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mercredi, 16 septembre 2020

Où je lis Victor Segalen

 

 

 

 

 

 

Éloge et pouvoir de l'absence

 

Je ne prétends point être là, ni survenir à l’improviste, ni paraître en habits et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne,
 
Ni répondre aux censeurs, de ma voix ; aux rebelles, d’un œil implacable ; aux ministres fautifs, d’un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles.
 
Je règne par l’étonnant pouvoir de l’absence. Mes deux-cent-soixante-dix palais tramés entre eux de galeries opaques s’emplissent seulement de mes traces alternées.
 
Et des musiques jouent en l’honneur de mon ombre ; des officiers saluent mon siège vide ; mes femmes apprécient mieux l’honneur des nuits où je ne daigne pas.
 
Égal aux Génies qu’on ne peut récuser puisqu’invisibles, — nulle arme ni poison ne saura venir où m’atteindre.
 
Victor Segalen, Stèles.
 
 
 

 

13:19 Écrit par Frédéric Tison dans Album des phrases | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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