université pour avoir fait pendre deux écoliers voleurs. Il reste de lui une ordonnance de police ».

 

Ces deux ouvrages sont la traduction française d’une partie des Pandectes, ou Digeste, recueil, composé sur l'ordre de l'empereur Justinien (527-565), rassemblant toutes les décisions des plus célèbres jurisconsultes romains. L’Enforciade et le Digestis vielle sont les deux premières parties de ce corps de lois (l’Infortiat et le Digestum vetus).

Dans les Pandectes, les textes des juristes classiques sont groupés par matière. Ils sont contenus dans cinquante livres ; chaque livre contient plusieurs titres, chacun étant consacré à un point de droit particulier.

 

Hiver de Beauvoir ajoute : « Le livre intitulé : les Dits moraux des philosophes [qui sera l'objet de la notice 65] a été imprimé sous son nom [celui de Guillaume de Tignonville], de sorte qu'on pourrait croire que cette traduction d'une partie des Pandectes serait son œuvre. » 

 

 

(à suivre.)

 

 

 

 

vendredi, 12 décembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (26)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

Sciences & Arts (suite)

Droit canonique et civil

 

 

 

« 57. Un très-bel décret, escript de lettre boulonnoise, historié au commencement d'ymaiges romaines, garni de iiij fermoers d'argent, aux armes de Mons., couvert d'un drap de soye bleu doublé de tiercelin vermeil._125 liv. »

 

« C'est le décret de Gratien, c'est-à-dire la compilation de canons faite par ce moine bénédictin vers 1150 et admise comme seul corps de droit canonique », écrit Hiver de Beauvoir.

 

Selon certains chroniqueurs médiévaux, Jehan (? (son prénom est sujet lui aussi à caution)) Gratien aurait été un moine camaldule ou bénédictin au couvent des Saints-Nabor-et-Félix et aurait enseigné le droit dans son monastère, puis il serait devenu évêque de Chiusi en Toscane. D'autres chroniqueurs en font le conseiller du pape Innocent II (1130–1143) ou le légat d'Eugène II (1145–1163). Il est sans doute mort avant le IIIe concile du Latran (1179) où l’on regrette publiquement son absence.

 

Son Décret (en latin Concordia discordantium canonum, « Concorde des canons discordants », devenu Decretum Gratiani), rédigé entre 1140 et 1150, est une œuvre essentielle du droit canonique ; il rassemble plus de 3800 textes : canons apocryphes des apôtres, écrits patristiques, décrétales des papes, de Damase (366–384) à Innocent II (1130-1143), livres liturgiques, pénitentiels, statuts épiscopaux, décrets conciliaires, lois romaines et franques, etc. Le décret de Gratien formera la base du Corpus juris canonici, publié en 1582, lequel sera en vigueur jusqu’à la publication du Code de droit canonique (1917).

 

   

(à suivre.)

 

 

 

mardi, 09 décembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (25)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 55. Un autre livre, appelé le Livre du trésor, historié au commencement de la création du monde, escript de lettre de court, couvert de cuir vermeil empraint, à deux fermoers de cuivre, et sur les ais n'a aucuns cloux._5 liv. »

 

Il s’agit de l'encyclopédie du maître et de l'ami de Dante, Brunetto Latini (vers 1220-1294), Li Livres dou Tresor, écrite en picard et tentant de recenser l'ensemble des savoirs de son temps. L'érudit y expose également la théorie politique de la République de Florence. Le Livre de la naissance de toutes choses, et la Nature de vices et de vertus est également le titre donné, avec des variantes selon les éditions, à la traduction française du Livre du Trésor. Je rappelle que cette œuvre se trouvait également dans la bibliothèque de Charles d'Orléans, à Blois.

