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dimanche, 29 mai 2022

D'un cerf

 

 

Je me souviens qu'une fois, il y a longtemps, je m'étais rendu à Fontainebleau, avec des amis. Nous nous promenions dans la forêt après avoir visité le château. Mes amis étaient fatigués, et voulurent interrompre notre marche. Je leur dis que j'allais faire quelques pas avant de les rejoindre tandis qu'ils se reposaient. Je m'engageai sur un petit chemin à l'écart, dans l'ombre verte. Soudain, j'aperçus un grand cerf, qui se blottissait près du tronc d'un arbre, parmi l'herbe et les mousses. Ses bois magnifiques redoublaient les branches de la forêt. Je remarquai que l'animal était blessé : du sang tachait ses poils, je devinai une plaie profonde. Troublé, je fis un pas en avant ; le cerf eut un mouvement de recul, rassemblant ses minces pattes contre lui et me regardant, effrayé, de ses yeux humides bouleversants. Je reculai moi-même immédiatement. En ces temps, il n'y avait pas de téléphones portables, et je ne pus rien faire. Je le laissai ainsi, non sans lui avoir adressé un dernier regard impuissant. Je signalai le fait à un gardien du domaine, qui se contenta de hausser les épaules. Il m'arrive de penser à ce cerf ; il ne se plaignait pas, il attendait sans gémir la mort ou la fin de sa douleur. J'avais rencontré l'élégance.

 

 

 

 

22:57 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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