dimanche, 16 août 2020
Voyage en Chine (avril-mai 2019) — Notes de carnet, extraits (3)
[Mardi 23 avril 2019]
([Shanghai.] La nuit.)
Le Temple Yufosi est en enchevêtrement d’édifices déployés autour d’une place centrale. On y accède par des ouvertures aux formes rondes qui offrent de délicats points de vue. Le contraste avec le reste de la ville, tout de tintamarre et de gratte-ciel, est énorme. La Grande Salle des Rois célestes, de construction récente mais édifiée selon le style des anciens Ming, est une splendeur. Le boddhisattva Avalokiteshvara y siège, doré, entouré d’Immortels et de milliers de personnages, de détails, eux-mêmes entremêlés de rubans, fanions, fleurs, lampes, vases et fruits en offrande.
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Le Temple du Bouddha de jade abrite une impressionnante statue taillée à partir d’un seul bloc de cette pierre vénérée, qu’il est interdit de photographier mais dont j’ai déniché une reproduction en carte postale que je ne me suis pas privé de prendre en photographie, elle.
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Nous sommes ensuite allés flâner sur le Bund, une vaste promenade longeant la rivière Huangpu (qui ressemble davantage à un fleuve) et faisant face à de très hauts gratte-ciel, parmi lesquels de fort extravagantes constructions et la « Perle de l’Orient », cette tour de télévision bizarre, ponctuée de trois sphères. Tout cela, qui n’est pas de mon goût, est certes très impressionnant. Comme le disait L. F. Céline de New York, Shanghai est une « ville debout ».
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Scène ridicule, au restaurant pour le déjeuner : la jeune guide et une hôtesse se sont livrées à d’interminables gloses sur le choix de raviolis dans le menu, l’une ne comprenant pas correctement, à ce que j’ai cru entendre, le dialecte de l’autre, le tout sur un ton grave et préoccupé comme s’il était question de l’imminence d’une Troisième Guerre mondiale ou d’une attaque nucléaire de la Corée du Nord, si bien que la commande, et uniquement la commande, a pris quinze bonnes minutes. Le repas enfin servi, de plus, était détestable, la cuisine régionale – celle que j’ai goûtée jusqu’à présent – étant surtout bouillie et plutôt fade : il m’était à peine possible de distinguer les raviolis à la viande de ceux qui étaient composés de légumes… Tout ce que j’ai mangé pour le moment était gras et insipide.
Les bons restaurants chinois, en France, où nous dégustons de délicieux nems et autres plats de bœuf aux champignons noirs, tiennent certainement de palaces chinois où je ne suis pas encore allé. De plus, les portions servies ici sont énormes, absurdement ; je n’ai jamais pu venir à bout de plats qui conviendraient, à chaque fois, à trois personnes au moins.
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Puis ce fut la découverte du musée de Shanghai. Pour être un habitué des musées Guimet et Cernuschi, à Paris, je ne fus guère particulièrement surpris par les pièces exposées ; seule, à mon sens, la collection de peintures est exceptionnelle : ah, ces rouleaux d’encres noires et de blancheurs, ces délicats personnages déambulant, devisant, ou perdus dans l’immensité des montagnes et des lacs – ces merveilleuses nuances de gris…
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La connexion à l’Internet est épouvantable : le « wifi » est capricieux et lent, rien ne fonctionne correctement, Facebook est censuré (alors que Messenger fonctionna un temps, la messagerie semble à présent bloquée) ainsi que Google et les autres moteurs de recherche, aucune requête n’est possible et encore moins l’envoi de messages électroniques. J’ai épuisé mon forfait, sur mon téléphone portable, qui se bloque à 60 euros, en à peine deux jours et je n’ai pu envoyer que deux messages « sms ». Désormais, plus rien ne fonctionne. Vive le communisme ! Les gratte-ciel insolemment éclairés la nuit devraient ne s’illuminer que de bougies, cela serait davantage en correspondance…
(à suivre.)
10:50 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Voyage en Chine | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
Commentaires
Quel reportage détaillé et minutieux !
Écrit par : Un fervent admirateur | dimanche, 16 août 2020
Répondre à ce commentaireMerci ! Ce ne sont pourtant que de simples notes hâtives !
Écrit par : Frédéric Tison | lundi, 17 août 2020
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