 

 

« 56. Un grand livre des Sept ars en latin, escript de lettre de somme [ou « rotunda », lettre ronde], et commence au livre de Priscian, de l’Art de grammaire ; très-bien historié et enluminé ; et au commencement du second fueillet a escript : Quis contractum ; couvert de cuir rouge empraint, fermant à quatre fermoers d'argent doré esmailliés aux armes de Mons. ; et par dessus a une chemise de drap de soye bleu doublée de tiercelin rouge ; lequel livre avait été autrefois de Monseigneur, et a été recouvré après le trespas de feu Mons. d'Orléans, à qui Monseigneur l'avait donné._75 liv. »

 

Priscien est un grammairien latin du VIe siècle, et l'auteur de ces Institutiones grammaticae, ouvrage pédagogique fondamental adopté, par l'entremise d'Alcuin, dès Charlemagne et jusqu’à la fin du Moyen Âge. La grammaire faisait partie des sept arts libéraux, avec la dialectique et la rhétorique (avec ces dernières la grammaire forme le trivium), puis l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique (formant le quadrivium).

Les Institutiones grammaticae se composent de dix-huit livres. Le Livre I et le début du livre II portent sur le son, la lettre et la syllabe. Les Livres II à XVI, sur les parties du discours. Enfin, les Livres XVII et XVIII étudient la construction, ou syntaxe, selon des méthodes nouvelles.

 

(à suivre.)

 

 

vendredi, 05 décembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (24)

 

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 54. Un livre de Sidrac, escript en françois de lettre de fourme, et au commencement du second fueillet a escript : Celui vint ; couvert de cuir vermeil empraint, à deux fermoers d'argent doré esmailliés aux armes de Mons. et les tixus de soye noire ; et pardessus ledit livre a une chemise de drap de soye noire, doublée de cendal vermeil ; lequel livre fut donné à Mons. à estraines le premier jour de janvier l’an mil cccc et trois [1403], par messire Guillaume Boisratier, à présent archevêque de Bourges. _20 liv. »

 

« Guillaume Boisratier, fils de Jean Boisratier, bourgeois de Bourges, dut sa fortune au duc Jean. Il fut successivement archidiacre de Paris, chanoine de la sainte Chapelle, prieur de Saint-Ursin, doyen de l'église de Bourges et archevêque. Il se signala en outre en diverses ambassades. Juvénal des Ursins et le moine de Saint-Denis font de lui un grand éloge. » (Hiver de Beauvoir.)

 

Il s’agit du Livre de Sydrac le Philosophe, également appelé Livre de la Fontaine de toutes sciences, un traité anonyme composite de la fin du XIIIe siècle se présentant essentiellement sous la forme d’un dialogue fictif entre un roi, Boctus, et un philosophe, Sydrac, le second répondant aux questions du premier portant sur l’ensemble des connaissances médiévales dans les domaines religieux, philosophique, astrologique et médical, sans oublier celui des « sciences naturelles ».

 

 

 

(à suivre.)

 

 

 

 

 

mercredi, 03 décembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (23)

 

 

 

Introduction.

 

 

Sciences & Arts

Généralités

 

 

« 52. Un volume de Proprietatibus rerum, qui se commence au second fueillet : Diverses sciences que vous avez assemblez, couvert de cuir vermeil empraint, à deux fermoers d'argent doré sur tixu vert. _50 liv. »

 

Barthélémy l’Anglais (ou Bartholomeus Anglicus) composa ce livre en 1230-1240 et le publia sous le titre Liber proprietatibus rerum.  Ce « recueil de notions sur l’histoire naturelle, la médecine et l’art culinaire, qui a joui jusqu’au seizième siècle d’une grande célébrité (…) fut traduit en français vers 1362 par Jehan Corbichon, chapelain du roi Charles V, et d’après les vœux de ce prince. Il a été imprimé plusieurs fois aux quinzième et seizième siècles. » (Le Roux de Lincy, La Bibliothèque de Charles d’Orléans, à son château de Blois, en 1427.)

