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mercredi, 27 janvier 2016

Le trobar

 

 

 

J'ai souvent pensé que Mallarmé avait tenté, à sa manière, de proposer les trois facettes, les trois "styles" du trobar médiéval : le trobar leu, cet art léger du poème, clair, "facile", serait illustré par ses vers de circonstance ; le trobar ric, ce style resplendissant, puissant, aux arcanes complexes et raffinés (si bien qu'il est souvent difficile de le distinguer du troisième style) par Hérodiade et une bonne moitié de ses Poésies ; le trobar clus, alchimique, clos, "hermétique", celui de Raimbaut d'Orange, par le Faune, et les Sonnets, parmi lesquels, bien sûr, celui du ptyx.

 

 

 

 

06:55 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |

jeudi, 21 janvier 2016

Le lecteur, ses livres et ses lectures

 

 

 

Quelqu'un, me voyant attablé à une terrasse de brasserie, se joint à moi et, constatant que je lis Les Entretiens du Bouddha, me dit : « Ah, tu es bouddhiste ? »... Mais bien sûr, lorsque je lis les Propos de table ou Du serf arbitre de Luther je suis en train de me convertir au protestantisme, et le lendemain, tandis que je feuillette les Hymnes delphiques ou les Chants à Orphée j'ai bien l'intention de renier mon baptême, interroger la Pythie, devenir quelque myste d'Éleusis ou sacrifier à Cybèle.

 

 

 

lundi, 28 décembre 2015

Miroir du poème

 

 

 

Il est des moments où nous pensons nous être trompés depuis toujours ; les pensées, les lectures, les images, tout ce que nous pensâmes nôtres, tout cela nous semble vain, ridicule, amer. Et puis nous relisons un poème immortel, le dizain CCCXXXV de Délie, par exemple, ou « La Vie antérieure », et l'horizon du livre se double d'un horizon de terrasse, où nous reprenons notre promenade et nous ressouvenons de nos danses.

 

 

 

05:55 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

lundi, 21 septembre 2015

Le Fil du rêveur — Un premier disque

 

 

 

 

SAM_3010.JPG

 

Le Fil du rêveur est un ensemble vocal et instrumental (Magali Fadainville : chant, lecture - Sébastien Liman : violoncelle, chant, lecture - Étienne Orsini : chant, lecture - Matteo Pittoni : guitare, chant, lecture - Mathilde  : violon, chant).

 

Vient de paraître le premier disque du Fil du rêveur,
L'Échappée perpétuelle
.

 


Dans ses spectacles, l'ensemble mêle chants du monde et compositions aux sonorités des poèmes d'Étienne Orsini, l'un des membres du groupe.

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Le disque reprend certaines de ces œuvres,
ainsi que des mélodies sur des poèmes de Ingeborg Bachmann et J. W. Goethe.

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Il contient également l'interprétation d'une mélodie composée par Magali Fadainville sur l'un des poèmes d'Une autre ville, cahier de poèmes illustré que je publiai en février 2013.

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Pour se procurer le disque :

c'est ici.

 

 

SAM_3009.JPG

 

CAELO MVSA BEAT.

 

 

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Entretien avec Jean de Rancé sur une mise en musique.

 

 

 

mercredi, 19 août 2015

Cellula quae meminit

 

 

 

« Cellula quae meminit est cellula deliciarum » (« La petite cellule qui se souvient est une petite chambre des plaisirs »).

 

Geoffrey de Vinsauf, Poetria Nova (Nouvel Art poétique) (vers 1210), cité et traduit par Mary Carruthers, Machina memorialis : méditation, rhétorique et fabrication des images au Moyen Âge (400-1200), Paris : Gallimard, 2002, p. 155 (Bibliothèque des histoires).

 

 

 

 

11:18 Écrit par Frédéric Tison dans Album des phrases, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

mercredi, 08 juillet 2015

Minuscule

 

 

Le poème est l'acte le plus difficile au monde.

 

 

 

 

 

19:12 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

mardi, 07 juillet 2015

Retour d'une promenade

 

 

 

Déjà le passant curieux connaissait, dans la ville, ces si nombreux visages qui ne regardent pas, qui ne croisent aucun regard, qui ne lèvent pas les yeux vers les arbres, le ciel, l'harmonie des façades ou le pittoresque d'un détail. Désormais se multiplient les visages qui n'écoutent pas, affublés qu'ils sont d'« oreillettes » comme de laisses canines ; les corps passent, insensibles, pressés, indifférents à tout ce qui n'est pas eux. L'homme dans la ville moderne est devenu un obstacle, et c'est à peu près tout. À Paris, la progressive disparition des bancs publics, dans les rues, ajoute encore à  cette hostilité froide qui se prétend fluidité. Et dire que l'on déplore la raréfaction de l'amitié, du poème, et des amis du poème, comme si cette dernière ne trouvait pas là quelque mauvaise source ou quelque accompagnement !

 

 

 

 

16:56 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

dimanche, 14 juin 2015

Multiplication heureuse

 

 

 

Il est des poèmes qui en déclenchent d'autres, sans même que ces derniers soient influencés par les premiers.

