mardi, 25 octobre 2016
Au Sri Lanka — Notes de carnet (6)
Mercredi 20 avril 2016 (le soir) [suite]
J’ai feuilleté quelques siècles en arrivant à Polonnaruwa – c’est encore un très grand site, peut-être de la taille de la ville sainte d’Anurâdhapura. Des ruines du palais royal du XIIe siècle [construit par le roi Parakramabahu le Grand (1123–1186)] sont remarquables l’ancienne salle d’audience ornée de gracieux bas-reliefs (hélas très abîmés, rongés par les mousses et l'humidité), les vestiges du palais lui-même et les temples et les stupas qui l’entourent, où siègent des bouddhas de pierre magnifiques, qui nous regardent, ou plutôt nous traversent de leurs regards. Il y a aussi un temple dédié à Shiva. Dans une sorte de clairière, le site dit de Gal Vahariya, une succession de trois bouddhas sculptés, de grande dimension, accolés à une petite paroi, est splendide ; le premier médite, assis ; le deuxième est debout, les bras croisés, dans l'attitude de l'illumination ; le troisième, allongé, a atteint le parinirvâna, le nirvâna parfait, ineffable.
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Le sentiment éclatant, ici, de la nudité des animaux.
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Sont prohibés, au Sri Lanka, ces ridicules autoportraits que l’on nomme selfies (même en France !) faits en compagnie d’une statue ou d’une image du Bouddha ; et pourtant, quelques touristes transgressent cette interdiction, qui se font heureusement vertement réprimer ; N. [le guide qui m’accompagne] fait même effacer cette image sacrilège de l’appareil photographique de l’un de ces touristes, pris en flagrant délit de sottise et d’irrespect.
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Curieusement, cette touffeur qui ne cesse pas et qui m’étourdit parfois semble dans le même temps me protéger de toutes les maladies du monde, de toute son hostilité – comme si le corps n’avait plus peur, derrière l’invincible écu de la chaleur… Je suis dans une forme réellement éblouissante, j’ai l’impression de danser, toujours !
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On attribue au lieu ce qu’on oublie bien souvent d’attribuer au temps (à l’instant, au moment) : l’unicité – celle de notre présence ici, dans cette ville-là, dans ce pays-ci, tandis que nous sommes aussi dans ce temps-là – pour jamais, une seule fois, notre présence dans l’instant qui ne reviendra pas.
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06:10 Écrit par Frédéric Tison dans Crayonné dans la marge, Voyage au Sri Lanka | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
Commentaires
Magnifique récit de voyage, qui nous transporte, le temps de sa lecture, bien loin d'ici ! Merci beaucoup, cher Poète !
Écrit par : Madame Uke | mardi, 25 octobre 2016
Ce ne sont que des notes hâtives, mais merci beaucoup de votre fidélité, chère Madame !
Écrit par : Frédéric Tison | mardi, 25 octobre 2016
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