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vendredi, 15 avril 2016

Vacance de la nuance

 

 

 

Qu'est-ce qui, aujourd'hui, après le silence, semble le plus menacé ? Je dirais volontiers : la nuance, la demi-mesure, l'équilibre — partant, le regard étonné.

 

 

 

06:26 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |

dimanche, 10 avril 2016

La voix, le rythme et la guitare-mandoline

 

 

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And Also The Trees, "Your Guess", dans l'album Born into the waves (2016)

 

Il n'aura pas échappé au Lecteur attentif de ce blogue que l'auteur de celui-ci est un amoureux transi de cette formation musicale anglaise...

Selon moi, qui n'écoute que de la musique dite "classique" (c'est-à-dire de la musique tout simplement, bien sûr), c'est là ce que devrait être la seule vraie chanson de notre temps, loin, bien loin de la "musique" industrielle affreuse qui brise et blesse tous nos silences, tandis que tout l’œuvre d'And Also The Trees est d'accompagner et de dire, avec l'élégance, la mélancolie et la mélodie d'un monde.

 

 

 

 

vendredi, 01 avril 2016

Le désir récif

 

 

 

Quelles miettes de notre pain sèmerons-nous à nos fenêtres pour nous faire aimer des plus aimables des anges parmi les oiseaux ?

 

 

 

20:11 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

mardi, 29 mars 2016

Le regard douloureux

 

 

 

 

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Chaïm Soutine (1893-1943), Les Maisons (vers 1920-1921), détail,
au musée de l'Orangerie, dans le jardin des Tuileries, photographie : septembre 2015.

 

 

Chaïm Soutine, dont j'aime beaucoup les toiles, fait partie de ces peintres qui m'ont en quelque sorte forcé de regarder autrement la peinture. J'aime la tourmente de ses couleurs âcres et sauvages, la tension de ses formes, le vent lourd, dirais-je, de sa pâte. La palette de ses Maisons de 1920-1921 est celle d'un regard douloureux : dans ces couleurs hantées, le monde s'anime et se tord, et ces maisons, ainsi que des lignes vivantes, abritent quelque attente, quelque effroi, quelque désir, et sans doute des visages et des corps dont les façades figurent les bouches ou les yeux éperdus.

 

 

 

 

dimanche, 27 mars 2016

La chair

 

 à Antire.

 

 

 

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Laurent de La Hyre (1606-1656), Adonis mort (vers 1626-1628), détail,
au Louvre, photographie : septembre 2015.

 

 

(Également l'un des plus beaux tableaux du monde. Je me souviens de son acquisition par le Louvre, vers l'an de grâce 2010, et de sa découverte, moi émerveillé parmi les salles.)

 

 

 

 

lundi, 22 février 2016

La vue myope

 

 

 

 

Une amie chère, tandis que nous visitions, il y a maintenant longtemps, une exposition de peinture, me suggéra d'ôter mes lunettes (mes yeux sont myopes depuis l'enfance) et d'apprécier ainsi, pour un moment, les tableaux. Je n'y avais jamais pensé ! Le "grain" et la "pâte" évanouis, le flou animait les lignes et les masses de couleurs à sa façon particulière. Le tableau contemplé se dotait d'une profondeur nouvelle, et vibrait autrement par endroits. Je voyais se détacher des silhouettes étranges ; des pans de la composition s'écroulaient, d'autres dansaient ; un équilibre différent se manifestait. Lorsque je remis mes bésicles, j'avais le souvenir d'un autre tableau. Mon amie m'avait convaincu de la qualité d'une telle expérience, et du privilège propre aux personnes myopes de pouvoir ainsi choisir leur regard. Depuis ce jour je ne manque pas, devant certains tableaux (je parle des tableaux qui nous appellent davantage que d'autres, dans les salles d'exposition), de refaire le même geste, quitte à me cogner bientôt dans l'embrasure d'une porte.

 

 

 

 

07:43 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Musée d'un regard | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |

vendredi, 19 février 2016

La méfiance

 

 

 

 

L'avantage d'être né dans l'ère dite électronique peu de temps avant que l'électronique, justement, ne prétende tout régir ou presque, c'est de mesurer à quel point celui-ci est peu digne de confiance, soumis qu'il est aux aléas des réseaux électriques et aux inquiétants caprices informatiques. Je publie ici, certes, quelques notes, et montre encore quelques images sur ce blogue, mais je sais que la Toile est beaucoup, et même infiniment plus fragile qu'un parchemin ou un papyrus : les gnostiques du Ier, du IIe et du IIIe siècles, s'ils avaient vécu à notre époque, auraient eu plus à craindre la perte de leur bibliothèque étonnante s'ils l'avaient confiée au seul Internet que s'ils n'avaient fait confiance à des supports "naturels", dans ces jarres de terre cuite où ils serrèrent leurs trésors écrits, ceux que le temps préserva jusqu'à nous.

 

 

 

05:28 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Traces | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

jeudi, 18 février 2016

La douceur

 

 

 

Une fine neige est tombée tout à l'heure sur Paris. C'étaient des milliers de petites mains douces qui se posaient sur la violence et le nombre.

 

 

 

10:19 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook |

mardi, 16 février 2016

In omnibus requiem quaesivi...

 

 

 

 

In omnibus requiem quaesivi, et nusquam inveni nisi in angulo cum libro (« J'ai cherché partout le repos, et je ne l'ai nulle part trouvé que dans un coin avec un livre »), écrivait vers 1400 Thomas a Kempis dans son Imitation de Jésus-Christ. Qu'écrirait-il aujourd'hui, où les « coins » propices à la lecture sont de toute part menacés, où seul, peut-être, l'habitant d'un donjon perdu dans une grande forêt pourrait être assuré de disposer d'un moment ininterrompu de lecture solitaire ?