 

 

« 53. Un livre des Propriétés des choses, escript en françois de lettre de court, et au commencement a escript : Après parle ; couvert de cuir vermeil empraint, à deux fermoers de cuivre doré et cinq boustons de mesme sur chascun ais ; lequel livre les quatre secrétaires de Mons., c'est à savoir maistres Pierre de Gyvès, Michiel Lebeuf, Jehan de Candé et Erart Moriset, lui donnèrent aux dites estrennes mil cccc et trois [1403]. _50 liv. »

 

Cf. notice 52.

 

« Les quatre secrétaires du duc étaient dans l’usage de se réunir pour lui faire un cadeau le jour de l’an. En 1404, ils lui donnèrent un joyau d'argent doré pesant 9 marcs, fait en manière d'une table où étaient Dieu et les douze Apôtres. » (Hiver de Beauvoir.)

 

 

 

(à suivre.)

 

 

 

samedi, 29 novembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (22)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 51. Un autre livre en latin, de Meditationibus editis ab Ancelmo Cantuariensi archiepiscopo, auquel a plusieurs belles oraisons, escript de lettre de fourme, et au commencement du second fueillet a escript : Tes dicam ; couvert de cuir, à deux fermoers d'or, où il a en chascun un escu esmaillié des armes de feu Mons., et au bout des tirans a un bouton de perle, a une chemise de drap de soie vermeille doublée de cendal vert, lequel livre l’évesque de Saint-Flour [Géraud du Puy ( ?-1420), évêque français, ambassadeur du roi pour l'Espagne et l'Angleterre] donna à Mons. aux estraines le premier jour de janvier 1409. _25 liv. »

 

Il s’agit de la Méditation sur la raison de la foi d’Anselme de Cantorbéry (vers 1033-1109), l’auteur du fameux Proslogion qui contient la « preuve ontologique » de l’existence de Dieu : en substance et très rapidement, Dieu existe, puisqu’il est ce qui ne peut être pensé de plus grand.

 

 

(à suivre.)

 

 

 

mardi, 25 novembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (21)

 

 

Introduction.

 

 

 

 

 

« 47. Un livre en françois, escript de lettre de court, appelé le Livre des Omélies saint Grégoire, historié en aucuns lieux, couvert de cuir vermeil empraint, à deux fermoers de cuivre. _100 s. »

 

Saint Grégoire 1er, dit Grégoire le Grand (vers 540-604), pape de 590 à sa mort, est l’auteur de ces Homiliæ in Evangelium, recueil de quarante homélies issues de sa prédication évangélique, suivi d’un recueil de vingt-deux homélies, les Homeliæ in Hiezechihelem, homélies sur le Livre d’Ézéchiel.

 

 

« 48. Un livre en françois, escript de lettre de court, nommé le Livre du Dialogue saint Grégoire couvert et garni comme le précèdent._ 75 s. »

 

« 49. Un autre livre, appelé le Dialogue saint Grégoire escript en françois de lettre de court, et au commencement du fueillet, après la table dudit livre, est escript : Oyez des hommes ; couvert de vieil cuir vert, à deux fermoers de cuivre et cinq boullons de mesme sur chascun ais._ 100 s. »

 

« 50. Un petit livre, appelé le Dialogue saint Grégoire, escript en françois, et au commencement du second fueillet a escript : Loing nous ne veons, historié en aucuns lieux ; couvert de cuir rouge empraint, à deux fermoers de laiton, lequel Mons acheta de Jehan Colin, le ixe jour de juillet l’an 1409, pour le prix de 15 escus d'or._3 liv. 15 s. »

 

Le duc possédait donc trois « éditions » des Dialogues de Grégoire le Grand : l’ouvrage évoque des contemporains de Grégoire, évêques, moines, prêtres et gens du peuple, dont est soulignée la sainteté, et parfois sont mentionnés les miracles accomplis par eux.

 

 

(à suivre.)

