Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 21 janvier 2014

Couleurs du Corrège

 

 

 

DSC_6575 d.jpg

 

Le Corrège (Antonio Allegri, 1489-1534), L'Éducation de l'Amour (vers 1525), détail,
collection du château de Chenonceau, photographie : novembre 2013.

 

 

 

La bibliothèque de Charles d'Orléans, à son château de Blois, en 1427 (7)

 

 

 

Introduction.

 

 

 

« 16. Le Livre du chemin de long estude, en lettre courant, en françois, couvert de cuir rouge marqueté, à deux fermoers en cuivre. »

Christine de Pisan (1364-1430) est l’auteur de ce beau livre en vers, Le Chemin de Longue Étude (1403), dédié à Charles VI. La narratrice, nommée Christine, raconte comment, alors qu’elle était seule et désespérée, elle reçut durant son sommeil, dans une vision, la visite de la Sybille de Cumes. Celle-ci l’entraîne dans un voyage extraordinaire (le « chemin de Longue Étude ») : Christine découvre le monde, les lieux bibliques et légendaires, elle s’approche du paradis terrestre dont l’entrée est toujours interdite, puis elle gravit, par le moyen d’une échelle, l’air, l’éther, le feu, l’Olympe et le firmament (les cinq ciels). Au firmament, elle assiste à un débat animé entre plusieurs Dames, personnifications de la Sagesse, de la Noblesse, de la Chevalerie et de la Richesse, au sujet du remède à apporter aux guerres incessantes entre les hommes et à leur cortège de malheurs et de destructions. Dame Raison, leur reine, décrète qu’il faut trouver un homme parfait à même de gouverner harmonieusement le monde. Chaque Dame plaide sa cause : Sagesse décrit l’homme parfait sous l’aspect de la bonté et du savoir incarnés, Noblesse souhaite que cet homme soit issu d’une illustre lignée, Chevalerie insiste pour qu’il soit preux et invincible, Richesse pour qu’il soit l’homme le plus riche du monde. Le conseil de Raison, malheureusement, ne peut trancher en faveur du héros de l’une ou l’autre Dame. C’est alors qu’il décide de confier la résolution du débat à une cour terrestre, la plus grande et la meilleure étant la cour de France (c’est l’évidence même). Christine sera chargée par la Sybille d’être la messagère de la cour de Raison auprès des princes français.

Il s’agirait de l’exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale de France : le manuscrit B, coté 1643.

 

« 17. Le Reclus de Morléans, contenant plusieurs aultres traités en lettres de forme, neuf, couvert de cuir rouge marqueté, à deux fermoers de cuivre, historié, et à lettres d’or partout. »

Il s’agit, d’après le bibliothécaire, conservateur à la Bibliothèque nationale et érudit français d’origine flamande Joseph Van Praët (1754-1837), d’un livre de morale ascétique, en vers, Le Roman de Charité, écrit, au XIIe ou au XIIIe siècle, par un auteur qui se nomme « le Reclus de Morléans », ou « de Morlians » ou encore « de Moliens » (s’agit-il de la commune française picarde ?). On trouve sous sa plume un autre ouvrage intitulé Le Miserere.

 

 

(à suivre.)

 

 

lundi, 20 janvier 2014

Ailes & chien

à Antire.

 

 

 

DSC_6532 b.jpg

 

 

Détail du tableau du Primatice (Francesco Primaticcio, 1504-1570), Diane de Poitiers,
collection du château de Chenonceau, photographie : novembre 2013.

 

 

 

 

Absence dans les jardins

  

au "voyageur".

 

 

 

DSC_6496 b.jpg

 

 

Jardins de Diane de Poitiers, château de Chenonceau,
photographie : novembre 2013.

 

 

 

(Je m'amuse beaucoup de certains commentaires émanant de l'un de mes aimables et distingués Lecteurs, qui signe, ici, du nom de "voyageur", s'étonnant du fait que mes photographies, le plus clair du temps, ne montrent des lieux mis en images que des espaces vides, ou presque, de toute présence humaine. C'est évidemment volontaire : lorsque je me promène parmi la splendeur, j'attends, pour prendre une photographie, que les autres promeneurs aient fait place nette. Puis il me semble que je visite ces lieux lorsque d'autres déjeunent ou se hâtent de partir pour quelque autre "loisir". Mais il s'agit surtout d'harmonie : il me déplairait beaucoup de prendre en photographie ces gens qui viennent là sans savoir se vêtir (et ces gens sont le nombre), vêtus indiscrètement de couleurs criardes ou sans élégance : il me faudrait des princes ou des ombres, ne l'ai-je pas, me semble-t-il, déjà écrit ?)

