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mardi, 10 mars 2015

Actualité française

 

 

 

Une maison d'édition française, qui prétend privilégier la poésie, écrit à ses correspondants, dont je fais partie : « Actu poésie! Plein d'animations sympas, des ateliers rewriting, et un super concert le vendredi 13 mars! », etc.

 

En deux phrases, nous lisons trois apocopes et familiarités, un anglicisme hideux, absolument inutile de surcroît, deux laides appositions (sans même que soit ici posée la question de l'« actualité » de la poésie...), deux fautes typographiques (les espaces absentes avant les points d'exclamation) et une faute de français (ce ravageur et enfantin plein de) ! Quant au mot concert, je doute qu'il s'agisse de la musique de Bach ou de celle de Ravel ; il eût fallu spectacle, mais n'éreintons pas davantage cette bouillie de mots. (Et j'oublie les « animations »...)

 

Le plus consternant est de constater que ce monstre sans grâce émane d'une maison qui édite des livres de poésie ; le poème se caractérise aussi par l'effort dans la langue, le souci de la précision, le rejet de la faute (si elle n'est pas "licence poétique", elle-même supposant une parfaite maîtrise des mots et de la syntaxe, toujours difficile, recommencée comme la mer) et, essentiellement, par la beauté. Face à cela, kantien en diable, que puis-je connaître ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ? Pour commencer, sans doute, connaître et distinguer cette laideur (la voir se répandre autour de nous), ensuite écrire ce petit billet qui la dénonce (ce qui est peu de chose, j'en conviens), espérer enfin que, d'îlots éperdus dont je suis, et amoureux de la langue française, puisse naître quelque archipel.