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jeudi, 06 janvier 2022

De la peur

 

 

Je n'ai peut-être jamais eu véritablement peur (je parlerais plutôt de terreur) parce que j'ai toujours senti quelque hostilité, quelque absence, quelque horreur, quelque mensonge dans ce monde, et que j'ai toujours su que je serai seul, que je vivrai seul, que je mourrai seul, et que la peur était inévitable. — Dès lors, pourquoi avoir peur dans ce froid, dans cette solitude, dans cette indifférence ?

C'est la raison pour laquelle, au sein de cette abomination incompréhensible et absurde, la musique me fut toujours une tendresse, la musique qui sait tout, la musique évidente comme le plus beau des poèmes.

J'ai cependant eu peur, une fois, en découvrant quelque morceau que je ne connaissais pas : c'était le magnifique et terrible "Deuxième Mouvement" de la Neuvième Symphonie de Bruckner, que je ne peux écouter qu'en tremblant. Là résidait peut-être ma propre peur, laquelle était cachée ; je puis désormais entendre calmement ce mouvement (même si le petit enfant que je reste a toujours peur en l'écoutant, et frémit, et se souvient).

 

 

 

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