 

 

 

 

 

dimanche, 19 janvier 2014

Le luxe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Frédéric Tison, Les Effigies, un carnet de photographies (2009-2013),
auto-édition Blurb, 2013. 160 pages, 76 photographies (couleur et noir & blanc) 

Édition en grand format

 

 

 

 

Regard de 1606

 

 

 

 

DSC_6539 b.jpg

 

 

Jean van Ravesteyn (1572-1657), L'Homme à la collerette (1606),
collection du château de Chenonceau, photographie : novembre 2013.

 

 

 

 

De l'inventaire

 

 

 

 

Dans les petits exercices auxquels je me livre dans mon carnet, reproduits ici, et qui consistent à décrypter tant bien que mal l’inventaire de la bibliothèque de Charles d’Orléans au château de Blois, en 1427, il m’apparaît que décider du choix des informations contenues dans mes petites notices est une tâche plus difficile que dénicher les sources elles-mêmes des livres de cet inventaire.

 

 

Mon Lecteur, en effet, n’est pas un enfant dont je serais le professeur, ni une personne inculte dont l’esprit caligineux attendrait mes lumières… Me voilà néanmoins qui précise ingénument que les Métamorphoses d’Ovide sont, en Occident,  un livre aussi essentiel que la Bible et Homère, et que Jean Froissart est né vers 1337 et qu’il est mort vers 1404, et me voilà encore expliquant ce qu’est la Légende dorée… Mais à qui donc suis-je censé m’adresser ? Et, dès lors, quelles précisions donner, lesquelles éluder, quelle complicité supposer entre mon Lecteur et moi, quelles réminiscences, quelles coïncidences livresques, quelles affections et connaissances communes ? Aussi bien tous les éléments que j’indique me seraient-ils, d’abord, des aide-mémoire — c’est en les écrivant dans les pages virtuelles de ce carnet que je les retiendrais. (Or je vérifie ce point chaque jour : consigner par écrit quelque chose me permet presque immanquablement de me le remémorer.)

 

 

La question de savoir ce que je préciserais dans mes notes apparaît alors sous un autre jour : j’en dirais trop, ou pas assez ; trop, si mon Lecteur sait déjà qui est Froissart, et je pourrais rayer la mention « (vers 1337-vers 1404) » ; pas assez, si je considère que mon entreprise est celle d’un "dépôt", d’une "consigne", d’une tentative de mémoire écrite, moins fragile qu’une autre, et, parfois, la condition de celle-ci.

 

 

La première solution aboutirait à des notes plus sèches et plus elliptiques que des articles de dictionnaires ; la seconde, à des recherches infinies — à des sentiers, des carrefours, des tropismes rêveurs, à l’inépuisable… (Mais mon Lecteur, qu’il se rassure... (s'il s'inquiétait), me verra, dans la suite de l’inventaire des livres de Charles d’Orléans, conserver la même présentation. Je ne fais là qu'interroger des chemins.)

 *

 

Si j’évoque, comme à propos du livre 2. de l’inventaire de Blois, les Métamorphoses, ne devrais-je pas, outre donner sa date de composition (on pense que le poète commença à les écrire en l’an 1 après Jésus-Christ— ce que j’ai toujours trouvé extraordinairement évocateur ou symbolique — pour les achever vers l’an 10) et les dates de naissance et de mort de son auteur, décrire le contexte dans lequel elles naquirent ? Ne devrais-je pas raconter en détail la vie d’Ovide ? Ne m’emploierais-je pas à recenser les diverses traductions de ses hexamètres dactyliques, « moralisées » ou pas ? J’analyserais d’abord la métrique latine, je commenterais les métaphores. Je dresserais le sommaire de l’ouvrage. Et, pour être assez complet, j’en donnerais, à la suite de ma présentation, le résumé de toutes les légendes, et je citerais tous les personnages qui apparaissent dans ce livre, et toutes les variantes de leurs aventures, selon Pausanias ou Apollodore, et d'autres, dont les livres sont perdus, et je pourrais tout inventer, tout imaginer encore. Ensuite, il me faudrait proposer du poème le texte original, puis le texte intégral de toutes ses traductions anciennes et modernes. Je ne manquerais pas d’établir une table des concordances, deux ou trois index thématiques, un glossaire, une bibliographie détaillée, un sommaire enfin.

