samedi, 31 décembre 2016
Une lecture à Paris, le samedi 17 septembre 2016
Le texte qui suit est celui que je rédigeai pour présenter, dans l’atelier parisien de Marc Tanguy, lors des journées du patrimoine, le samedi 17 septembre 2016, des poèmes inspirés par des œuvres de Marc Tanguy, Damien Brohon et Sophie Courtant. Le ton se veut volontairement oral.
À cette occasion, trois cartes doubles furent éditées par la galerie Expression d’Aujourd’hui. Chacune de ces doubles cartes, en édition limitée à 30 exemplaires, signées et numérotées, comporte un texte original (dont ici ne sont reproduits que les premiers mots) et la reproduction de l'œuvre plastique qui l'a inspiré.
LECTURE
par Frédéric Tison
Atelier de Marc Tanguy, Paris XIX – samedi 17 septembre 2016
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Mesdames, Messieurs,
Merci pour votre présence en ces lieux.
Pour commencer, je remercie vivement Marc Tanguy de nous accueillir dans son bel atelier, qui ne peut pas offrir de meilleur écrin pour une lecture de cette sorte ! Et je remercie les deux autres artistes Sophie Courtant et Damien Brohon, ainsi que notre chef d’orchestre, Christophe Gohée.
Avant de commencer la lecture proprement dite, j’aurais voulu qu’on s’interroge sur la manière d’écrire sur une œuvre plastique. Je ne parle pas ici des essais sur l’art, de ceux de Daniel Arasse par exemple, qui sont des lectures érudites, historiques, universitaires, par ailleurs excellentes ; mais elles se situent délibérément dans le commentaire (même si celui-ci est interprétatif, c’est-à dire souvent créatif), et elles ne se posent pas véritablement comme des œuvres auprès d’une autre œuvre. Je ne parle pas non plus des appréciations pressées. Parfois, dire seulement « C’est beau » peut nous sembler insuffisant : c’est comme si l’on avait regardé l’œuvre d’une manière bien trop rapide, et ce regard rapide réduit l’œuvre à sa seule image aperçue de façon fugitive : mais comment dire la sensation, l’émotion qui nous saisissent à la vue de cette image, si nous l’aimons et si nous avons le désir de lui répondre, en quelque sorte, si nous avons le désir d’éclaircir en nous ce qui nous a troublé dans cette œuvre ?
Il m’arrive souvent d’inclure dans mes livres un écrit inspiré par une œuvre que j’aime, et je prendrai pour exemple celui-ci, extrait de mon livre Les Effigies :
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SUR UN TABLEAU DE JAMES ENSOR
Aimerais-tu vivre dans le domaine d’Arnheim
Dans l’ombre lente et l’heure absolue des couleurs
Là le noir des sources
L’humide du rouge et le frissonnant de l’orange
Comme un jardin sombrement heureux — là l’étonnement,
Ici le vaste du vent qui parle, là
Tes deux mains dans les branches
Le faste de ton manteau parmi les arbres
Ici l’appel, là le murmure des feuilles en flamme —
Il n’y aurait rien, dans le domaine d’Arnheim,
Que tu ne saches aimer, rien dans tes regards
Que tu ne touches ni ne murmures à ton tour.
On aura remarqué que le titre de ce poème commençait par ces mots : « Sur un tableau de… ». Mais alors, doit-on dire que l’on écrit sur une œuvre, à partir d’elle, en pensant à elle, en rêvant à elle, en l’imaginant encore ?
*
Il y a des dessins, des toiles, des gravures qui furent composés à partir de sources écrites, et ils font alors souvent figure d’illustrations. Pourtant, sans effacer l’écrit qui les a inspirés, beaucoup savent créer à eux seuls tout un univers.
Et lorsqu’un poème s’inspire d’une source plastique, il me semble que la démarche est en miroir : l’écrit n’est pas destiné à illustrer l’image, mais il la suggère : elle est en filigrane dans chacun de ses mots.
Dès lors le tableau n’est nullement un prétexte.
Il ne s'agit donc pas d’écrire le commentaire d’une œuvre, ni d'en proposer la description ; il me semble qu’il s’agit de rêver sur l’image, en la regardant puis en s'en souvenant ; il s'agit, en quelque sorte, du récit d'un regard, lequel est propre à chaque écrivain, mais s'est attaché à respecter autant que possible l'esprit de chaque œuvre.
Il m’arrive de penser que seul un poème peut réellement, si j’ose dire, évoquer une image : les deux ne sont pas en concurrence, ils ne s’opposent pas. Au contraire : le poème offre une réponse possible à la question muette posée par l’image, et tous deux ensuite retournent à quelque silence, sur leurs supports respectifs.
Et puis, une image n’est-elle pas souvent (ou également) une histoire, le fragment d’un récit, un souvenir, une mémoire ? Le poème inspiré par elle offre à nouveau l’œuvre au regard, il invite à y retourner autrement.
*
Les frères Goncourt parlent du moment où un tableau « se lève » ; il s'agit du moment où une œuvre commence à nous parler, où notre regard se dessille devant elle ; devant les œuvres des artistes ici présents, quelque chose m'a immédiatement parlé, et si ces œuvres se sont levées pour moi, j’ai souhaité le traduire par un poème.
Je commencerai par le poème composé sur une gravure de Sophie Courtant :
Sur une gravure de Sophie Courtant, Belle au bois, manière noire
Tu as suivi tes arbres jusqu’à cet autre jardin, celui qui surgit, qui bientôt luit où nos années gisent, où nos enfances sont ces combes et ces breuils.
[...]
