jeudi, 03 mars 2022
Soleils d'or sur champ rouge
Dais de Charles VII (vers 1429), sans doute l’œuvre de Jacob de Littemont,
peintre de cour sous Charles VII et Louis XI,
tapisserie destinée à former la partie verticale du dais au-dessus du trône de Charles VII
("Soleils d'or sur champ (ou fond) rouge" est la devise royale),
musée du Louvre, Paris, photographie : janvier 2022.
09:14 Écrit par Frédéric Tison dans Musée d'un regard | Tags : : frédéric tison, photographie, dais de charles vii, jacob de littemont | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mercredi, 02 mars 2022
Retenir
J'ai lu beaucoup de livres de poésie, mais, à vrai dire, je n'en ai pas retenu beaucoup de vers, et encore moins des poèmes entiers. Je connais par cœur certains poèmes de Maurice Scève, de Charles Baudelaire, de Paul Verlaine, de Stéphane Mallarmé, de Victor Segalen et de Pierre Jean Jouve, parmi d'autres encore — mais cela est peu, et, surtout, surnagent avant tout quelques vers d'entre eux, justement, comme quelque air ou "passage" d'une musique aimée. À cet égard, et en miroir, me semble-t-il, alors que je ne suis qu'un piètre musicien et que je ne suis pas un musicologue, je connais par cœur et peux me les remémorer sans peine dans le silence (ou bien anticiper, lorsque je les écoute, toute la poursuite, dans la durée sonore) l'opéra entier Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, l'air « Allein ! » de l'Elektra de Richard Strauss et la Valse des fleurs de Tchaïkovski, par exemple : tout cela est curieusement inscrit sous mon crâne, je ne saurais l'expliquer ; je puis renouveler dans mes pensées ces moments à volonté. Ma mémoire, cela dit, n'est pas aussi favorable à la beauté que j'aimerais : elle sait aussi par cœur des choses nullissimes, telle la chanson de variétés « La danse des canards », l'une des choses les plus stupides que j'aie jamais pu entendre. (« Oh la honte ! », comme on disait naguère (id est : Imagine-t-on les sons de cette sotte et désolante hideur dans les jardins de Versailles, dans les plus belles villes du monde, à Prague, à Saint-Pétersbourg, à Florence, à Kandy ?).) Il y a peu, je me suis rendu dans un appartement où l'on fêtait quelque anniversaire ; cette chose (ne la qualifions plus de chanson, car ce serait insulter les véritables et belles chansons) fut diffusée, à ma grande stupéfaction, mais plus grand encore fut mon effarement de m'apercevoir que je la reconnaissais. Et je me suis dit : « Frédéric, voyons, il faut faire taire cela en toi ». Tsss... Que faire, sinon passer, car, comme l'a écrit Pascal Quignard dans La Haine de la musique, les oreilles n'ont pas de paupières ?
10:55 Écrit par Frédéric Tison dans Autour de la musique, Crayonné dans la marge, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Le feu de l'aube
03:11 Écrit par Frédéric Tison dans Photographies solitaires | Tags : frédéric tison, photographie, paris | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Ô son rire, ô son sourire, ô ses yeux
Je me souviens ; dans une "boîte de nuit", tandis que j'étais en compagnie d'un jeune homme et que résonnait de la "musique techno", que cet homme semblait apprécier et sur laquelle il se dandinait, torse nu, je me souviens, donc, que cette "musique" tonitruait dans la salle, martelante, terrible, envoûtante, et que je dis à ce jeune homme : « Bon, c'est agréable, mais ce n'est pas du Mozart ». Ô son rire, ô son sourire, ô ses yeux à la fois moqueurs, tendres et gentils, après que j'eus prononcé cette phrase ! Je ne les oublierai jamais : le jeune homme m'avait remis à ma place. Et je l'aimai tout de suite.
01:47 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mardi, 01 mars 2022
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Après tout, pourquoi de ne pas publier cela. [Ces passages sont en partie composés d'après l'un des très anciens carnets que je n'ai pas encore détruits.]
Je me souviens, j'avais alors dix-neuf ans, juste après m'être relevé de quelque affection, et l'ayant apprivoisée. J'assistais aux cours de l'université où je m'étais inscrit, et j'étais, comme beaucoup d'étudiants, à la fois très occupé et très libre. J'appris que George Michael donnait un "spectacle" (on ne confondait pas encore, comme aujourd'hui, "concert" et "spectacle", le premier terme désignant la musique, au sens classique et traditionnel, et le second "spectacle de variétés") auquel il était nécessaire de s'inscrire pour assister à cette prestation, laquelle aurait lieu dans un lieu "privatif" à Paris. Je m'inscrivis, au cas où, pourquoi pas, etc., et déjà j'étais très seul. J'aimais bien George Michael, je ne le confondais pas avec Bach, Mozart, Schumann ou Debussy (Faut-il le dire ? Oui, il faut désormais le dire), mais je l'aimais bien et je l'aime toujours, et j'aimais sa voix, sans parler de son visage ! J'attendis. Fait incroyable, je fus retenu, ou élu ! Je me rendis dans le lieu consacré, une sorte de boîte de luxe, lounge, tamisée, rouge et bleue, où je m'attablai, avec quelque verre. Tout le monde fumait, c'était bien, calme, propice à tout. Le chanteur chanta. Ce fut beau, les chansons étaient belles, la voix de George Michael, a capella, était d'une réelle qualité, sans trucage, nullement filtrée par quelque logiciel ou je ne sais quoi. Il y eut une pause. George Michael, à ma grande stupéfaction (j'étais dans les premiers rangs devant l'estrade), s'approcha de moi, très souriant, et me demanda une cigarette et du feu. Il était plutôt grand, très bien habillé, très élégant. Je lui offris volontiers une cigarette et mon briquet, non sans avoir affaire à tous ceux, suspicieux ridiculement (tous ceux qui me connaissent savent que j'ai l'air patibulaire d'un très dangereux terroriste et possible assassin) qui l'entouraient alors (une cour de "star", j'imagine ; on devinait au moins cinq personnes autour de lui en permanence, surveillant tout) pour éviter tout mal à la "star" internationale qu'il était. Dès lors le chanteur écarta ses gardes, et nous discutâmes (oh, très peu de temps), lui et moi, en anglais. Cela m'amusa beaucoup. J'étais alors très jeune, et dès lors très bête (mais lui n'avait que dix ans à peu près de plus que moi, j'y pense). Il quitta ma table, et le spectacle reprit peu après. À l'issue de la séance, il m'avait bien sûr oublié. Mais l'un de ses sbires, tandis que je quittais les lieux, me mit dans la main le briquet que l'artiste avait laissé sur ma petite table en me disant qu'il ne fallait pas que je l'oubliasse. Mais de quel oubli s'agissait-il ?
12:48 Écrit par Frédéric Tison | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Celle & celle (Fumées dans le ciel bleuâtre)
04:18 Écrit par Frédéric Tison dans Photographies solitaires | Tags : frédéric tison, photographie, paris, ciel | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |