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lundi, 09 septembre 2013

Beau lieu

 

 

Il paraît – je l’ai lu quelque part dans un journal, il semble qu'on appelle cela le « syndrome de Paris » sur le modèle de celui de Florence – que certains touristes japonais, je crois, développeraient une maladie particulière en découvrant que Paris, dont ils avaient tant rêvé, Paris qu’ils avaient tant lu dans des livres romanesques ou sur des images léchées, n’était pas du tout comme ils l’imaginaient, qu’il y avait des papiers sales et des épluchures sur les trottoirs, des passants indifférents et vulgaires, des immeubles quelconques – que Paris ne siégeait pas sur le pont Alexandre III, en somme, et que les pigeons y étaient gris. Ces Asiatiques, ainsi, en tomberaient littéralement malades de déception. Moi qui suis parisien, même d’adoption, je ne risque pas d’être atteint par cette affection ! Vivre dans la dite « plus belle ville du monde », c’est guérir aussi, un peu, de l’Utopie. C’est ainsi que j’ai pu naguère rêver sur la Perspective Nevski, à Saint-Pétersbourg, songeant à Gogol mais sachant déjà que les passants fantomatiques aux beaux habits de la merveilleuse nouvelle avaient depuis longtemps disparu… De Gênes avant que je visite la ville réelle résonnaient en moi seulement quelques noms, Alberti, sainte Catherine de Gênes dont j'avais trouvé si étrange le Traité du Purgatoire, Christophe Colomb et Paganini, et les noms des grands Princes et Doges, Balbi, Grimaldi, Spinola, Pallavicini… J’ai pu voir les ombres, et les reflets des ombres. Et si je savais que certaines lueurs n'étaient que dans mes regards et mes souvenirs livresques, d'autres sont venues à moi tandis que, pour ne les avoir pas imaginées, je ne les connaissais pas, et que je les voyais.