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mardi, 14 janvier 2014

La bibliothèque de Charles d'Orléans, à son château de Blois, en 1427 (5)

 

 

 

Introduction.

 

 

   

 « 11. La Bataille et destrucion de Troie, en françois, en lettre de forme ancienne, historiée, couvert de veloux noir, à deux fermoers d’argent blanc, par semblance [d’après ce que l’on peut apercevoir]. »

 

Le Roux de Lincy écrit que ce livre est la « traduction du livre apocryphe attribué à Darès le Phrygien et à Dictys de Crète, ou de celui de l’Italien Gui de Colonne ».

 

Selon L’Iliade, Darès le Phrygien est un prêtre troyen du dieu Héphaïstos. Élien (vers 175-vers 235), dans sa passionnante Histoire variée (XI, 2), évoque un Darès le Phrygien qui, en tant que contemporain des événements de la Guerre de Troie, en aurait fait le récit. Un texte, Histoire de la destruction de Troie, se présentant comme la traduction latine de ce récit, fut édité de nombreuses fois au Moyen Âge ; on l’attribuait à l’écrivain Cornélius Nepos (moins 100 av. J.-C. – moins 29 ou 25 av. J.-C.), l’ami de Catulle, mais on sait aujourd’hui que l’ouvrage ne peut pas avoir été composé avant le IVe siècle.

 

Dictys de Crète, lui, toujours selon Homère, était un compagnon d’Idoménée, roi de Crète, lors du siège de Troie. On lui attribuait un Journal, l’Éphéméride de la Guerre de Troie, qu’un auteur nommé Quintus Septimus aurait retrouvé et traduit en latin sous Néron. Les Papyri d’Oxyrhynque révélèrent l’existence d’un original grec, mais la traduction latine date du IVe siècle après J.-C.

(J'oubliais : Pétrarque possédait un exemplaire de ce livre !)

 

L’Iliade fut traduite en latin, et ce, au Ier siècle après J. C. Mais l’œuvre d’Homère est très lacunaire quant à l’histoire de la Guerre de Troie. Les deux ouvrages de Darès et Dictys restaient la source essentielle, au Moyen Âge, des événements historico-légendaires.

 

De Gui de Colonne (ou Guy des Colonnes), malgré mes recherches je ne sais rien sinon qu’il fut l’auteur, à une date inconnue de moi, d’une Histoire de Troie. Je me propose d’approfondir ce mystère, mais j’appelle ici mon Lecteur de passage s’il en sait davantage !

(Addendum)

 

 

« 12. Le Dit royal, en françois, rimé, en lettre de forme, historié, couvert de veloux noir ; et le dit livre est tout neuf. »

  

Le Roux de Lincy pense qu’il s’agit d’un poème perdu de Jean Froissart, le grand chroniqueur (vers 1337-vers 1404). En effet, il cite une quittance relative à cet ouvrage, datée du 7 juin 1393 (l’acquéreur est donc Louis d’Orléans, le père de Charles) :

 

« A tous ceux qui cez présentes lettrez verront ou orront [entendront], Maihieu garde lieutenant du bailli [représentant d’un seigneur] d’Abbeville salut, savoir faisons que par devant nous est aujourd’hui venus en sa personne sire Jehan Froissart prestre et c[h]anoine de Chimay, si comme il dist, et a recogneut avoir eu et receu de Monseigneur le duc d’Orliens, par les mains de Godefroy Lefevre varlet de chambre du dit seigneur et commis de par lui à la garde des deniers de ses coffres, la somme de vingt frans d’or, pour cause d’un livre appelé le Dit Royal que mon dit seigneur a acaté [acheté] et eu du dit prestre, de la quelle somme de xx frans d’or dessus dis, il s’est tenus pour content et bien paié ; et en quite le dit seigneur le dit Godefroy et tous autres (…) ».

 

 

(à suivre.)

 

 

 

 

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