 

 

 

vendredi, 21 novembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (20)

 

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 40. Un petit livret, ouquel a plusieurs Oroisons escriptes en latin de bonne lettre de fourme, et les Rubriches [rubriques : titres écrits en rouge, dérivé de rubeus, « rouge ») escriptes en françois ; et au commencement du second fueillet a escript : Om quia peccavi ; couvert de cuir rouge housse [enveloppant] sans fermoers ; lequel Mgr de Guienne [Louis de France, duc de Guyenne, troisième fils de Charles VI (1397-1415)] donna à Monseigneur [a]u mois de juillet l'an mil cccc et douze [1412] ; donné comme l'an dit au roy de Castille [Jean II, roi de Castille (1405-1454, roi dès 1406)]. »

 

Ce livre ayant censément été donné au roi de Castille en 1412, on comprend mal pourquoi il figure dans cet inventaire, d’autant qu’il ne donne pas lieu à une estimation.

 

*

Théologie (suite)

Théologie morale

 

 

 « 41. Un livre de la Cité de Dieu en deux volumes ; ou second fueillet du premier est escript : Le vermeille, ainsi révéramment prinse ; et ou conmencement du second fueillet du second volume est escript : Que toute créature ; couvers de drap de damas noir figuré, doublé de satin noir, avecques deux fermoers d'argent doré, hachiez [aux motifs ciselés] d'une fleur de bourrache._ 375 liv. »

  

Raoul de Presles, le traducteur de la Bible, traduisit de saint Augustin sa Cité de Dieu (ouvrage écrit entre 413 et 426) vers 1400-1405 ; il est également le traducteur des manuscrits 42 à 46 mentionnés ci-après. Le second volume du traité, s’il s’agit bien de celui que mentionne l’inventaire, peut être consulté ici.

 

 

« 42. Un livre de la Cité de Dieu translaté en françois, finissant au xie livre inclus, et y défaillent [y font défaut, manquent] les Histoires et Grans Lettres, couvert de cuir vermeil empraint et fermant à deux fermoers de cuivre, et n'y a aucuns cloux._ 36 liv. 5 s. »

 

« 43. Un autre livre de la Cité de Dieu, translaté en françois, commençant au xie livre, et y défaillent les Histoires et Grans Lettres, couvert comme l’autre precedent. _36 liv. 5 s. »

 

 « 44. Un livre de la Cité de Dieu escript en françois ; et au commencement du ije [deuxième] fueillet a escript : Plusieurs ont usurpé ; très-richement historié au commencement et en plusieurs lieux, couvert de veluyau vermeil et fermant à quatre fermoers d'argent doré, en chacun un tixu de soye bleue, et sur chacun ais a cinq clous ronds d'argent doré._ 200 liv. »

 

« 45. Un livre de la Cité de Dieu, en deux volumes, escript en françois de lettres de court, historié en plusieurs lieux ; et au commencement du second fueillet du premier volume a escript : Sains de Mgr saint Denis ; et au commencement du second volume a escript : Psaultiers ; couvers chacun desdis volumes de veluyau vermeil, à deux fermoers d'argent doré, esmailliés aux armes de Monseigneur, et une pippe de mesme garnie de plusieurs seignaulx, lequel livre Jacques Coureau donna à Monseigneur le vingtième juin en l'an 1403._ 100 liv. »

 

« 46. Un très-bel livre de la Cité de Dieu, escript en françois de lettre de court, très-bien historié et enluminé ; et au commencement a escript : Mgr saint Denis ; couvert de veluyau vermeil à quatre fermoers de cuivre doré, lequel Salomon [Pierre Le Fruitier, dit Pierre Salmon (ou Salemon, ou Salomon), familier et conseiller du roi Charles VI, auteur des Dialogues de Pierre Salmon et Charles VI], secrétaire du roi notre seigneur, donna à mondit seigneur._425 liv. »

 

 

(à suivre.)

