Du remarquable

 

 

 

L'inélégance vestimentaire m'est une horreur, ne serait-ce que parce qu'elle me semble d'abord une faute d'orthographe ; le monde est magnifique, et nous ne sommes que des phrases passagères de sa grammaire et sa syntaxe mystérieuses. Le monde reste admirable, mais il a été enlaidi par l'homme, enlaidissement dont tout hideux vêtement serait le paradigme. Je regarde tel individu qui passe, dans la rue ou dans un parc, habillé n'importe comment, et je me dis : "Mais comment se fait-il qu'une telle laideur soit possible sous les beaux nuages et parmi les arbres, devant les façades ornementales ?". Je sais que cet individu ne se voit pas, ou, pire, qu'il se rit de la splendeur. Et je songe alors à mes méticulosités, à mes minuscules soucis, à mes couleurs assorties aux jardins et aux avenues. Et je me dis : "Frédéric, tu aimes le remarquable, mais beaucoup parmi les hommes mésestiment l'oiseau qui est en eux. Et tu as écrit des phrases que nul ne comprendra de la même façon, parce que peu d'hommes prennent le soin de se vêtir, aujourd'hui ; et oui, tu hais ceci parce que tu aimes cela qui est remarquable autrement". La vie quotidienne nous offre très peu de maîtrise, hormis celles de la syntaxe et du vêtement.