 

 

Mais cela ne suffirait certes pas. Il me faudrait noter les sources livresques des Métamorphoses, Hésiode, Homère, les fragments des Parthénées d'Alcman, et les Hymnes orphiques… Je parlerais encore d'Aulu-Gelle et de ce qu'il trouva, comme il le narre dans ses Nuits attiques, sur les quais d'un port en compagnie d'un ami, un peu plus tard... Mais je remarquerais aussi que le Livre I. des Métamorphoses ressemble, pour une part, et curieusement, au commencement de la Genèse, et il me faudrait parler de ce livre-là, examiner les correspondances, et le Déluge et l’Arche… M’appartiendrait alors de citer tout le premier livre du Pentateuque, en hébreu puis en grec, en copte pourquoi pas, en latin, et toutes ses traductions françaises, de celle de Jean Le Bon, au XIIIe siècle, à la Bible de Charles V par Raoul de Presles (1377), de celle de Jean de Rély (1487) à la Traduction œcuménique, aujourd'hui, à la Bible de Jérusalem, à celle du chanoine Crampon, à celle d’André Chouraqui…  J’indiquerais, en des notes de bas de page, tout l’embrouillamini des variantes, des couches de rédaction, des interpolations. Et je pourrais alors me demander, au terme de la présentation des commentaires (et des commentaires de commentaires, cela va de soi) de la Genèse par les Pères de l’Église d'Occident et d'Orient, quand Yahvé a créé les anges, si c’est avant le Premier Jour ou bien au même moment que les oiseaux… Ces bribes d’angélologie savante m’entraîneraient sur les chemins des pseudépigraphes, des manuscrits de Qumrân, des traités extravagants, des Apocalypses bizarres, des apocryphes fragmentaires, des livres perdus, ceux que citent les auteurs des livres hébraïques "canoniques" ; puis j’évoquerais les hérésiarques, et Marcion, pour commencer. (Une note de bas de page rêverait alors de la gnose au nom équivoque, pour évoquer ensuite, avec l'esprit de l'escalier (un escalier d'Escher, et dès lors j'évoquerais les "objets impossibles" du grand artiste), Origène, Irénée de Lyon, et, plus tard, en empruntant un autre escalier, les mystiques rhénans, Nicolas de Cues, Maître Eckhart, Henri Suso, Jean Tauler, etc. (une note de cette note (mais elle deviendrait un livre) rappellerait la lecture d'Érasme (mais, pour bien entendre l'érudit magnifique, quelques rappels à Luther seraient nécessaires (à Melanchthon, à Calvin)).)

 

(J'ajouterais des parenthèses, des italiques, des astérisques, des "(sic)" et de vraies étoiles mortes, comme dans la Voie lactée.)

 

 

Pour éclairer encore mon propos, me reviendrait de présenter, à travers des photographies que j’aurais prises (il est si facile, pour les auteurs de beaux-livres, de faire appel aux photographes assermentés par les musées !), une merveilleuse sélection de tableaux peints d’après Ovide, par Poussin, par Le Brun, par Coypel, par Rubens encore, par d’innombrables peintres, dessinateurs, sculpteurs, qui firent voir les épisodes de l’un des plus riches ouvrages qui fussent.  

 

 

Alors je parlerais également, par exemple, des Six Métamorphoses d’après Ovide, pour hautbois, qu’en 1951 composa Benjamin Britten, et qui célèbrent Pan, Phaéton, Niobé, Bacchus, Narcisse et Aréthuse. (Et je dirais pourquoi tout le livre d'Ovide parle de l'oiseau.)

 

 

Ainsi je me ferais historien, exégète, philologue, épigraphiste, mythographe, théologien, iconographe et musicologue. Il me faudrait encore tracer des cartes, car je n’aurais pas encore parlé des territoires, des villes, des paysages ; mes complexes atlas seraient géographiques et historiques… Il me faudrait tant et tant de pages et de croquis et d’annexes et d’appendices que, certainement, le monde entier ne suffirait pas pour les contenir.

