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vendredi, 24 janvier 2014

Weltschmerz

 

 

 

Le plus beau des châteaux rêve de sa forme.

 

 

 

 

 

09:00 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules | Tags : frederic tison, minuscule | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

jeudi, 23 janvier 2014

« Poèmes choisis »

 

 

 

 

Poèmes de Paul Farellier,
sur le site de la revue de poésie en ligne Recours au poème.

 

C'est ici.

 

*

 

 

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(à Paul Farellier.)

 

Joachim Wtewael (1556-1638), Persée secourant Andromède (1611), détail,
Musée du Louvre, photographie : octobre 2012.

 

 

 

La bibliothèque de Charles d'Orléans, à son château de Blois, en 1427 (8)

 

 

 

Introduction.

  

 

 « 18. Le Livre de Vegece de chevalerie, en françois, lettre de forme, sans histoire, couvert de cuir rouge marqueté, à deux petiz fermoers de cuivre. »


« 19. Le Livre de Vegece de chevalerie, avecques le testament de maistre Jehan de Meun, escript en françois, lettre de forme, historié, couvert de veloux noir, à deux petiz fermoers de cuivre. »

 

Ces deux livres contiennent la traduction augmentée du livre De re militari, un ouvrage de tactique militaire composé par l’écrivain romain Végèce (fin du IVe siècle-Ve siècle). Si cet ouvrage fut traduit de nombreuses fois, notamment par l’érudit Jean de Vignay (vers 1283-après 1340, cf. le livre 3. de cet inventaire), la mention du « testament » qui suit le texte traduit indiquerait qu’il s’agit, du moins pour le livre 19., de la traduction, publiée en 1284, du continuateur (après Guillaume de Lorris) du Roman de la Rose, Jehan de Meung (vers 1240-vers 1305).

 

« 20. Le Psautier, en françois, en deux volumes, à lettre de forme, sans histoires, couvers de veloux vermeil. Chacun volume a deux fermoers semblans d’argent dorés, dont l’un est esmaillié et armoyé aux armes de Monseigneur. »

 

Il me semble curieux que ce recueil de Psaumes n’ait pas été enluminé, comme c’était l’usage, du moins pour la collection de tels seigneurs ; sa qualité de traduction en français explique peut-être cela, seul le texte latin (ou grec) méritant un tel embellissement.


(à suivre.)





Deux fragments de la chambre d'une veuve de roi de France

 

 

 

 

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Chambre de Louise de Lorraine-Vaudémont (1553-1601,
reine de France (1575-1589), veuve de Henri III),
au château de Chenonceau,

photographie : novembre 2013.

 

 

 

mercredi, 22 janvier 2014

Échange

 

 

 

 

Les poèmes sont ainsi que des visages humains dans la ville ou sur un chemin : seuls les regards qui les croisent avec le désir ou l'amitié les regardent vraiment, seuls ceux qui voudraient les retenir.

 

 

 

 

17:07 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules, Sur le poème | Tags : frédéric tison, minuscule, poème | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

Le dernier de la maison de Valois

 

 

 

 

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François Clouet (1515-1572), Le duc d'Anjou (futur Henri III de France),
collection du château de Chenonceau, chambre de Louise de Lorraine,
photographie : novembre 2013.

 

 

 

Mercure et l'Amour

 

 

 

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Le Corrège (Antonio Allegri, 1489-1534), L'Éducation de l'Amour (vers 1525), détail,
collection du château de Chenonceau, photographie : novembre 2013.

 

 (Voir le tableau entier dans l'album "Musée d'un regard")

 

 

 

mardi, 21 janvier 2014

Couleurs du Corrège

 

 

 

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Le Corrège (Antonio Allegri, 1489-1534), L'Éducation de l'Amour (vers 1525), détail,
collection du château de Chenonceau, photographie : novembre 2013.

 

 

 

La bibliothèque de Charles d'Orléans, à son château de Blois, en 1427 (7)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 16. Le Livre du chemin de long estude, en lettre courant, en françois, couvert de cuir rouge marqueté, à deux fermoers en cuivre. »

Christine de Pisan (1364-1430) est l’auteur de ce beau livre en vers, Le Chemin de Longue Étude (1403), dédié à Charles VI. La narratrice, nommée Christine, raconte comment, alors qu’elle était seule et désespérée, elle reçut durant son sommeil, dans une vision, la visite de la Sybille de Cumes. Celle-ci l’entraîne dans un voyage extraordinaire (le « chemin de Longue Étude ») : Christine découvre le monde, les lieux bibliques et légendaires, elle s’approche du paradis terrestre dont l’entrée est toujours interdite, puis elle gravit, par le moyen d’une échelle, l’air, l’éther, le feu, l’Olympe et le firmament (les cinq ciels). Au firmament, elle assiste à un débat animé entre plusieurs Dames, personnifications de la Sagesse, de la Noblesse, de la Chevalerie et de la Richesse, au sujet du remède à apporter aux guerres incessantes entre les hommes et à leur cortège de malheurs et de destructions. Dame Raison, leur reine, décrète qu’il faut trouver un homme parfait à même de gouverner harmonieusement le monde. Chaque Dame plaide sa cause : Sagesse décrit l’homme parfait sous l’aspect de la bonté et du savoir incarnés, Noblesse souhaite que cet homme soit issu d’une illustre lignée, Chevalerie insiste pour qu’il soit preux et invincible, Richesse pour qu’il soit l’homme le plus riche du monde. Le conseil de Raison, malheureusement, ne peut trancher en faveur du héros de l’une ou l’autre Dame. C’est alors qu’il décide de confier la résolution du débat à une cour terrestre, la plus grande et la meilleure étant la cour de France (c’est l’évidence même). Christine sera chargée par la Sybille d’être la messagère de la cour de Raison auprès des princes français.

Il s’agirait de l’exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale de France : le manuscrit B, coté 1643.

 

« 17. Le Reclus de Morléans, contenant plusieurs aultres traités en lettres de forme, neuf, couvert de cuir rouge marqueté, à deux fermoers de cuivre, historié, et à lettres d’or partout. »

Il s’agit, d’après le bibliothécaire, conservateur à la Bibliothèque nationale et érudit français d’origine flamande Joseph Van Praët (1754-1837), d’un livre de morale ascétique, en vers, Le Roman de Charité, écrit, au XIIe ou au XIIIe siècle, par un auteur qui se nomme « le Reclus de Morléans », ou « de Morlians » ou encore « de Moliens » (s’agit-il de la commune française picarde ?). On trouve sous sa plume un autre ouvrage intitulé Le Miserere.

 

 

(à suivre.)

 

 

lundi, 20 janvier 2014

Ailes & chien

à Antire.

 

 

 

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Détail du tableau du Primatice (Francesco Primaticcio, 1504-1570), Diane de Poitiers,
collection du château de Chenonceau, photographie : novembre 2013.

 

 

 

 

Absence dans les jardins

  

au "voyageur".

 

 

 

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Jardins de Diane de Poitiers, château de Chenonceau,
photographie : novembre 2013.

 

 

 

(Je m'amuse beaucoup de certains commentaires émanant de l'un de mes aimables et distingués Lecteurs, qui signe, ici, du nom de "voyageur", s'étonnant du fait que mes photographies, le plus clair du temps, ne montrent des lieux mis en images que des espaces vides, ou presque, de toute présence humaine. C'est évidemment volontaire : lorsque je me promène parmi la splendeur, j'attends, pour prendre une photographie, que les autres promeneurs aient fait place nette. Puis il me semble que je visite ces lieux lorsque d'autres déjeunent ou se hâtent de partir pour quelque autre "loisir". Mais il s'agit surtout d'harmonie : il me déplairait beaucoup de prendre en photographie ces gens qui viennent là sans savoir se vêtir (et ces gens sont le nombre), vêtus indiscrètement de couleurs criardes ou sans élégance : il me faudrait des princes ou des ombres, ne l'ai-je pas, me semble-t-il, déjà écrit ?)

 

 

 

 

 

dimanche, 19 janvier 2014

Le luxe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Frédéric Tison, Les Effigies, un carnet de photographies (2009-2013),
auto-édition Blurb, 2013. 160 pages, 76 photographies (couleur et noir & blanc) 

Édition en grand format

 

 

 

 

Regard de 1606

 

 

 

 

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Jean van Ravesteyn (1572-1657), L'Homme à la collerette (1606),
collection du château de Chenonceau, photographie : novembre 2013.

 

 

 

 

De l'inventaire

 

 

 

 

Dans les petits exercices auxquels je me livre dans mon carnet, reproduits ici, et qui consistent à décrypter tant bien que mal l’inventaire de la bibliothèque de Charles d’Orléans au château de Blois, en 1427, il m’apparaît que décider du choix des informations contenues dans mes petites notices est une tâche plus difficile que dénicher les sources elles-mêmes des livres de cet inventaire.