 

 

 

mardi, 18 novembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (19)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

 « 37. Unes petites Heures èsquelles [dans lesquelles] sont les Heures de Notre-Dame, les sept Pseaumes, Vigiles des mors et autres dévocions ; et au commencement a une Oraison de saint Jean-Baptiste et le Kalendrier ; et a escript au commencement du second fueillet : Quoniam ; couvertes de drap d'or, fermans à deux fermoers d'or esmailliés aux armes de Monseigneur, outre ledit drap d'or a fleurs de lis ; et par dessus a une chemise de drap de damas doublée de tiercelin rouge ; lesquelles mondit seigneur acheta à Paris en son hôtel de Nééle [L’Hôtel de Nesle, à Paris, aujourd’hui disparu et qui était situé à l’emplacement de la Bibliothèque Mazarine, dans le VIe arrondissement] le xje jour de décembre mccccxi [11 décembre 1411], L escus [50 écus]._ 15 liv. » 

 

Il s’agit des Petites Heures du duc de Berry (Horae ad usum Parisiensem, 1375-1380, puis 1384-1411). L’enlumineur Jean Le Noir est l’auteur des premiers cahiers, puis lui succèdent les enlumineurs Jacquemart de Hesdin, le Maître dit de la Trinité, enfin le Pseudo-Jacquemart ainsi qu'un autre artiste anonyme.

On peut les consulter ici.

 

 

« 38. Unes petites Heures de Notre-Dame, nommées les Heures de Pucelle, enluminées de blanc et de noir, à l'usage des Precheurs [les Dominicains] garnies de petits fermoers d'or où il a une [A]nnonciacion ; et au bout des tirans a deux petis boutons de perles ; couvertes d'un drap de soye bleu._ 15 liv.»

 

Ces « Heures de Pucelle » désignent sans doute un manuscrit illustré par Jean Pucelle, duquel il a été question dans la notice 29 de cet inventaire ; mais il ne s’agit pas du Livre d’Heures de Jeanne d’Évreux à lui commandé par Charles IV, ouvrage infiniment plus précieux que les 15 livres de l’estimation dont cet ouvrage-ci fait l’objet.

 

 

« 39. Un bien petiot livret, ouquel a plusieurs Oroisons de sains et de saintes ; au commencement duquel est escript : Et intemerata : fermant à deux fermoers d'or sans tixu ; auquel Monseigneur a fait mettre une pippe d'or garnie d'un grain de ruby et de deux pointes de dyamants ; lequel livre le roi [Charles VI] donna à Monseigneur au mois de may mcccciiij [1404]._ 12 liv. »

 

(à suivre.)

 

 

samedi, 15 novembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (18)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

 

« 36. En une layette [petit coffre] plusieurs cahiers d'unes très-riches Heures que faisoit Pol de Limbourg et ses frères, très-richement historiées et enluminées. _500 liv. »

 

Dans l'ombre éclatante de cette courte notice se trouve un trésor : le coffret contenait en effet Les Très Riches Heures du duc de Berry, illustrées par les frères Pol, Jehan et Herman de Limbourg, sans oublier Jehan Colombe, notamment, l’un des plus beaux livres de l’extrême fin du Moyen Âge. J’ai pu voir quelques pages de ces Heures au château de Chantilly où elles sont conservées : c’est en les contemplant, de même que Les Belles Heures, que l’on comprend vraiment ce que signifie le temps où la peinture était dans les livres.

 

Une célèbre encyclopédie en ligne propose le fac-similé, page à page, de ce manuscrit.

 

Voici, merveille parmi les merveilles, le Paradis terrestre peint au folio 25v par Jehan de Limbourg (selon la plupart des historiens de l'art) :

 

 

frédéric tison,la librairie de jean de berry au château de mehun-sur-yèvre,1416

(Source.)

 

 

(à suivre.)

