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mardi, 05 août 2014

Ce qui manque

 

 

 

 

Les livres d'histoire ne sont jamais assez précis. Le lecteur que je suis est souvent frustré quant à certains détails qui, au fur des narrations de guerres, de rivalités, de maîtresses royales, sont laissés dans l'ombre. Il est vrai que les historiens comme les archéologues sont souvent confrontés à des documents qui passent volontiers sur des choses quotidiennes ou triviales, leurs auteurs ayant négligé de nous en entretenir. (Il est vrai également que nous ne saurons jamais comment les hommes de la Préhistoire faisaient pour se couper les ongles...) En lisant sa passionnante Histoire des rois francs, il y a peu, je notai que Grégoire de Tours, qui raconte des faits dont il est le contemporain, et même l'acteur, fait allusion, au détour d'une phrase, à des pratiques ou des regards qui avaient lieu alors et à propos desquels il lui est naturel de ne rien approfondir, si tout cela, de son temps, allait de soi : ainsi de la chevelure des seigneurs mérovingiens, chevelure qu'ils portaient longue afin de se distinguer du peuple ; ainsi du bouclier sur lequel les rois étaient élevés par les chevaliers pour parader ; mais nous n'en saurons guère plus : Grégoire de Tours ne nous apprend pas de quoi étaient faits les repas de ses contemporains, ni en quoi consistait leur hygiène, la façon dont ils se vêtaient exactement, de quels objets ils s'entouraient. Peut-être Frédégaire, dont j'ai feuilleté seulement la Chronique et que je m'apprête à lire, nous en apprend-il davantage sur ces sujets à la fois mineurs et essentiels, mais j'en doute... 

 

Les Ve, VIe, VIIe et VIIIe siècles sont (me sont) décidément étranges : je ne parviens pas à les saisir en pensée, même faussement ; je ne me représente que très mal leur image, contrairement à d'autres époques du passé dont cependant je dois, sans doute, me faire une image elle-même faussée, mais qui peut être saisie partiellement ; je veux parler de choses banales, mais qui disent beaucoup, l'amphore grecque, le miroir en bronze romain, ou la chaussure poulaine des XIVe et XVe siècles français...

 

Eux (ces quatre siècles) sont peut-être le "vrai" Moyen Âge, l'obscur, celui où l'on tâtonne, tandis que le IVe siècle était encore grec et romain, selon sa civilisation, et que le IXe siècle, et tous les siècles suivants, nous ont laissé des traces dont les musées portent témoignage.

 

 

18:25 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge | Lien permanent | Commentaires (4) |  Facebook |

Commentaires

Concernant cette période, j'ai lu récemment et avec beaucoup de plaisir le "Naissance de la France, le monde mérovingien" de Patrick Geary (Champs Flammarion). Je vous le conseille.

Écrit par : Denis | mardi, 05 août 2014

J'ai commencé par les sources mais vous avez raison de m'orienter vers cet ouvrage que je vais lire de ce pas. J'espère qu'il évoque Frédégonde la cruelle, qui me passionne ! (Grégoire de Tours est mort avant elle, c'est un insoutenable suspense !) Je suis heureux de partager cela avec vous, cher Denis.

Écrit par : Frédéric Tison | mardi, 05 août 2014

Oui, les Frédégonde abondent - si j'ose dire - dans ce bel ouvrage d'histoire, tout comme, les Childéric et les Ranulf...

Écrit par : Denis | mercredi, 06 août 2014

Ah oui ! J'ai un faible, également, pour Bérulphe et Gondovald.

Écrit par : Frédéric Tison | mercredi, 06 août 2014

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