 

 

 

 

 

 

Benjamin Britten (1913-1976),
Six Métamorphoses d'après Ovide (1951),
"Pan", "Phaéton".

Nancy Ambrose King, hautbois.

 

 

 

 

samedi, 18 janvier 2014

En toute simplicité (et en symétrie)

 

  

 

DSC_6553 b.jpg

 

Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Louis XIV, cadre en bois doré de Pierre Lepautre (1659-1744),
collection du château de Chenonceau, salon Louis XIV, photographie : novembre 2013.

 

 

 

 

« Veloux noir »

 

 

 

Depuis que je me suis replongé dans l'inventaire de la bibliothèque de Charles d'Orléans, à Blois, en 1427, j'ai envie de recouvrir tous mes livres de velours noir.

 

 

 

10:48 Écrit par Frédéric Tison dans Autour du livre, Minuscules | Tags : frédéric tison, minuscule | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

vendredi, 17 janvier 2014

Signé Diane de Poytiers

 

 

 

 

DSC_6525 b.jpg

 

 

Signature de Diane de Poitiers,
dans un document recueilli dans les archives du château de Chenonceau,
photographie : novembre 2013.

 

 

(Voir également ici.)

 

 

 

La bibliothèque de Charles d'Orléans, à son château de Blois, en 1427 (6)

 

 

Introduction.

 

 

 

 « 13. Les Epistres Pierre de Poictiers, en latin, à lettre de forme, neufve, sans histoires, couvert de veloux noir, non complètes, à deux fermoers de cuivre. »

 

Il est difficile de décider si l’auteur est le chanoine et théologien Pierre de Poitiers (vers 1130-1215) ou bien le chancelier de l’École cathédrale de Paris et théologien Pierre de Poitiers (?- mort vers 1205), qui succéda à Pierre Comestor ou Pierre-le-Mangeur (cf. le livre 4. de cet inventaire) comme prévôt des écoles, lesquels, tous deux, laissèrent des Lettres.

 

 

 

« 14. Les questions Hebriex de saint Jheroysme, escriptes en latin, lettre de forme bastarde, couvert de veloux noir, à deux mauvès [mauvais] fermoers d’arain, sans histoires. »

 

Il s’agit d’un ouvrage de saint Jérôme (Jérôme de Stridon, vers 347-420) sur des livres de l’Ancien Testament : son titre "original" est Quaestiones seu Traditiones hebraicae in libros Regum et Paralipomenon.

 

 

 

« 15. Le livre de Meliador, en françois, historié, lettre de forme, couvert de veloux vert, à deux fermoers semblans d’argent dorés, esmailliés de Monseigneur. »

 

C’est le roman en vers Méliador (1365-1388) de Jean Froissart, dont l’action se déroule en Écosse, en Angleterre et en Irlande : il narre les aventures de preux chevaliers arthuriens, et notamment la geste de Méliador, lequel est amené à conquérir, au terme de moult épreuves, la main d’Hermondine, la fille du roi d’Écosse. Ce roman est l'un des derniers avatars de la littérature selon le rêve de la geste du roi Arthur... (Je dois dire que je l'ai rapidement parcouru : nous sommes là bien loin, hélas, des enchantements du Haut Livre du Graal. Cela dit, la grandeur de Froissart n'en est pas amoindrie.)

 

 

 

(à suivre.)

 

 

 

jeudi, 16 janvier 2014

Du côté des autres jardins

(Je ne m'en lasse pas...) 

 

 

 

DSC_6636 b.jpg

 

 

Le château de Chenonceau (XVIe s.), vu des jardins de Catherine de Médicis,
photographie : novembre 2013.

 

 

 

 

mercredi, 15 janvier 2014

Élucidation

 

 

 

 

L'époque tente de dérober notre spiritualité.

 

 

 

 

 

23:05 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules | Tags : frédéric tison, minuscule | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

De la splendeur

 

à François.

 

 

 

DSC_6445 b.jpg

 

 

Le château de Chenonceau (XVIe s.), vu des jardins de Catherine de Médicis,
photographie : novembre 2013.

 

 

 

La Belle de Henri II (ou Splendeur du Primatice)

 

 

 

DSC_6530 b.jpg

 

 

Le Primatice (Francesco Primaticcio, 1504-1570), Diane de Poitiers
(sans date, mais Diane de Poitiers n'a pas d'âge...),

collection du château de Chenonceau, photographie : novembre 2013.