 

 

 

jeudi, 13 novembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (17)

 

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 35. Unes très-grans moult belles et riches Heures, très-notablement enluminées et historiées de grans histoires, de la main de Jacquemart de Hesdin ; couvertes de veluyau violet et fermant à deux grans fermoers d'or garnis chascun d'un balay [rubis], un saphir et vj [6] grosses perles, et y a une pippe d’or où sont attachées les seignaulx ; qui sont en un estuy de cuir._ 4,000 liv. »

 

 

Les textes en grosses lettres de forme de ces Très Belles Heures du duc de Berry (à ne pas confondre avec les Très Riches...), commandés en 1389 à l'atelier parisien de Jean l'Avenant, sont illustrés par Jacquemart de Hesdin (appelé aussi Jacquemart de Odin, vers 1355-1414). Le livre, achevé en 1402 et tôt démembré, est également appelé Heures de Bruxelles et se trouve toujours dans la Bibliothèque royale de cette ville. Un volume en fac-similé a été conçu qui est présenté ici.

 

 

(à suivre.)

 

 

 

lundi, 10 novembre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (16)

 

 

 

Introduction.

 

 

  

« 34. Unes belles Heures très-bien et richement historiées, et au commencement est le Kalendrier bien richement escript et historié ; et après est l’Histoire de la vie et passion de sainte Katherine, et ensuite sont escripts les quatre Évangilles et deux Oraisons de Notre Dame ; et après commencent les Heures de Notre Dame et plusieurs autres Heures et Oraisons ; et au commencement du second fueillet desdites Heures Notre Dame a escript : Audieritis ; couvertes de veluyau vermeil à deux fermoers d'or èsquels sont les armes de Monseigneur de haulte taille ; et par dessus lesdites Heures a une chemise de veluyau vermeil doublé de satin rouge ; lesquelles Heures Monseigneur a fait faire par ses ouvriers ; et ont été prisées avec une pippe garnie d'un fin balai au milieu pesant vingt karats et quatre perles fines rondes entour pesant chacune quatre karats._ 875 liv. »

 

  

Ce sont là les magnifiques Belles Heures du duc de Berry, commandées entre 1405 et 1409 par le duc à ses « ouvriers », notamment, pour les enluminures et les miniatures, aux frères Pol (Paul), Jehan et Herman de Limbourg, nés vers 1380 et morts de la peste en 1416, la même année que leur seigneur. Elles sont hélas conservées au musée des Cloîtres, à New York, mais une belle exposition au Louvre, en 2012, a permis de les découvrir, et ce me fut un enchantement : ces ors, ces couleurs, ces minutieuses mises en scène, la délicatesse des lignes... Les photographies y étaient inutilement interdites, mais rien ne m’empêche de photographier une double page du catalogue de l’exposition, qui propose le fac-similé d’une grande partie de ces Heures (catalogue que je recommande vivement) :

 

 

 

frédéric tison,la librairie de jean de berry au château de mehun-sur-yèvre,1416

 

Octobre, dans Les Belles Heures du duc de Berry, Paris : Louvre/Somogy, 2012.

 

 

L’ex-libris du folio 1 a été calligraphié, non par le duc lui-même, mais par son secrétaire et bibliothécaire Jean Flamel, lequel ne serait autre que le frère de Nicolas Flamel (vers 1330-1418), l’alchimiste qui aurait, à Paris, le 25 avril 1382, à cinq heures du soir, découvert la Pierre philosophale…

 

 

 

frédéric tison,la librairie de jean de berry au château de mehun-sur-yèvre,1416

 

 

Ex-libris par Jean Flamel :
Les Heures Fist faire Très
Excellent et Puissant Prince Jehan
 Fils de Roy de France Duc de Berry
Et Dauvergne Conte de Poitou destampes
De Bouloingne Et dauvergne      Flamel.
(Source identique.)

 

 

(à suivre.)