lundi, 29 septembre 2014
Lire le poème
« [Edgar Degas] racontait (...) que Mallarmé ayant lu un sonnet devant quelques disciples, et ceux-ci, dans leur admiration, voulant paraphraser le poème, l'expliquaient chacun à sa façon : les uns y voyant un coucher de soleil, les autres le triomphe de l'aurore ; Mallarmé leur dit : "Mais pas du tout... C'est ma commode."
Il paraît que Degas alla jusqu'à raconter cette histoire devant son héros, dont on dit qu'il sourit de l'entendre, mais d'un sourire un peu nécessaire.
J'ajoute que l'anecdote elle-même me semble peu vraisemblable. Mallarmé, à ma connaissance, ne lisait jamais ses vers devant témoins. Il m'a bien lu le "Coup de Dés" en 1897 ; mais c'était dans le tête-à-tête, et l'extraordinaire nouveauté de cet ouvrage lui a paru, sans doute, justifier une expérience directe de son effet. »
Paul Valéry, Degas Danse Dessin (1938).
14:59 Écrit par Frédéric Tison dans Album des phrases | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
Commentaires
Anecdote vérifiée, inventée ou invraisemblable ... La joie de l'imaginer demeure intacte tant E. Degas et F. Mallarmé nous réjouissent de ce qu'ils offrent à notre patrimoine d'une culture belle et intelligente.
Merci cher Monsieur Tison pour ces mots de Paul Valéry.
Bien à vous, en toute amitié,
Valérie.
Écrit par : Valérie T. | lundi, 29 septembre 2014
Ce livre est une mine de pépites plus brillantes et intelligentes les unes que les autres. Merci à vous de votre intérêt, chère amie.
Écrit par : Frédéric Tison | mardi, 30 septembre 2014
J'ajoute que là réside (presque) toute idée de lecture orale, et de partage tout aussi bien. Pour ma part je me souviens de Belfort. Il est vrai que ce fut une occasion rare. Quand je mesure le pour et le contre, à la lecture de cet extrait, je ne peux me décider, l'un et l'autre me semblant de nature à définir la présence du poème (je n'ose dire de la poésie) dans notre monde rapide et oublieux.
https://www.youtube.com/watch?v=B1oCJYuUDHw
Écrit par : Frédéric Tison | mardi, 30 septembre 2014
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