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jeudi, 14 octobre 2021

Du partage musical

 

 

 

Je suis allé assister, seul, à un opéra qui me bouleverse et me surprend à chaque fois ; voilà un ouvrage inépuisable. Il n'y a guère qu'avec (si j'ose dire) ma mère et un ami très cher que je pense avoir réellement partagé l'écoute de Pelléas et Mélisande, de Claude Debussy. Je me souviens, c'était en l'an 2001 (ou 2000 ? Non, enfin, je ne sais plus), j'achetai un disque compact de l'opéra (sous la direction de Serge Baudo, excellente interprétation, une des meilleures avec celle d'Inghelbrecht, selon moi), parce que je voulais mieux connaître l'opéra français "moderne" après avoir assisté à la représentation de l'éblouissante Damnation de Faust de Berlioz et à celles de quelques opéras de Massenet. J'écoutai, dans mon petit appartement, Pelléas, par curiosité, puisque j'aimais déjà l'auteur de La Mer et celui des Arabesques pour piano. Dès les premières mesures de l'opéra, l'éblouissement fut mille fois supérieur. Quoi, quoi, quoi ? Mais... Mais... Mais cela est sublime, sublimissime ! me dis-je alors. Qu'est-ce que cela, que je ne connaissais pas ? Il faut proclamer la Beauté au monde entier ! me dis-je encore dans ma naïveté ou ma bêtise. Je fis découvrir l'œuvre autour de moi ; je ne recueillis guère que des moues ; on me dit que la musique était trop lente, et ennuyante, datée, qu'elle ne savait pas dans quel sens aller, que tout était sens dessus dessous, etc. Pour ma part, j'avais entendu et m'avait été révélée une musique souveraine, réellement nouvelle, infiniment profonde, mystérieuse, et dans le même temps si proche de l'âme, une musique non pas familière mais intime, câline aussi, et, pour le dire en un mot, prodigieuse, et en un second, unique. Mes conclusions, sans qu'elles prétendent relever d'une grande profondeur musicologique, ont été celles-ci : si certaines musiques nous appellent ainsi, c'est à la façon des personnes que nous rencontrons : certaines passent devant nous ainsi que des fantômes ; d'autres nous attirent mais nous n'y prenons pas garde, faute de temps ; d'autres nous retiennent, parce qu'elles nous ressemblent ou souhaitent ajouter leur dissemblable résonnance à la nôtre, laquelle s'en enrichit (et vice-versa). Il n'entre guère là que peu de différence avec l'amour et le désir. Si je t'aime, ô Musique, n'est-ce pas parce que tu es belle ? Tu n'en rougiras pas : tes joues sont teintées d'un rose que tu sais par cœur et tes mesures sont déjà éparpillées, soulignées ou regardées avec un sourire aimable et fort courtois. La musique ne cesse de s'écouter à travers nos oreilles égarées dans le temps.

 

 

 

 

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