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dimanche, 11 décembre 2016

Au Sri Lanka — Notes de carnet (16)

 

 

Dimanche 24 avril 2016 (en voiture)

 

 

C’est en voyage que nous nous apercevons que nous sommes avant tout des regards.

 

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Le trajet fut fort long, hier, et j’ai le sentiment d’avoir un peu perdu d’un temps précieux, d’autant que nous repartons maintenant dans l’autre sens, vers Colombo, la ville moderne, l'ancienne jeune capitale (J'ai appris que la capitale du Sri Lanka, que je croyais être Colombo, est en fait aujourd'hui Sri Jayawardenapura, qui se situe non loin, dans la même Province de l'Ouest. Colombo est la capitale économique seulement).

 

 

(Le soir, au Galle Face Hôtel)

 

Les Sri-Lankais ont le sourire facile et prompt, et d’une gentillesse d’autant plus grande que nous avons devant eux le souci de prononcer quelques mots dans leur langue. À Paris, il m’arrive quelquefois d’être interpellé par des touristes (des Américains le plus souvent) qui ne se donnent même pas la peine de parler français, ne serait-ce que par deux ou trois mots : « Hi, where is Notre-Dame, please ? » Je leur réponds toujours exclusivement en français ; leur est-il donc si difficile de dire « bonjour » et « merci » dans ma langue ? Au Sri Lanka, cela se dit, en cinghalais : ayubowan et istuti. Je n’ai pas eu besoin d’un long apprentissage pour retenir ces deux mots et manifester ainsi à mes hôtes – c’est-à-dire tous les Sri-Lankais – que j’étais heureux de leur accueil, et conscient que je n’étais pas ici chez moi.

 

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J’aurai vu des femmes très belles, magnifiquement vêtues, et des hommes aux très longs cils noirs, lesquels éloignent encore la clarté sombre qui anime leurs regards.

 

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Colombo tranche encore avec les villes que j’ai visitées ; voilà, après la première autoroute que j’emprunte en ce pays, une ville moderne, « occidentale » à bien des égards – ne serait-ce que par la présence de nombreux et luxueux gratte-ciels (il y a même un « World Trade Center ») et les façades néo-classiques ou néo-baroques de ses bâtiments administratifs. Ça et là bien sûr un ancien temple bouddhiste ou hindouiste s’élève. Mais j’ai surtout vu le quartier qui longe la plage et le port ; je me suis promené le long de l’Océan Indien, que je voyais pour la première fois.

Ce ne sont pas des goélands ni des mouettes qui crient dans l’air et le ciel du port et de la plage de Colombo, et se posent un peu partout, mais des corbeaux ; des ailes noires au lieu d’ailes blanches.

 

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Je ne dirai pas de moi que je suis un grand voyageur ; prince rentier, je l'eusse été davantage ; c'est la première fois que je visite une contrée hors de l'Europe. Jusqu'alors, mon plus lointain voyage était pour Saint-Pétersbourg. M'est revenue tout à l'heure la phrase de L’Œuvre au noir, que je cite de mémoire  : « Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ? » [citation exacte (ajout, en recopiant ces notes).] Ce tour, ce tour entier, je ne le ferai sans doute pas ; il n'empêche que jamais je n'ai éprouvé comme aujourd'hui, et si particulièrement, le Lointain.

 

(...)

 

 

 

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