Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 05 avril 2016

La branche d'aubépine

 

 

 

« 1er juin : Fête de Carna. »

« Le premier jour t'est consacré, Carna. C'est la déesse des gonds ; elle ouvre ce qui est fermé, elle ferme ce qui est ouvert ; tels sont les attributs de sa divinité. De qui tient-elle ce pouvoir ? La nuit des temps semblerait nous le cacher ; mais les doutes seront dissipés par mes vers. Non loin des bords du Tibre s'élève l'antique bois d'Helernus, où les pontifes vont encore aujourd'hui offrir des sacrifices. Là naquit une nymphe appelée Craniè par nos ancêtres ; de nombreux amants la recherchaient, et tous avaient été refusés. Elle parcourait les campagnes, chassait les bêtes fauves, le javelot à la main, ou étendait ses filets aux mailles noueuses à l'entrée des vallées profondes. Elle ne portait pas le carquois ; cependant on la prenait pour la sœur de Phébus, et ce n'était pas te faire injure, ô Phébé. Si quelque jeune amant lui adressait des paroles passionnées, elle répondait aussitôt : "Il y a trop de jour ici, et le jour est pour beaucoup dans la pudeur ; conduisez-moi vers quelque grotte retirée, je vous suivrai." L'amant crédule pénètre dans les profondeurs d'un antre ; la nymphe rencontre des buissons, elle s'arrête, s'y cache ; on la cherche, elle a disparu. Janus la voit ; à sa vue, il s'enflamme ; il essaie par de douces paroles d'attendrir cette inflexible beauté : la nymphe, suivant sa coutume, le prie de trouver un asile solitaire ; elle feint de le suivre, de l'accompagner ; mais bientôt le guide est seul ; on vient de l'abandonner. Mais c'est en vain, ô insensée ! Janus ne voit-il pas ce qui se passe derrière lui ? Il sait déjà où tu es cachée. C'est en vain, te dis-je, car sous la roche où tu te réfugies, il te serre dans ses bras, il te possède et s'écrie : "Pour prix de tes faveurs, pour prix de ta virginité perdue, je soumets les gonds à ton pouvoir." Et à ces mots, il lui donne une branche d'aubépine, pour écarter des portes toute funeste aventure. »

 

Ovide, Les Fastes, VI, 101-130, traduction de M. Nisard (1857)

 

 

 

06:45 Écrit par Frédéric Tison dans Album des phrases | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

Les commentaires sont fermés.