 

 

 

 

09:40 Écrit par Frédéric Tison dans Album des phrases, Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

samedi, 13 février 2016

L'attente de la valse

 

 

 

 

Tandis que j'écoutais, tout à l'heure, Casse-Noisette et notamment la si merveilleuse Valse des Fleurs, je me disais que c'étaient là, aussi, des cendres, hélas, celles d'une certaine beauté lyrique. Certes Ravel, avec sa Valse, énorme, terrible et pulvérisée, sut prolonger encore le mouvement ; il y eut encore la bouleversante Valse coda de la Cendrillon de Prokofiev, mais il semble que la valse est définitivement morte depuis ce temps (Prokofiev composa son ballet entre 1941 et 1944).

Sommes-nous si naïfs d'attendre le nouveau compositeur d'une valse plus extrême encore que celle de Maurice Ravel ?

 

 

 

 

lundi, 08 février 2016

La pluie, la ville, le temps et quelques images

 

 

 

Certains séjours laissent un souvenir bien étrange : on a décidé, puisqu'elle était sur la route, de visiter cette ville, ses rues, ses maisons, ses églises et son musée des beaux-arts. Mais le temps manque soudain, et, surtout, une pluie impromptue, violente, infinie, se met à tomber. La chambre d'hôtel n'est pas retenue dans cette ville ; il faudra quitter bientôt les lieux. Alors, seuls quelques lieux choisis à l'avance peuvent être visités. Et l'on revient de Francfort-sur-le-Main, par exemple, avec, pour la ville, les seules images de la vue d'un pont et d'une maison d'artiste, elle-même musée ; tous les autres souvenirs du regard sont ceux des toiles que la ville recèle, et qui dès lors demeurent et se sont substitués aux visages de toute la ville.

 

 

 

05:58 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

vendredi, 05 février 2016

Les voûtes

 

 

 

Pour certains de nos mots que certains voudraient laidement décoiffer de leurs délicieux accents circonflexes, le monde bruit ces jours-ci de faux débats : la prétendue réforme de l'orthographe française de 1990, inculte et imbécile, et remise au goût du jour par de non moins sots et ignares hommes de pouvoir, ne sera pas plus suivie d'effets que celle qui prétend qu'en France, gauche et droite politiques ont encore un sens. Petite impéritie qui en masque de plus terribles, et funestes.

 

 

 

 

18:58 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |

mercredi, 03 février 2016

La forme

 

 

 

 

Bien sûr, de nombreux châteaux de la vallée du Rhin sont des reconstructions du XIXe siècle, des reconstructions en partie rêvées. Les premiers châteaux, ceux qui furent élevés aux XIIe ou XIIIe siècles, sont des souvenirs aujourd'hui revisités ; j'aime à dire que l'Allemagne les a relevés pour les seuls yeux des poètes et des amoureux. Je me souviens d'avoir eu quelque nostalgie devant ces édifices, tandis que je songeai à leur "première version", si j'ose dire (si tout château est une Idée) ; cependant, ne serait-ce que le fait même de les avoir reconstruits me séduit : pourquoi, nous Français, ne reconstruisons-nous pas les Tuileries, par exemple, ou le sublime entre les sublimes château de Mehun-sur-Yèvre, et aussi les innombrables châteaux de France détruits par Richelieu lors des révoltes aristocratiques, et plus encore Marly, joyau des joyaux qui manque à notre pays ? Et je songe que, en l'an 3000, s'il advient, l'honnête homme curieux et cultivé se souciera peu qu'un Marly date du XXIe ou du XVIIe siècle, à l'instar d'un honnête homme d'aujourd'hui, qui ne ménage pas son admiration pour un château de Stolzenfels dont les premières pierres furent pourtant du XIIIe siècle, et le rêve réalisé (ou retrouvé), du XIXe.

 

(Et puis, la constance n'est-elle pas, avec la gentillesse, parmi les plus extrêmes, les plus rares des qualités ?)

 

 

 

 

05:50 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

mardi, 02 février 2016

Et Schubert

 

 

 

Parfois, lorsqu'on écoute quelque Rondo ou Sonate de Mozart, on se dit : « Il n'est rien de plus beau... » Et puis, on écoute Schubert, par exemple la Fantaisie en fa mineur, et l'on se dit : « Tout de même... »

 

 

 

jeudi, 28 janvier 2016

Mon château imaginaire, sur le Rhin (Ô Pfalzgrafenstein !)

à François.

 

 

 

SAM_1738.JPG

 

Le château-fort de Pfalzgrafenstein (construit en 1328 par Ludwig le Bavarois et jamais détruit),
château-péage jusqu'en 1866, près de Kaub,
dans la vallée du Rhin, dans la Rhénanie-Palatinat,
photographie : août 2015.

 

 

Ah ! Ce château en forme de bateau surgit lors de mon voyage comme un rêve ! Parmi les lieux où sur la terre mes pas m'ont mené, je retiendrai à jamais cette merveille, vraie demeure pour les musiciens, pour les poètes, pour les désespérés et les solitaires ; oui, je m'en souviendrai toujours ; voici le lieu dont je sais que c'est là que j'aimerais vivre.

 

Un château sur un fleuve, un château sur l'île d'un fleuve... C'était là une station de péage pour les vaisseaux du Rhin, chargés de marchandises ; le passé savait mêler au pratique et à l'utile l'élégance et le Beau ; quel grand de ce monde, aujourd'hui, pourrait concevoir de tels barrages ?