samedi, 25 janvier 2014
La bibliothèque de Charles d'Orléans, à son château de Blois, en 1427 (9)
« 21. Les Institutes de l’empereur Justinien, en lettre de forme ancienne, en françois, couvert de cuir vert, à deux petiz fermoers de cuivre. »
Le manuel de droit Institutiones Justiniani (publié en novembre 533) fut composé par les érudits Tribonien, Théophile et Dorothée sur ordre de l’empereur byzantin Justinien Ier (vers 483-565, empereur en 527). Ce recueil de lois en quatre parties aborde les questions du droit de la personne, puis de la propriété (les « biens »), ensuite des contrats et des héritages (les « obligations »), enfin des crimes et des délits (la « justice »). Il s’inspire directement des Institutes du juriste romain Gaïus (120-180), ensemble de manuels de droit romain datant de 160 environ.
« 22. Ung petit livret appellé le Voyage d’oultre mer, en françois, lettre de forme, couvert de cuir blanc. »
Je ne sais pas ce qu’est ce petit livre. Il existe bien un Voyage d’Oultre-mer, mais il fut rédigé au moins six ans après cet inventaire.
(Son histoire est intéressante, et je la résume ici : l’écuyer Bertrandon de la Broquière ou de la Brocquière (fin du XIVe ou début du XVe siècle – 1459 ?) écrivit ce livre au retour d’un voyage effectué entre 1432 et 1433 en Terre Sainte à la demande de Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1396-1467). Son voyage le mena de Gand à Jérusalem, en passant par Rome, Venise, Rhodes, Chypre et Jaffa. Bertrandon de la Broquière revint par voie de terre, à travers l’Empire turc. La relation de cette aventure avait pour objectif de fournir au prince des informations de première main sur la possibilité d’une nouvelle croisade.)
Une possibilité – très incertaine – serait que ce Voyage d’oultre mer désignât un extrait du Livre de merveilles du monde (1355-1357), de Jehan de Mandeville (?-1372), chevalier et explorateur anglais. Ce livre, également connu sous les titres Un Roman sur les merveilles, Voyages ou Une Geste, est le récit d’un voyage mi-réel mi-légendaire en Afrique du Nord, en Terre Sainte et en Asie. On connaît également de Mandeville un manuscrit intitulé Le Livre des parties d’Oultre mer.
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Note : J'ai oublié de préciser, dans mon Introduction, que j'ai tenté tout d'abord de découvrir les auteurs et les sources des livres de cet inventaire sans recourir aux précisions de Le Roux de Lincy. Ce fut quand mes recherches restaient infructueuses que je les consultai. Mais il arrive à Le Roux de Lincy lui-même de rester coi : ce Voyage d'oultre mer, par exemple, l'embarrasse manifestement : il cite la ligne de l'inventaire pour immédiatement passer à la ligne suivante...
(à suivre.)
03:52 Écrit par Frédéric Tison dans Autour du livre, La Bibliothèque de Charles d'Orléans, Blois, 1427 | Tags : frédéric tison, charles d'orléans, bibliothèque, blois, 1427 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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