jeudi, 09 décembre 2021
De la forme et du fond
Si vous tentez de bien vous habiller dans ce monde, on vous reprochera d'être "narcissique", de ne penser qu'à votre apparence, d'être, en quelque sorte, superficiel et de ne songer nullement aux choses essentielles, l'altruisme, la compassion, le don, et de leur préférer les choses éphémères. Or, bien s'habiller, c'est tenter de s'accorder au monde ; c'est tenter la coïncidence, toujours lointaine, entre le monde, qui est beau, et nous. Nous n'avons de maîtrise sur quiconque ; un tel vous délaisse, celui-ci vous aime en passant, celui-là vous juge sans vous connaître et vous méprise peut-être secrètement. Mais nous avons la maîtrise de notre maintien, dans l'époque hostile et déguenillée qui est la nôtre. Il n'y a pas de différence fondamentale entre le "fond" et la "forme", ou, plutôt, ceux-ci s'échangent. Le "fond", selon certaines personnes, ce sont les sentiments et les actes ; la "forme", toujours selon elles, n'est qu'une simple formalité, inutile et vaniteuse. Ainsi ces personnes parées de toutes leurs vertus autoproclamées vont-elles dans la rue, sur leurs lieux de travail, à l'Opéra ou dans une exposition de peinture en baskets et en tee-shirts informes ; dès lors, elles sont désaccordées. Or, l'image pense. Pour que la Beauté soit, il est nécessaire d'avoir à la fois en soi le désir de l'infini et celui de porter d'élégants et sobres vêtements ; réponse à la réponse ; question à la question ; d'ailleurs, c'est ainsi que naît quelque véritable poème.
11:13 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Minuscules, Sur le poème | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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