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mardi, 14 novembre 2017

La saine méfiance

 

 

 

Ma méfiance grandit de jour en jour à l'égard de l'informatique : ces ordinateurs qui ralentissent inexplicablement ou presque, ces fichiers instables sur des sites numériques qui ne le sont pas moins, ces "clefs USB", ces "disques durs externes" que l'on peut briser, qui peuvent brutalement ne plus fonctionner, cette électricité, surtout, dont tout dépend, dangereusement, sont infiniment peu fiables, infiniment précaires, bien plus que l'air du temps, toujours plus ou moins optimiste, et toujours aveuglé peu ou prou, le laisse croire.

Un livre jamais fut-il en panne, un livre jamais se brisa-t-il ? Je songe souvent aux manuscrits de Nag Hammadi, qui furent découverts en 1945 et qui préservèrent une part de l'héritage livresque gnostique des Ier et IIe siècles : ce sont là des codex faits de papyrus, que menacent certes encore l'insecte, le feu et l'eau ; je me souviens des manuscrits sur parchemin du Xe ou du XIe siècles que, ganté de blanc, je feuilletais dans quelques bibliothèques, et qui semblaient si vulnérables ! Ceux-là cependant sont moins frêles que l'écran sur lequel vous lisez ces mots, Lecteur de passage ; de ceci je suis désormais certain.

 

Il reste que je ne confie cela qu'à l'Internet, car, contrairement à tout ce que j'écris, ces mots ne naquirent que par un clavier d'ordinateur.

 

 

 

18:21 Écrit par Frédéric Tison dans Autour du livre, Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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