Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 18 septembre 2013

L'heure et la lumière

 

 

Si la date, si l'heure sont si précieuses pour véritablement connaître la photographie d'un visage, d'une ville, d'un palais ou d'un jardin, il ne semble pas toujours qu'elles le soient pour des photographies de peintures. Et pourtant, la lumière, le temps, l'air même qui sont autour du tableau, et sur lui, influent sur l'image et la fondent ; ils l'inscrivent sur un écran ou du papier avec la même unicité que celle d'un paysage selon le temps. Devant l'Ecce Homo du Caravage, au Palazzo Bianco de Gênes, je me souviens que je fus soudain seul, dans la salle où il est exposé ; et seul durant dix immenses minutes, au moins, dans cette salle vide et silencieuse, que même les gardiens, plus nombreux, ce jour où j'étais là, que les visiteurs du musée, avaient désertée. Et je me souviens de m'être dit brusquement que j'étais la seule personne au monde, à ce moment-là, à contempler cette œuvre déchirante, et que cela était quelque chose d'extraordinaire, moi — énième contemplateur parmi les siècles et les visiteurs, comme ce tableau en avait déjà tant vus — devant ce Christ de peinture violemment éclairé que montrent les mains et les yeux sévères et lointains de Pilate, Jésus baissant les yeux, au visage jeune et si beau — et que ce moment était une immarcescible présence, comme si Le Caravage, pour un seul regard, n'avait peint ce tableau que pour moi, à cet instant-là — ce qui d'ailleurs était vrai : j'étais le seul au monde, alors, à le contempler...

 

 

DSC_3418 b.jpg

 

Michelangelo Merisi dit Le Caravage (1571/73-1610), Ecce Homo (vers 1605),

Palazzo Bianco, Gênes, photographie : vendredi 26 juillet 2013, une heure de l'après-midi.