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dimanche, 11 janvier 2015

La majesté

 

 

 

J'ai aimé à lire, dans ses Mémoires, ce que le prince de Ligne écrivait de Louis XIV : il fallait au roi, pour ses promenades, « une allée bien droite de cent vingt pieds de large, à côté d'un canal qui en avait autant » ; « il ne savait pas (...) ce que c'est qu'un sentier, un ruisseau et une prairie ».

Le « plus grand des Wallons » croyait sans doute, avec son ironie légère, laisser un portrait quelque peu moqueur du roi de France, pour l'éternité des lecteurs et des livres. Bien sûr, nous pouvons encore en sourire, si nous aimons autant les sentiers, les ruisseaux et les prairies que les grands espaces aimés du Roi-Soleil. Mais ce qui, dans les mots du prince, retient l'attention, aujourd'hui, c'est certainement l'amour de la grandeur, qui semble perdu dans l'esprit de nos puissants : loin (ou auprès) de l'inévitable nostalgie d'un Passé qui a toujours, si peu que ce soit, la couleur de l'exotisme, je vois dans le sentiment de la grandeur ce qui manque, cruellement ou confusément, à nos contemporains. La médiocrité, certes, fut autant le lot des monarchies abolies que celui de nos démocraties satisfaites d'elles-mêmes (et sans doute n'est-ce pas la nature du régime politique qui est en cause, mais son esprit, selon les hommes qui l'incarnent). Aussi bien, ce qui manque, c'est le frisson de l'immense, et de la majesté, aurore ou présage de la beauté, dont Versailles ou les jardins de Le Nôtre furent l'image accomplie, temporelle à nos yeux, mais désormais l'une des possibles parmi les plus fécondes, les plus évidentes et les plus belles.

 

 

 

  Michel-Richard Delalande (1657-1726),
Symphonies pour les Soupers du Roy, extrait.

 

 

18:57 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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