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samedi, 31 août 2013

Moderne

  

 

À Gênes le port est un monstre polycéphale, extraordinaire, une énorme chose métallique qui brille au soleil, et que vient encore longer une immense autostrada, laquelle est montée sur des piliers arrogants devant les plus beaux palais, coupant le regard en deux, incroyable horreur moderne, si incroyable qu’il faut peut-être en rire, parce que cette route suspendue dit bien que l’on n’est pas ici pour rêver, mais pour commercer, pour aller vite, pour traverser. Quoi ? Un palais du XIIIe siècle ? Mais qu’est-ce qu’on en a à faire ? J’ai un rendez-vous d’affaire, moi.

Christophe Colomb, qui aimait l’or et l’aventure, ne serait pas, sans doute, trop étonné de ce que sa ville est devenue.

Mais celui qui est venu à Gênes pour rêver n’en est pas empêché, il faut tout de même rendre justice à ces villes qui, sans se soucier le moins du monde de leur beauté, laissent au promeneur sa solitude.

 

Ainsi j'ai écrit naguère à un ami, retour d'Italie, que Gênes était une ville belle et laide à la fois, insupportable et magnifique ; je ne pourrais certes y vivre, mais j’ai aimé la poursuivre dans ses rues étouffantes, grasses, hautes et souvent élégantes… Au moins Gênes n’est-elle pas "touristique", et lorsque j’y fus, il y a peu, au beau milieu du mois de juillet, il n’y avait pour ainsi dire presque personne, c’est-à-dire qu’il n’y avait que peu d’étrangers voyageurs, et que les galeries de peinture, dans les palais, étaient vides, ô silence, ô beauté, ô joie.


 

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