Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 29 août 2020

Voyage en Chine (avril-mai 2019) — Notes de carnet, extraits (5)



Jeudi 25 avril 2019

[Suzhou.]

 

La cigarette électronique est tout de même très pratique, pour fumer tranquillement dans les chambres d’hôtels « non fumeur » ! Inutile, comme le fait le narrateur de Sérotonine, de briser les détecteurs de fumée en investissant les lieux…

*

Il est deux heures du matin, je me suis couché à dix heures du soir, je dors n’importe comment depuis mon arrivée. Quel étrange voyage ! Sur le papier, il apparaissait, non comme de tout repos, mais ainsi qu’une intense promenade. Or, c’est un inconfortable tourbillon, et seul le frêle et vaillant esquif qu’est ce carnet me maintient à flot, ainsi que mon autre carnet, celui sur lequel je travaille à mon futur livre, plutôt mal d’ailleurs, me contentant de griffonner longuement quelques phrases éparses qu’il me faudra reprendre.

(…)

*

La nourriture que l'on me sert dans les restaurants est toujours aussi peu appétissante. Heureusement, je me sustente lors des petits-déjeuners, à l'hôtel ; on m'y propose des mets parfois délicieux, à l'occidental. En revanche le jus d'orange est servi chaud, ou plutôt tiède ; les Chinois se méfient des boissons froides.

*

Ce matin, visite du Jardin Liu de Suzhou. Voilà sans aucun doute l’un des plus beaux, des plus raffinés des jardins qu’il m’aura été donné de contempler. Jardin sublime, et l'adjectif n'est pas trop fort. Des montagnes en miniature se contemplent dans des pièces d’eau. Des pierres rêvent. Des fleurs parlent. Un jardin de bonzaïs est un enchantement…

(…)

*

Désormais je suis dans le train pour Luoyang – seize heures de train assis ou allongé sur une couchette dans un compartiment exigu qui en compte quatre m’attendent, de trois heures de l’après-midi à sept heures du matin… Rude épreuve en perspective, d’autant que je redoute la nuit et son cortège d’insomnies.

*

Au-dessus de moi, deux Chinoises caquettent interminablement. Les bouchons d’oreille ont été inventés par un bienfaiteur de l’humanité.

*

 

[Vendredi 26 avril 2019]

 

Cela n’a pas manqué. Mille et un réveils cette nuit. Il est trois heures du matin ; encore quatre heures à tenir ; dans la nuit, par la fenêtre dont j’entrebâille doucement le rideau, j’aperçois d’innombrables immeubles d’habitation plus sinistres les uns que les autres, en vingt, trente, quarante exemplaires identiques et contigus, faiblement éclairés ça et là par des néons tristes et jaunes. La banlieue chinoise ressemble à un univers concentrationnaire.

J'ai arpenté le train tout à l'heure, et j'ai vu que certains passagers voyagent assis sur des banquettes de bois depuis tout ce temps, dans ce tortillard. Je ne suis finalement pas si mal loti, dans mon compartiment !

Mon corps épouse les soubresauts du train à chaque changement d’aiguillage.

 

(à suivre.)

 

 

06:10 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Voyage en Chine | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.