dimanche, 01 septembre 2013
Entretien avec Jean de Rancé : sur "Une autre ville", au musée des beaux-arts d'Orléans
Jean de Rancé. -. Aura lieu bientôt, au musée des beaux-arts d’Orléans, une exposition consacrée à Renaud Allirand. Parmi les œuvres de cet artiste figure un livre, dont vous avez écrit les textes, Une autre ville. Pourriez-vous, cher Frédéric Tison, nous raconter la genèse de ce livre ?
Frédéric Tison. -. Il s’agit, cher Jean de Rancé, moins d’un livre que d’un cahier, puisque le volume, de grand format, comporte 24 pages, un cahier de poèmes qu’illustra Renaud Allirand, à l’occasion d’une rencontre magnifique. L’histoire de cette collaboration, en effet, prend sa source dans une promenade, qui remonte à l’hiver 2011. Je me rends quelquefois, en compagnie d’une amie chère, dans les rues du Marais, à Paris, afin de visiter les galeries d’art contemporain. Nous entrâmes un jour dans l’atelier de Renaud Allirand, rue Debelleyme ; j’avais été frappé par la beauté de certaines gouaches exposées dans la vitrine. J’achetai quelques reproductions en carte postale à un jeune homme discret qui était là et dont je m’aperçus ensuite, en faisant une recherche sur l’Internet, qu’il s’agissait de l’artiste lui-même ! Un peu plus tard, je retournai sur les lieux, et demandai à Renaud Allirand s’il m’autorisait à prendre quelques photographies de sa galerie afin d’en publier une sur mon blogue, ce à quoi l’artiste consentit très volontiers, avec beaucoup de gentillesse. Je décidai d’accompagner ma photographie d’un petit texte de présentation, impressions sur les œuvres du peintre et graveur que j’envoyai à l’artiste. Celui-ci m’invita à le visiter de nouveau, pour cette fois me demander d’étoffer mon petit texte, ce dernier étant destiné à présenter ses œuvres, lors de ses expositions à venir – ce que je fis. Notre amitié est née ainsi. Renaud Allirand s’était de son côté enquis de mes propres écrits, et quelques mois plus tard, à l’automne 2012, il me sollicita pour un éventuel livre à quatre mains. Je lui proposai les cinq poèmes inédits intitulés Une autre ville, qui surent lui plaire, et l’artiste me proposa une suite d’encres de Chine et de gravures destinée à illustrer les poèmes en regard. Nous avons ensuite élaboré la maquette de l’ouvrage, avons cherché un imprimeur et, en février 2013, paraissait le cahier Une autre ville, dont trente exemplaires de tête étaient enrichis d’une encre de Chine originale.
J. de R. -. Ce cahier est donc l’aboutissement d’un très heureux hasard !
F. T. -. Sans appartenir à l’Institut Métapsychique International, j’aime volontiers croire au hasard objectif…
J. de R. -. En quelques mots, qu’est-ce qui vous a séduit dans l’œuvre de Renaud Allirand ?
F. T. -. J’aime, particulièrement, chez Renaud Allirand, cette indécision, propice au rêve, entre l’abstraction et la figuration. Si, en effet, la matière de l’œuvre est une donnée très importante, on ne "bute" jamais sur elle, et le regard peut s’interroger : s’agit-il, selon, d’une fenêtre, d’un arbre, d’un paysage vu, ou d’un lointain imaginaire, d’une ville dans la nuit, de l’ombre d’un palais, d’un port abandonné, d’un navire brisé, d’un ciel d’étoiles ou d’un livre entrebâillé ? À peine a-t-on décidé d’une interprétation, à peine a-t-on élu telle représentation que l’image se dérobe ou s’efface dans le "grain" de l’encre, de la gouache ou du sillon de la ligne. Et voit-on, alors, la tache, le trait, la couleur, que l’arbre ou la fenêtre de nouveau s’entr’ouvrent. L’évidente beauté de ces œuvres est aussi là, dans ce caractère insaisissable. Et, en ce qui concerne les poèmes d’Une autre ville, qui évoquent des figures effondrées, et rôdent autour de l’absence et de la perte, l’harmonie entre l’image et le texte nous est apparue, à Renaud Allirand et moi, manifeste.
J. de R. -. Avez-vous des projets en commun pour l’avenir ?
F. T. -. Puisque ce premier projet a su plaire, je ne vois pas pourquoi il demeurerait le dernier.
*
L'ouvrage Une autre ville sera présenté à la librairie du musée des beaux-arts d’Orléans, à l’occasion de l’exposition de Renaud Allirand au Cabinet des Arts graphiques, du 5 septembre au 8 décembre 2013.
18:24 Écrit par Frédéric Tison dans Entretiens | Tags : frédéric tison, entretien, jean de rancé, renaud allirand, une autre ville, musée des beaux-arts d'orléans | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |