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mercredi, 01 janvier 2014

Ce qu'enseignent (les châteaux et) les villages

 

 

 

Les immeubles cachent l'aube (et le crépuscule).

 

 

 

 

10:41 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules | Tags : frédéric tison, minuscule | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

vendredi, 20 décembre 2013

Cette barque

 

 

 

J'aurai aimé cette barque à moitié pourrie, envahie par la terre et les herbes, délaissée depuis combien de temps ? là sur la rive de la rivière d'un joli village, et cependant quelque peu fière, n'ayant pas consenti encore à s'effondrer, et conservant presque intacte sa forme, sa beauté.

 

 

 

09:26 Écrit par Frédéric Tison dans J'aurai aimé, Minuscules | Tags : frédéric tison, minuscule, barque | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

jeudi, 12 décembre 2013

Gloire d'Érasme

 

 

 

Georges Minois, dans son excellente Histoire de la célébrité (excellente, comme tous ses livres ; c'est avec Paul Veyne, Maurice Lever et Michel Pastoureau, l'un des meilleurs historiens de notre temps), écrit que le personnage d'Érasme mériterait d'accéder à la célébrité contemporaine, si nous devions élire une figure incarnant l'idée belle de l'Europe, si celle-ci, renchérirai-je, avait un vrai visage, une vraie grandeur, si elle proposait à notre cœur et à nos regards autre chose que des décrets et des lois blêmes et mécaniques détachés de tout idéal, si elle était humaine en somme, si elle savait d'où elle vient.  

L'historien, à ce propos, se demande qui connaît encore le grand humaniste. Mon Dieu, serait-ce vrai que peu de monde se souvienne de son nom ? Cela m'est étrange. Qu'Érasme, cet homme immense, l'un des hommes d'influence les plus bienveillants, honnêtes et lucides qui fussent en Europe, soit négligé de nos jours, est sans doute une catastrophe véritable, bien plus grave que tous les maux que décrivent à l'envi les contempteurs contemporains de notre modernité, ces politiciens, écrivains, philosophes, bien plus préoccupés, dans leur intérêt personnel ou en raison de leur propre impéritie, d'alimenter l'inquiétude médiocre des uns, ou d'entretenir l'identité vacillante des autres, que de renouveler l'esprit de l'Europe, lequel meurt aussi devant tant de défauts. 

 

 

 

 

samedi, 30 novembre 2013

Le passé de Pétrarque

 

 

 

Lorsque je me promène dans une belle ville, je pense souvent à Pétrarque : visitant Rome, en 1337, celui-ci prit plaisir à se promener parmi les ruines éparses de la Vieille Ville en compagnie d'un guide, un frère franciscain de la famille des Colonna. Le poète du Canzoniere raconte, dans l'une de ses Épîtres familières, comment il trouvait des indices du passé en lisant les inscriptions qu'on distinguait sur les pierres ; il se constituait également une collection de pièces de monnaie anciennes, qu'il considérait comme une galerie de portraits des empereurs romains. Mais, au XIVe siècle, de même qu'aux XIIe et XIIIe siècles les fragments des temples anciens servaient de fondations aux cathédrales et aux églises, on continuait de considérer les anciens édifices ainsi que des carrières ; et lorsqu'on ouvrait les rues et découvrait des statues anciennes, on jetait sans vergogne ces dernières dans des fours à chaux, au point que, bien tardivement, hélas, deux papes durent taper du poing sur la table : le 28 avril 1462, Pie II émit une bulle qui protégeait notamment les monuments autour du Capitole, le Forum et le Colisée, et plus tard le pape du Concile de Trente, Paul III, prit l'initiative de remettre en vigueur la peine de mort, datant de la Rome antique, contre ceux qui s'aviseraient de considérer de semblables merveilles comme de simples matériaux de construction. Même si je sais que jamais la beauté n'est vainqueur, parmi les hommes et les sociétés, de l'utile et du nécessaire, je ne cesserai pas de m'étonner devant tant d'aveuglement et tant d'irrespect, dont nombre d'architectes modernes sont la contemporaine incarnation, qui défigurent nos villes et nos villages. Au moins, sans doute, leurs prédécesseurs avaient-ils l'excuse relative de prétendre construire plus beau que l'ancien, car leurs réalisations furent au moins aussi belles. Ainsi je pense à Pétrarque qui vit de ses propres yeux, il y a seulement sept cents ans, des trésors qui, de son temps, dataient d'au moins mille trois cents ans, et j'essaie de retrouver son regard lorsque dans sa belle correspondance il évoque la beauté de lieux qui pour nous ne sont plus que des ruines arasées, plus ou moins bien reconstituées. Ainsi dans une belle ville je ne puis jamais m'empêcher de songer aux belles ruines qu'elles seront en l'an de grâce 2150 ou 3013, et devant lesquelles un autre garçon que moi écrira quelques lignes qui ressembleront aux miennes, ici. Peut-être pensera-t-il à moi, qui sait ?...

 

 

 

 

lundi, 25 novembre 2013

La tranche et le dos

 

 

Je me demande d'où vient l'erreur, qu'on lit partout, qui consiste à confondre la tranche et le dos d'un livre. Le dos du livre, c'est-à-dire ce que l'on voit habituellement* de ce livre lorsqu'il est rangé sur un rayonnage, est souvent appelé tranche, sans que l'absurdité de cette appellation fautive soit relevée : en quoi cette partie du livre, qui, justement, et naturellement, est reliée, serait-elle issue d'une opération de tranchage, serait-elle tranchée ?

 

Serait-ce que beaucoup de nos contemporains ne souhaitent plus regarder en arrière, et que par contamination le terme de "dos", pour une partie d'un livre, ne fait plus sens et n'apparaît plus indiqué ? Je ne sais plus où j'ai lu que le dos figurait le Père, que le dos était le Passé.

 

 

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* Habituellement : en effet (mais il s'agit là d'une pratique très marginale), les bibliothécaires de la Bibliothèque du Monastère royal de l'Escorial, au nord de Madrid, disposent les livres de façon à ce que la tranche, et non plus le dos, soit visible, selon une recommandation de Hernando Colomb, le fils du navigateur.

 

 

 

 

mercredi, 30 octobre 2013

La Nuit

 

 

 

 

Peut-être le pire crime des grandes villes est-il de nous priver du spectacle des étoiles.

 

 

(Note auvergnate.)

 

 

19:48 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules | Tags : frédéric tison, minuscule, étoiles, nuit | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

mardi, 15 octobre 2013

Eau froide

  

 

J'écris tous les jours, mais il m'arrive peu souvent de parler — c'est que parler, je veux dire parler vraiment, suppose une écoute, tandis qu'écrire suppose un regard, un regard qui contient cette écoute, et ce parlé. Or ce regard est en moi, quand bien même tous les lecteurs seraient morts, ou renaissants, ou lointains... Parler est échanger, or l'échange n'est pas tant dans le langage que dans un regard sur le langage, et son levé d'archet.

 

 

(Ainsi ces fragments, ici-même, formeraient un miroir.)

 

 

17:24 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules | Tags : frédéric tison, minuscule, langage | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |

mercredi, 09 octobre 2013

Souvenir recommencé

 

 

Je me souviens des tableaux que j'aime ainsi que des corps et des pensées silencieux, attendant nos regards mais s'en passant avec l'élégance et la sérénité de beaux et vieux arbres.

 

 

 

 

07:00 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules, Musée d'un regard | Tags : frédéric tison, minuscule, tableaux | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |