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lundi, 13 octobre 2014

Inadministration

 

 (Juillet 2014. Si je note cela parce que, souvent, nous ne venons jamais qu'une seule fois en tel ou tel lieu.)

 

 

 

Le château de Dourdan est aujourd'hui si mal administré que c'en est une pitié : les innombrables panneaux didactiques, les traces de prétendues "fêtes médiévales" et autres hideuses "animations" mercantiles, les échafaudages de travaux improbables, les criards lambeaux de cordons de protection, les sacs de gravats éventrés à l'abandon n'importe où, la signalisation plaquée sur ses enceintes, les tristes barrières métalliques en désordre, sans parler, à l'intérieur des salles, des cartouches posés sur les objets mêmes qu'ils prétendent expliquer, en défigurent partout l'ensemble et le détail, si bien que le regard est sans cesse heurté et que, partant, aucune photographie ou presque qui voudrait en livrer quelque beau souvenir n'est possible. Il semble bien que, ici comme dans tant d'autres lieux, l'œil des administrateurs soit arrêté, qu'il soit interdit, qu'il soit aveugle : à quoi l'attribuer, sinon à un désamour, à une ignorance, à une indifférence — à une méconnaissance totale de ce dont l'âme d'un promeneur a besoin, de ce qu'est un lieu, de ce que sont une forme, un espace, un objet même, de ce qui eût pu participer à la beauté, en somme ? Comment ne voient-ils pas, ces administrateurs,  que tout ce qu'ils font, ou ne font pas, équivaudrait à placer une poubelle vert pomme dans l'escalier du château de Champs, ou un nez rouge sang sur l'attentif visage d'un ange ? C'est davantage qu'un dommage, me semble-t-il : tout ce qui ajoute à la laideur inévitable, imparable, est une sorte de crime, et participe du malheur et, même, du mal. C'est l'amitié de l'homme avec son lieu que tout cela détruit.

 

 

 

frédéric tison,note,administration d'un lieu

  

 Le donjon du château de Dourdan (XIIIe s.), dans l'Essonne,
par temps de pluie,
photographie : juillet 2014.