Du silence

 

 

Moi qui trouve intolérable le bruit que la vie commune fait subir aux âmes humaines solitaires, surtout lorsqu'il est question de vivre dans une grande ville sans assez d'argent pour fuir là-bas, là-bas, ni s'enfuir de ce corps raté, moi qui n'aime que la musique choisie, le chant des oiseaux, les paroles amoureuses et les murmures, j'aime les nuages.

 

Les nuages sont silencieux.

 

 

 

De la lâcheté

 

 

Le fait qu'on puisse raccrocher au nez de quelqu'un, au téléphone, est l'une des formes modernes de la lâcheté. Auparavant, il y avait des silences plus dignes, mais non moins lâches, bien entendu.

 

 

 

 

4 000

 

 

 

Il y a désormais plus de quatre mille billets, photographies et notes sur ce blogue que je tiens depuis 2013. Naturellement, la majorité de ces publications est tombée dans l'oubli. Je n'ai moi-même pas le temps de m'y plonger, même s'il est ici question d'un athanor... Tant de cendres, que je fouille mal... Émile Littré ni l'Académie française ne retiennent le singulier du mot archive ; pour moi, il est correct, pourtant. En publiant ou republiant quelques photographies du passé, il me semble que je fais vivre l'archive de mes yeux.

 

 

 

De la tendresse

 

 

La tendresse — son excès et son absence — est l'explication de toute la prostitution.

 

 

 

Des voyages

 

 

Depuis que, à l'instar de chacun, je ne puis plus voyager, tous mes voyages dansent et virevoltent en moi, avec le souvenir et l'amour.

 

 

 

Des princes

 

 

 

Il y a des princes conscients, des princes inconscients ; des princes constants, des princes inconstants. C'est ainsi, et les nuages passent.

 

 

 

À Ribadesella

 

 

 

 

À Ribadesella, en Espagne (voir Le Dieu des portes, Cahier I., poème XIII, page 21) :
portrait de l'auteur par F. C., photographie : juillet 2006.

 

 

(J'ai toujours beaucoup aimé les photographies "ratées" quand elles sont réussies.)

 

 

 

41

 

 

Je viens d'écouter la Symphonie n° 41 de Mozart. Mon Dieu, mon Dieu, c'est la plus belle musique du monde.

 

 

 

Portrait flou

 

 

Il faut avoir des portraits flous de soi pour se connaître et paradoxalement se devancer.

 

 

(vers 1994-1995.)

 

 

 

D'un chant

 

 

 

Les oiseaux chantent à tue-tête, ce matin, depuis deux heures. Ils ont effacé tous les guillemets du langage !

 

 

 

De la musique

 

 

Toute la musique est une passion inachevée.

 

 

 

Du poème

 

 

Le poème est d'habiter ; il est également le désir de danser.

 

 

 

Deux anges après

 

 

« Deux ans jour pour jour après l'incendie de Notre-Dame de Paris », etc., dit un journaliste sur Radio Classique, lors des "Informations", au sujet de la visite du président de la République venant observer les travaux en cours dans la cathédrale meurtrie ; le journaliste a prononcé si étrangement les deuxième et troisième mots que j'ai entendu, tout d'abord, « deux anges jour pour jour »...

 

 

 

Des lettres et de l'encre

 

 

Nos lettres sont des oiseaux confondus.

 

 

 

De la chevêchette d'Europe

 

 

Je ressemble beaucoup à la chevêchette d'Europe. Solitaire sur ma petite branche, je chante, même si je ne saurais chanter aussi bien qu'elle. (Parfois, il n'y a rien d'autre à prononcer que ce son qu'elle émet adorablement.) Ô le chant de la chevêchette !