 

 

 

19:15 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook |

jeudi, 21 mai 2015

D'un iconoclasme

 

 

 

Notre temps est peut-être celui d'un iconoclasme nouveau : la prolifération d'images de toute sorte, sans hiérarchie, vide et détruit à la fin toutes les images, et parmi elles les plus belles et les plus fécondes, entraînées dans une danse macabre où l'icône, où les visages, les paysages ne sont plus que les ombres d'eux-mêmes, ne sont plus que des moments vite remplacés, vite oubliés.

 

(C'est de la même façon qu'est ensevelie la parole du poème.)

 

 

 

lundi, 09 février 2015

Absence, présence

 

 

 

Que le silence s'écoute, voilà bien, sans doute, ce qu'il faut rappeler — qu'il s'écoute avec la même oreille qui souffre ou s'enchante des bruits, avec la même ferveur qui nous étreint et nous emporte lorsque nous écoutons la musique, et semblablement au chant lointain qui est en nous, qui revient parfois, l'indicible chant que pourtant la tâche du poème est de tenter de dire. Il semble alors certain que le silence est une source, dont l'origine indéchiffrable, énigmatique, se cherche et remonte en nous, comme le chant que nous traquons.

 

 

samedi, 13 décembre 2014

Et pendant ce temps...

 

 

 

 

Tous les lieux magnifiques, toutes les sonates, toutes les symphonies, tous les opéras, toutes les peintures, tous les dessins, tous les livres et tous les poèmes sont là, qui nous attendent mais n'ont pas besoin de nous attendre et sont, tandis que l'on discute et que l'on "débat" d'à peu près tout ce qui n'est pas lieu, musique, peinture ni poésie. Le monde les a bien souvent considérés comme des marges, mais aujourd'hui ces limbes atteignent des proportions immenses, proportions qu'elles n'ont peut-être jamais connues.

 

 

 

 

 

dimanche, 05 octobre 2014

Encore choisir

 

 

 

 

J'évoquais l'impossible choix entre ystoire et histoire, il y a très peu, et faisais quelque parallèle avec le poème selon Jouve ou Valéry, ou qui sais-je. J'oubliais Wagner et Debussy, à un point nodal, peut-on croire, celui des marins qui chantent : devrais-je choisir  entre le chœur, mâle et turgescent, de ceux qui hissent virilement les voiles du Vaisseau fantôme, et celui, évanescent, éperdu, qui accompagne le navire de Mélisande qui s'en va, qui l'avait emportée avec Golaud vers Allemonde, et qu'avec Geneviève elle entend s'éloigner des jardins près de la mer ? Non pas !

 

 

 

samedi, 04 octobre 2014

La Librairie de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre, en 1416 (6)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 12. Un Psaultier escript en latin et françois, et très-richement enluminé, où il a plusieurs histoires [miniatures peintes] au commencement de la main de feu maistre André Beauneveu, couvert de veluyau vermeil, à deux fermoers d’or esmaillés aux armes de Mons._100 liv.»

 

 

André Beauneveu (vers 1335-vers 1400), peintre, sculpteur et enlumineur, fut dans les années 1380, après avoir été à celui de son frère Charles V, au service de Jean de Berry, avec le titre de « Surintendant de toute peinture et de sculpture » pour le Berry. Il participa à l’embellissement du château de Mehun-sur-Yèvre et de la chapelle du palais de Bourges.

 

Ce livre, connu aujourd’hui sous le nom de Psautier de Jean de Berry, est encore conservé à la Bibliothèque nationale de France : on peut le consulter ici.

 

Voici une ystoire*, une miniature de la main de l’artiste, issue de ce livre et représentant le roi David :

 

 

André_Beauneveu_001.jpg

 (Source)

 

 

(à suivre.)

 

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* L'orthographe hésita longtemps entre histoire et ystoire, comme entre hiver et yver. De même, clef et clé coexistent encore. Il me serait douloureux de renoncer aux uns comme aux autres, s'ils sont également beaux. Choisir, ici, serait un peu comme élire Pierre Jean Jouve contre Paul Valéry, que le premier n'aimait pas, ou Rimbaud contre Racine, que la "Lettre du Voyant" du 15 mai 1871 traite de « Divin Sot », mais ne sommes-nous pas au-delà de ces pourtant hautes querelles, si l'esprit de la poésie nous apparaît désormais plus ondoyant que naguère, peut-être, et surtout plus menacé ?

 

 

 

 

samedi, 14 juin 2014

Étrangeté

 

 

 

 

Quels que soient l'intelligence et l'amitié, et la douleur et le désir, et le bruit ou la musique ou le vent, il est étrange de savoir, avec certitude, que l'on est le seul, en ce jour, à ce moment-là, à cette seconde, que l'on est le seul à lire ce poème-là.

 

 

 

 

 

20:32 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

samedi, 03 mai 2014

Lointains (et rivages)

 

 

 

 

Si la poésie est le rêve du poème qui rêve qu'il est un poème, où sont les rêveurs ?

 

 

 

 

(TON RÉCIF DÉSIR.)