vendredi, 01 février 2019
Pages dans la forêt — Aperçus de la poésie française contemporaine
Pages dans la forêt — Aperçus de la poésie française contemporaine
Michel Passelergue
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Votre silence, oui, je l'attends. Au plus épais du sang, au plus noir de ce qui remâche cendre et devenir. Je l'attends, pour l'envelopper de mots tièdes, presqu'étouffés, qui me feront connaître un peu de ses lointains avant d'éveiller sous la paupière le feu et l'inquiétude. Si j'ouvre avec lenteur la très fine écorce de nos nuits, il me vient votre silence — là, comme une vrille, entre frayeur et sommeil, qui percerait ma mémoire enneigée. En lui, contre ce temps devenu friable, s'éboule une lumière à peine gonflée par l'eau qui tourne et retourne sa folie, tandis que passe d'un œil à l'autre la même intuition d'être, depuis des rives à jamais perdues. Nous allons ainsi, silence contre silence, frôlant le brouillard avec l'oubli, cueillant ça et là quelques lampes assoiffées. Et ma main sur le papier ne fait que fuir, sous tant de vitres à l'infini questionneuses, la blancheur qui vous retient.
Michel Passelergue, Lettres à Ophélie,
éditions L'Arbre à paroles, 2006, p. 21.
éditions L'Arbre à paroles, 2006, p. 21.
18:07 Écrit par Frédéric Tison dans Pages dans la forêt | Tags : florilège, michel passelergue, lettres à ophélie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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