 

 

Mon Lecteur, en effet, n’est pas un enfant dont je serais le professeur, ni une personne inculte dont l’esprit caligineux attendrait mes lumières… Me voilà néanmoins qui précise ingénument que les Métamorphoses d’Ovide sont, en Occident,  un livre aussi essentiel que la Bible et Homère, et que Jean Froissart est né vers 1337 et qu’il est mort vers 1404, et me voilà encore expliquant ce qu’est la Légende dorée… Mais à qui donc suis-je censé m’adresser ? Et, dès lors, quelles précisions donner, lesquelles éluder, quelle complicité supposer entre mon Lecteur et moi, quelles réminiscences, quelles coïncidences livresques, quelles affections et connaissances communes ? Aussi bien tous les éléments que j’indique me seraient-ils, d’abord, des aide-mémoire — c’est en les écrivant dans les pages virtuelles de ce carnet que je les retiendrais. (Or je vérifie ce point chaque jour : consigner par écrit quelque chose me permet presque immanquablement de me le remémorer.)

 

 

La question de savoir ce que je préciserais dans mes notes apparaît alors sous un autre jour : j’en dirais trop, ou pas assez ; trop, si mon Lecteur sait déjà qui est Froissart, et je pourrais rayer la mention « (vers 1337-vers 1404) » ; pas assez, si je considère que mon entreprise est celle d’un "dépôt", d’une "consigne", d’une tentative de mémoire écrite, moins fragile qu’une autre, et, parfois, la condition de celle-ci.

 

 

La première solution aboutirait à des notes plus sèches et plus elliptiques que des articles de dictionnaires ; la seconde, à des recherches infinies — à des sentiers, des carrefours, des tropismes rêveurs, à l’inépuisable… (Mais mon Lecteur, qu’il se rassure... (s'il s'inquiétait), me verra, dans la suite de l’inventaire des livres de Charles d’Orléans, conserver la même présentation. Je ne fais là qu'interroger des chemins.)

 *

 

Si j’évoque, comme à propos du livre 2. de l’inventaire de Blois, les Métamorphoses, ne devrais-je pas, outre donner sa date de composition (on pense que le poète commença à les écrire en l’an 1 après Jésus-Christ— ce que j’ai toujours trouvé extraordinairement évocateur ou symbolique — pour les achever vers l’an 10) et les dates de naissance et de mort de son auteur, décrire le contexte dans lequel elles naquirent ? Ne devrais-je pas raconter en détail la vie d’Ovide ? Ne m’emploierais-je pas à recenser les diverses traductions de ses hexamètres dactyliques, « moralisées » ou pas ? J’analyserais d’abord la métrique latine, je commenterais les métaphores. Je dresserais le sommaire de l’ouvrage. Et, pour être assez complet, j’en donnerais, à la suite de ma présentation, le résumé de toutes les légendes, et je citerais tous les personnages qui apparaissent dans ce livre, et toutes les variantes de leurs aventures, selon Pausanias ou Apollodore, et d'autres, dont les livres sont perdus, et je pourrais tout inventer, tout imaginer encore. Ensuite, il me faudrait proposer du poème le texte original, puis le texte intégral de toutes ses traductions anciennes et modernes. Je ne manquerais pas d’établir une table des concordances, deux ou trois index thématiques, un glossaire, une bibliographie détaillée, un sommaire enfin.

 

 

Mais cela ne suffirait certes pas. Il me faudrait noter les sources livresques des Métamorphoses, Hésiode, Homère, les fragments des Parthénées d'Alcman, et les Hymnes orphiques… Je parlerais encore d'Aulu-Gelle et de ce qu'il trouva, comme il le narre dans ses Nuits attiques, sur les quais d'un port en compagnie d'un ami, un peu plus tard... Mais je remarquerais aussi que le Livre I. des Métamorphoses ressemble, pour une part, et curieusement, au commencement de la Genèse, et il me faudrait parler de ce livre-là, examiner les correspondances, et le Déluge et l’Arche… M’appartiendrait alors de citer tout le premier livre du Pentateuque, en hébreu puis en grec, en copte pourquoi pas, en latin, et toutes ses traductions françaises, de celle de Jean Le Bon, au XIIIe siècle, à la Bible de Charles V par Raoul de Presles (1377), de celle de Jean de Rély (1487) à la Traduction œcuménique, aujourd'hui, à la Bible de Jérusalem, à celle du chanoine Crampon, à celle d’André Chouraqui…  J’indiquerais, en des notes de bas de page, tout l’embrouillamini des variantes, des couches de rédaction, des interpolations. Et je pourrais alors me demander, au terme de la présentation des commentaires (et des commentaires de commentaires, cela va de soi) de la Genèse par les Pères de l’Église d'Occident et d'Orient, quand Yahvé a créé les anges, si c’est avant le Premier Jour ou bien au même moment que les oiseaux… Ces bribes d’angélologie savante m’entraîneraient sur les chemins des pseudépigraphes, des manuscrits de Qumrân, des traités extravagants, des Apocalypses bizarres, des apocryphes fragmentaires, des livres perdus, ceux que citent les auteurs des livres hébraïques "canoniques" ; puis j’évoquerais les hérésiarques, et Marcion, pour commencer. (Une note de bas de page rêverait alors de la gnose au nom équivoque, pour évoquer ensuite, avec l'esprit de l'escalier (un escalier d'Escher, et dès lors j'évoquerais les "objets impossibles" du grand artiste), Origène, Irénée de Lyon, et, plus tard, en empruntant un autre escalier, les mystiques rhénans, Nicolas de Cues, Maître Eckhart, Henri Suso, Jean Tauler, etc. (une note de cette note (mais elle deviendrait un livre) rappellerait la lecture d'Érasme (mais, pour bien entendre l'érudit magnifique, quelques rappels à Luther seraient nécessaires (à Melanchthon, à Calvin)).)

 

(J'ajouterais des parenthèses, des italiques, des astérisques, des "(sic)" et de vraies étoiles mortes, comme dans la Voie lactée.)

 

 

Pour éclairer encore mon propos, me reviendrait de présenter, à travers des photographies que j’aurais prises (il est si facile, pour les auteurs de beaux-livres, de faire appel aux photographes assermentés par les musées !), une merveilleuse sélection de tableaux peints d’après Ovide, par Poussin, par Le Brun, par Coypel, par Rubens encore, par d’innombrables peintres, dessinateurs, sculpteurs, qui firent voir les épisodes de l’un des plus riches ouvrages qui fussent.  

 

 

Alors je parlerais également, par exemple, des Six Métamorphoses d’après Ovide, pour hautbois, qu’en 1951 composa Benjamin Britten, et qui célèbrent Pan, Phaéton, Niobé, Bacchus, Narcisse et Aréthuse. (Et je dirais pourquoi tout le livre d'Ovide parle de l'oiseau.)

 

 

Ainsi je me ferais historien, exégète, philologue, épigraphiste, mythographe, théologien, iconographe et musicologue. Il me faudrait encore tracer des cartes, car je n’aurais pas encore parlé des territoires, des villes, des paysages ; mes complexes atlas seraient géographiques et historiques… Il me faudrait tant et tant de pages et de croquis et d’annexes et d’appendices que, certainement, le monde entier ne suffirait pas pour les contenir.

 

 

 

 

 

 

Benjamin Britten (1913-1976),
Six Métamorphoses d'après Ovide (1951),
"Pan", "Phaéton".

Nancy Ambrose King, hautbois.

 

 

 

 

samedi, 18 janvier 2014

« Éclater là-haut perdu »

 

 

I.


Quelconque une solitude
Sans le cygne ni le quai
Mire sa désuétude
Au regard que j'abdiquai

Ici de la gloriole
Haute à ne la pas toucher
Dont maint ciel se bariole
Avec les ors de coucher

Mais langoureusement longe
Comme de blanc linge ôté
Tel fugace oiseau si plonge
Exultatrice à côté

Dans l'onde toi devenue
Ta jubilation nue

 


II.


Indomptablement a dû
Comme mon espoir s'y lance
Éclater là-haut perdu
Avec furie et silence,

Voix étrangère au bosquet
Ou par nul écho suivie,
L'oiseau qu'on n'ouït jamais
Une autre fois en la vie.

Le hagard musicien,
Cela dans le doute expire
Si de mon sein pas du sien
A jailli le sanglot pire

Déchiré va-t-il entier
Rester sur quelque sentier !

 

 Stéphane Mallarmé, « Petit air ».

 

 

 

19:41 Écrit par Frédéric Tison dans Album des phrases | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |