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jeudi, 15 août 2013

Être la rose

 

 

Celui qui se soucie du poème aujourd'hui ne peut que constater ceci : la poésie a très peu d'interlocuteurs, et le poème, qui est son apparition dans le langage, parfois, gît dans la marge — il est pour ainsi dire dans les limbes, si le latin limbus indique la marge, la frange, le lieu indistinct où quelque chose veille et patiente. Est-il question du poème ou de la poésie que c'est rarement d'eux que l'on parle, mais plutôt de leurs caricatures ou de leurs masques jolis. C'est qu'ils semblent de trop ; leur présence est l'importune, la futile ou l'ignorée, selon. Cependant elle rappelle irrésistiblement l'histoire du sage Abdulkadri, à Bagdad, au XIe ou XIIe siècle, je ne sais plus, je n'ai pas ma source sous la main : lorsque Abdulkadri entra pour la première fois dans la ville de Shéhérazade, les cheikhs bagdadis, envieux et jaloux de son savoir, lui firent envoyer un verre d'eau rempli à ras bord, lui signifiant là qu'il n'y avait plus de place pour un autre homme de savoir dans la ville. Abdulkadri déposa délicatement un pétale de rose sur l'eau, sans renverser une seule goutte, et renvoya le verre.

 

 

 

11:28 Écrit par Frédéric Tison dans Minuscules, Sur le poème | Tags : frédéric tison, abdulkadri, poème, poésie | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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