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mardi, 20 septembre 2016

Au Sri Lanka — Notes de carnet (1)

 

 

Lundi 18 avril 2016 (quatre heures du matin, en voiture)

 

Une chaleur intense, profonde, humide, l’haleine brutale d’un four encore accentuée par de gigantesques soufflets : cette première sensation de l’air du Sri Lanka, dès les premières heures du matin, à la sortie de l’aéroport, est une épreuve douceâtre et redoutable à la fois. La terre, les murs, chaque arbre, chaque caillou sont imprégnés de cette touffeur, de cette moiteur lourde.

Voyager presque un jour entier pour atteindre, de France, le cœur du Sri Lanka, c’est aujourd’hui si banal, semble-t-il, et cependant c’est immense ; les distances matérielles semblent abolies — non pas les distances mentales.

J’arrive au Sri Lanka dans sa nuit. Dans le petit véhicule (sans jeu de mots…) qui me conduit à l’hôtel, j’aperçois des formes sombres, des silhouettes de maisons minuscules, des tas de bois fantomatiques, des affiches, des pancartes illisibles (mais je devine ces élégantes lettres bouclées qui forment l’écriture de ce pays), des bouddhas éclairés dans des niches, et souvent une véritable jungle, des arbres inconnus. Après toutes ces heures de voyage, je suis épuisé ; mais je ne puis dormir ; je voudrais déjà tout voir, tout visiter.

Je suis au Sri Lanka, je suis au Sri Lanka, me dis-je ! L’étonnante émotion d’être là, d’être là si loin.

 

***

(Plus tard)

 

Au Sri Lanka le ciel est bleu… Qu’avais-je imaginé ? Que le ciel y serait vert, les nuages jaunes, les arbres bleus ? Tout cela n’a pas changé. Mais c’est l’air, c’est la lumière qui ont changé ; je n’avais jamais vu cette lumière à la fois pâle et violente, je n’avais jamais senti cet air épicé, lourd, avec je ne sais quoi de transpirant...

L’hôtel où je viens d’arriver est splendide. Je goûte très peu l’aventure, et je n’envisage le voyage que dans la perspective de quelque halte à l’hôtel, le soir. Des nuits à la belle étoile je n’aime que l’expression, et tout ce qui a trait au camping me fait horreur, avec son cortège de contraintes matérielles plus ignobles encore que celles qui nous affligent au quotidien. Je crois qu’aujourd’hui je suis dans l’un des plus beaux hôtels que j’ai jamais habités, avec celui de l’Impératrice Zita, à Lekeitio, dans le pays basque espagnol. Je me moque du luxe, bien souvent, il ne m’intéresse pas pour lui-même ; seul m’importe ce qui est rêveur et beau, et dans un hôtel un lit propre, une table, une chaise et de l’eau chaude me suffisent amplement – et la vue, les vues par la fenêtre ou sur les terrasses. Je préfère mille fois l’hôtel de Calais, au Tréport, à un palace. Le luxe, aujourd’hui, est bien souvent vulgaire, il est à l’image de ce que nous apercevons des appartements des milliardaires américains ou saoudiens : tapageur, clinquant ; une prétentieuse laideur dorée. Or cet hôtel est à la fois beau et luxueux ; tout ici est spacieux, aéré, lisse, lumineux. Au loin, par-delà l’immense piscine, s’élève le Rocher du Lion, à Sigirîya, l’une des anciennes capitales royales de Ceylan, fondée par le roi Kassapa au Ve siècle. Sur ce Rocher, j’ai lu que l’on peut voir les ruines d’une forteresse et d’un palais.

 

***

 

Il y a de petits écureuils innombrables qui se promènent dans le parc de l’hôtel ; j’entends des cris de paons, des cris de singes, des cris de bêtes que je ne connais pas ; je suis au cœur d’une véritable ménagerie !  

 

(...)

 

 

 

Commentaires

Ah ! Un carnet de voyage, quelle bonne idée pour vos amis - et pour vous, en premier lieu, cela va sans dire !
Rassurez-vous, vous êtes plus raffiné que Boni de Castellane.

Écrit par : Denis | mercredi, 21 septembre 2016

Ah ! Vous me rassurez, cher Denis !... Heureux que ces petites notes vous plaisent. La suite, bientôt...

Écrit par : Frédéric Tison | mercredi, 21 septembre 2016

Quelle aventure ! S'agit il d'une autre planète ?

Écrit par : Un fervent admirateur | mercredi, 21 septembre 2016

Vous ne croyez pas si bien dire, ou presque !

Écrit par : Frédéric Tison | mercredi, 21 septembre 2016

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