Voici maintenant celui qui fut composé sur un dessin de Damien Brohon :
Sur un dessin de Damien Brohon, Dans la maison (Fenêtre II.)
Ce lieu de lueur et d’ombre où tu reviens, est-ce le tien ? Dans cette demeure sont cachées tes paroles, où se déploie le monde lorsque tu rouvres les yeux.
[...]
Voici, enfin, celui qui évoque la peinture de Marc Tanguy :
Sur une peinture de Marc Tanguy
Entre dans ce regard —
C’est un paysage où des fraîcheurs montent dans les couleurs éprises,
[...]
J’ai commencé cette lecture avec un poème des Effigies ; permettez-moi de l’achever sur un poème du Dieu des portes, mon dernier livre paru, où cette fois le texte ne porte pas sur une œuvre en particulier, mais les évoque toutes, ou presque :
(Cahier II., XXVIII.)
Pour tes histoires dans ce livre tu choisiras l’huile, la gouache ou l’aquarelle — n’importe, si naguère tu élus la seule grisaille afin de peindre les images qui figurent dans l’ouvrage de tes Heures. Et l’encre passera la fuite de tes ombres — en ton cloître sous le soleil, en ta rue sous les étoiles.
Prends ton visage dans tes mains — et porte-le sur la page blanche encore, sauve-le du miroir ! Chacune de tes couleurs est un vœu. Une touche de blanc dans tes yeux — Tu es vivant.
Une remarque, pour terminer : l’image et le poème sont souvent des regards retrouvés ; c’est là peut-être qu’ils se rejoignent tous deux, et qu’ils communient dans une ferveur partagée.
Je vous remercie tous d’être venus ; merci pour l’attention que vous avez portée à cette lecture ; j’espère que celle-ci vous permettra de découvrir également les œuvres des artistes qui ont eu l’amabilité de participer à ce projet.
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Les cartes doubles, sur le site de la Galerie Expression d'Aujourd'hui.
12:54 Écrit par Frédéric Tison dans Expositions, Une petite bibliothèque | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Jardins d'amour
Les jardins d'amour du château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographie : mai 2016.
06:08 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Parcs et jardins, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, jardins d'amour, château de villandry, jardins du château de villandry | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
Le ciel du salon
Le plafond hispano-mauresque, provenant du palais des ducs de Maqueda à Tolède (XVe s.),
dans le salon oriental du château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographie : mai 2016.
05:01 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Châteaux de France, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, château de villandry, plafond hispano-mauresque | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
vendredi, 30 décembre 2016
Le jardin par la fenêtre
Au château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographie : mai 2016.
06:28 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Parcs et jardins, Photographies solitaires, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, château de villandry, jardins du château de villandry | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
jeudi, 29 décembre 2016
Dans la bibliothèque
Luca Giordano (1634-1705), Le Géomètre, détail,
collection du château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographie : mai 2016.
12:34 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Musée d'un regard, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, luca giordano, le géomètre, château de villandry | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Pietà
Luis de Morales, dit El Divino (1509-1586), Pietà,
collection du château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographie : mai 2016.
05:55 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Musée d'un regard, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, luis de morale, pietà | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mercredi, 28 décembre 2016
« Connais-toi toi-même »
Johann Heinrich Schönfeld (1609-1683), Le Philosophe au miroir, détail,
collection du château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographie : mai 2016.
06:40 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Musée d'un regard, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, johann heinrich schönfeld, le philosophe au miroir | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
Saint Norbert de Xanten
à Norbert.
École de Goya (XIXe s.), Saint Norbert de Xanten (1080-1134),
fondateur des Prémontrés et archevêque de Magdebourg, détail,
collection du château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographie : mai 2016.
06:05 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Musée d'un regard, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, école de goya, saint norbert de xanten | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
mardi, 27 décembre 2016
Autoportrait aux deux ânes
Quelque part dans le Bourbonnais,
photographie : décembre 2016.
16:04 Écrit par Frédéric Tison dans Auvergne, Photographies solitaires, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, âne | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Le jardin des simples
Dans les jardins du château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographie : mai 2016.
06:28 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Parcs et jardins, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, jardins du château de villandry, château de villandry | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
lundi, 26 décembre 2016
L'ordre et le savant désordre
Dans les jardins du château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographies : mai 2016.
11:30 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Parcs et jardins, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, jardins du château de villandry, château de villandry | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Je possède, dès que j'y entre, ce jardin, Besme...
Les jardins du château de Villandry, vus de la terrasse,
puis au sein d'eux,
en Indre-et-Loire, photographies : mai 2016.
Une autre photographie encore, ici.
06:20 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Parcs et jardins, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, château de villandry, jardin de broderies, jardins du château de villandry | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
dimanche, 25 décembre 2016
Interruption de la réclame
Mes très-excellents visiteurs et lecteurs auront remarqué que ce blogue est désormais débarrassé de toute publicité ; ils peuvent également d'ores et déjà s'inscrire à une "newsletter" qui leur sera envoyée, non pas à chaque publication, mais régulièrement.
11:51 Écrit par Frédéric Tison | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
En montant vers la terrasse
Rampe menant à la terrasse surplombant les jardins du château de Villandry,
en Indre-et-Loire, photographie : mai 2016.
10:49 Écrit par Frédéric Tison dans Centre, Châteaux de France, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, château de villandry, jardins du château de villandry | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |
Pour Noël
Étang de la Ganne, reflets,
photographie : pour Noël 2016.
06:15 Écrit par Frédéric Tison dans Auvergne, Photographies solitaires, Voyages et promenades en France | Tags : frédéric tison, photographie, étang de la ganne | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |