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jeudi, 12 décembre 2013

Gloire d'Érasme

 

 

 

Georges Minois, dans son excellente Histoire de la célébrité (excellente, comme tous ses livres ; c'est avec Paul Veyne, Maurice Lever et Michel Pastoureau, l'un des meilleurs historiens de notre temps), écrit que le personnage d'Érasme mériterait d'accéder à la célébrité contemporaine, si nous devions élire une figure incarnant l'idée belle de l'Europe, si celle-ci, renchérirai-je, avait un vrai visage, une vraie grandeur, si elle proposait à notre cœur et à nos regards autre chose que des décrets et des lois blêmes et mécaniques détachés de tout idéal, si elle était humaine en somme, si elle savait d'où elle vient.  

L'historien, à ce propos, se demande qui connaît encore le grand humaniste. Mon Dieu, serait-ce vrai que peu de monde se souvienne de son nom ? Cela m'est étrange. Qu'Érasme, cet homme immense, l'un des hommes d'influence les plus bienveillants, honnêtes et lucides qui fussent en Europe, soit négligé de nos jours, est sans doute une catastrophe véritable, bien plus grave que tous les maux que décrivent à l'envi les contempteurs contemporains de notre modernité, ces politiciens, écrivains, philosophes, bien plus préoccupés, dans leur intérêt personnel ou en raison de leur propre impéritie, d'alimenter l'inquiétude médiocre des uns, ou d'entretenir l'identité vacillante des autres, que de renouveler l'esprit de l'Europe, lequel meurt aussi devant tant de défauts.